L’Ordre des Servites de Marie (OSM) est un ordre mendiant de droit pontifical né à Florence en 1233 et ayant une dévotion particulière pour Notre-Dame des Douleurs. Maria Valtorta, en tant que tertiaire de l’OSM était accompagnée par des religieux de cet ordre, dont le père Romualdo Maria Migliorini (1884-1953), puis le père Corrado Maria Berti (1911-1980). Ce dernier sera le témoin privilégié des péripéties du Poème. Deux ans avant sa mort, il écrit un témoignage sous serment dans lequel il expose les évènements vécus. Voir le scan du document original (pdf). Il s’agit d’une pièce capitale pour comprendre l’histoire de cette révélation privée.
Voici la traduction française de ce témoignage (effectuée par François-Michel Debroise) :
Résumé des évènements relatifs aux écrits de Maria Valtorta
Les notices biographiques de Maria Valtorta semblent suffisamment illustrées par le dossier ci-joint.
En 1944 et 1946 : Valtorta confie, des documents spirituels et ses écrits à l’Ordre des Servites de Marie, dont elle était la tertiaire pour qu’il les garde et les fasse imprimer et diffuser avec l’approbation de l’Église. Par la suite, elle réitère officiellement cette volonté. L’Odre s’occupe de ces écrits, en particulier le P. M. Romualdo Migliorini, le P. Gabriel M. Roschini, le P. Corrado M. Berti et un groupe de collaborateurs. 1947 – Sur les conseils de Monseigneur Carinci et du Père Bea, douze volumes des manuscrits dactylographiés de Maria Valtorta sont transmis au Pape Pie XII. Le Pape en prend personnellement connaissance.
1948 : Le 26 février, le Pape Pie XII, reçoit le P. Migliorini, le P. Berti et le P. Cecchin, des Servites de Marie en audience spéciale et dit : “Publier cette œuvre tel quel” sans rien enlever.
1949 : Le Saint-Office convoque le P. Berti et lui ordonne de remettre les manuscrits et les dactylographies. Il conserve tout : le Saint-Office ordonne de ne pas les publier sous peine de placement à l’Index. Le P. Berti n’est pas autorisé à s’exprimer.
1950 : Maria Valtorta, avec appréhension, mais confiante dans les paroles de Pie XII conclue un contrat en bonne et due forme avec les éditions Michele Pisani.
1956 – 1959 : Sortie de la première édition, sans notes et très imparfaite, de la vie de Jésus intitulée provisoirement : Le Poème de l’Homme-Dieu.
Le 6 Janvier 1960 : le Saint-Office place cette œuvre à l’Index des livres prohibés, non pour des erreurs doctrinales, mais en raison de la désobéissance à l’ordre donné en 1949.
1963 : Mgr Macchi, secrétaire du Pape Paul VI dit au P. Berti, au cours d’une rencontre, que Le Poème ci-dessus n’est pas l’Index.
1960 – 1967 : Sortie, en dix volumes annotés, et fidèles aux originaux, de la deuxième édition du “Poème de l’Homme-Dieu.”
1961 : Le Saint-Office, autorise cette deuxième édition.
1966 : Paul VI supprime l’Index.
1969 – 1977 : Publication de trois écrits spirituels et de l’autobiographie de Maria Valtorta.
1978 : Restent inédits : de façon certaine, 282 chapitres spirituels. Peut-être une copieuse correspondance. Peut-être un recueil de témoignages aussi bien de personnalités du Saint-Office que de laïcs.
Pendant ce temps, les écrits publiés de Maria Valtorta se sont largement diffusés en Italie et partout il y a des prêtres qui ont étudié à Rome et des émigrés italiens. De nombreuses traductions sont effectuées ou prévues. Certains volumes déjà publiés.
Rome – 8 décembre 1978
SOLENNITÉ DE L’IMMACULÉE CONCEPTION
COLLEGIO INTERNAZIONALE
S. ALESSIO FALCONIERI
DEI SERVI DI MARIA
Viale Trenta Aprile, 6 – 00153 ROMA
Tel. 58.90.441
Maria Valtorta (1897-1961) La vie de Jésus intitulée Il Poema del Uomo-Dio et autres écrits mystiques.
Exposé
1. Notes biographiques
Pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur Maria Valtorta, des notes biographiques à son sujet sont suffisamment disponibles dans son Autobiographie (traitée brièvement dans le §12, ci-dessous). En outre, on peut lire l’article de Renzo Allegri, qui figurait dans le numéro du 26 août 1978 de la revue italienne Gente, pp.52-57. Il est remarquablement bien fait. Ses imperfections ne sont que marginales. Enfin, on peut lire le volume plus détaillé sur la personne et les écrits de Maria Valtorta, rédigé et publié par le Dr Emilio Pisani, en 1976, pp.46.
2. L’Ordre des Servites de Marie
En 1944 et 1946, Maria Valtorta, infirme, a confié ses écrits spirituels, et plus tard des documents juridiques, à l’Ordre des Servites de Marie, dont elle était une tertiaire, de sorte qu’ils puissent les conserver, les faire imprimer et les diffuser, avec l’approbation et la bénédiction de l’Église, à laquelle elle était très attachée.
L’Ordre des Servites de Marie s’était lui-même occupé de ses écrits, notamment par le biais de trois de ses prêtres : le P. Romualdo M. Migliorini, directeur spirituel pendant quatre ans, de Maria Valtorta, alors infirme, et qui a dactylographié ses écrits ; le P. Corrado Berti, qui en a écrit les notes théologiques, et le P. Gabriele M. Roschini, qui a écrit un ouvrage intitulé : La Vierge Marie dans les écrits de Maria Valtorta, précédé d’une introduction intéressante sur le phénomène.
“Ces deux derniers prêtres étaient professeurs à Rome, à “Marianum”, Faculté Pontificale de théologie.
Certains prêtres de l’Ordre ont administré les saints sacrements à Maria Valtorta. D’autres ont aidé le Père Berti, qui était entre-temps devenu âgé et souffrant.
3. Sa sainteté, le Pape Pie XII
Comme les écrits de Maria Valtorta se présentaient comme émanant de visions surnaturelles et des dictées, le Père Corrado M. Berti, déjà cité, a pris conseil de deux personnes très expérimentées : S.E. Mgr. Alphonse Carinci, secrétaire de la Sacrée Congrégation des Rites, et vicaire pour les Causes des Saints, et Mgr Augustin Bea, SJ, confesseur du pape Pie XII et Recteur et professeur de l’Institut biblique pontifical de Rome. Les deux lui conseillèrent de dactylographier des copies de ces écrits et de les transmettre à Sa Sainteté le Pape Pie XII, par le biais d’un prélat de la secrétaire d’État.
Pie XII pris personnellement connaissance de ces écrits, comme j’en ai eu l’assurance du porteur lui-même du texte dactylographié. Et le 26 Février 1948, le Souverain Pontife reçu en audience spéciale – attestée par L’Osservatore Romano de ce jour – le P. Corrado Berti accompagné de deux confrères : le P. Romualdo M. Migliorini, ex-préfet apostolique en Afrique, et le Père Andrea M. Cecchin, prieur de l’Ordre international des Servites de Marie à Rome, et [le Pontife] prononça les paroles suivantes in extenso : “Publier ce travail comme il est, celui qui lira comprendra.” Et il ajouta : “On entend parler de tant de visions et de révélations, je ne dis pas que toutes sont vraies, mais certaines d’entre elles pourrait être vraies”.
Le Père Berti demanda au Pape si l’on devait retirer les mentions : “visions” et “Dictées” [du poème avant de le publier]. Et il répondit que rien ne devait être enlevé. Dès que les trois prêtres furent sortis de l’audience papale, ils s’arrêtèrent dans les escaliers et écrivirent sur un papier les mots in extenso du pape, afin de ne jamais les oublier.
Mgr Giovanni Pepe, né en 1880.
Voir l’article qui lui est consacré sur Club Amici Valtortiani (en italien).
4. Le Saint-Office
Mais, en 1949, le Saint-Office, dont le cardinal Alfredo Ottaviani fut, par la suite, le secrétaire, et Mgr. Pietro Parente l’assesseur, convoqua le procureur général de l’Ordre des Servites de Marie et le Père Corrado M. Berti, considéré comme l’instigateur principal.
Mgr. Pepe et le Père Berruti, OP, responsables du Saint-Office, lurent le jugement [du Saint-Office] et voulurent que le Père Berti le signe.
Avec cette décision, ils commandèrent au Père Berti de remettre au Saint-Office tous les manuscrits et copies dactylographiées de Maria Valtorta dans le but évident de les détruire ou de les garder enfermés à jamais : “Ici, ils resteront comme dans un tombeau”, déclara Mgr. Pepe.
Le Père Berti remit tous les documents dactylographiés en sa possession, mais il ne put livrer les manuscrits, conservés par l’écrivain [Valtorta], ni livrer toutes les copies dactylographiées [certaines étaient] possédées par d’autres personnes qui ne voulaient pas s’en séparer.
En outre, et enfin, le Saint-Office interdit la publication de l’ouvrage, menaçant de le mettre à l’Index en cas d’éventuelle publication.
Le Père Berti ne put révéler au Saint-Office les paroles dites par le pape Pie XII en audience, car il ne fut pas autorisé à parler. Il fut seulement autorisé à écouter et à signer le jugement, sans commentaires. Telles étaient les méthodes de l’époque avant le Concile [Vatican II].
Le Saint-Office, cependant, fut clément envers l’infirme Maria Valtorta et ne lui a pas signifié le jugement.
Elle le sut nécessairement par le Père Berti, et en fut bouleversée. Son état s’aggrava.
5. Tentatives de recours
Pour consoler Maria Valtorta – -dont l’état s’aggravait – le Père Berti lui fit remarquer que le Pape était au-dessus du Saint-Office, et que la parole du Pape (“Publiez-la”) était d’une plus grande valeur que celle du Saint-Office : “Il est interdit de la publier”). Mais l’écrivain [Valtorta] resta perplexe et craignit la mise à l’Index et l’excommunication.
Par conséquent, elle désira et demanda un pourvoi, pour que la sentence du Saint-Office soit révoquée.
Quelques-uns firent appel auprès de cette Congrégation, mais en vain. La réponse fut : “Id quod prius melius”. En d’autres termes: “Laissez reposer ce qui a été décidé avant.”
Maria Valtorta exprima alors le souhait que l’appel soit tenté auprès du Saint-Père lui-même, Pie XII, lui qui, en 1948 avait dit “Publier-la”.
Mgr. Alphonse Carinci, archevêque, secrétaire de la Sacrée Congrégation des Rites, ami, protecteur, admirateur de la personne et des écrits de Maria Valtorta, alla plus d’une fois lui rendre visite et lui promis un appel au pape et certifia par écrit ce que le Pape avait décidé en audience.
Quand le Père Bea, SJ (mentionné ci-dessus), vit et lut l’attestation de Mgr. Carinci, il voulut rédiger la sienne, très favorable, dans lequel il comparait Valtorta à la mystique Anne-Catherine Emmerich.
Après le Père Bea, Mgr. Lattanzi, doyen de la Faculté de théologie de Latran et consultant auprès du Saint-Office, écrivit également une attestation favorable, de même que Camilo Corsanego, conseiller juridique, doyen des conseillers consistoriaux pour le Saint-Siège et professeur au Latran.
Toutes ces attestations furent jointes à celle du Père. Gabriel M. Roschini, OSM, mariologue renommé de “Marianum”, la Faculté pontificale de théologie du Latran.
Mgr. Carinci voulut présenter au Saint-Père Pie XII, des photocopies de ces attestations lors d’une audience. Mais une telle audience n’eut pas eu lieu en 1950, étant donné le surcroit de travail causée par l’Année Sainte.
6. Publication de la première édition de la vie de Jésus, intitulée Le Poème de l’Homme-Dieu
En attendant, les mois passaient et le Père. Gabriel M. Roschini, OSM, consultant auprès du Saint-Office, qui connaissait Maria Valtorta et était un admirateur de ses écrits mystiques, déclarait avec insistance au Père Berti : “Allez à la maison d’édition Pisani !”
Comme entre temps le P. Roschini avait été nommé au Saint-Office, le Père. Berti pensa que le Dicastère était devenu favorable à la publication [du Poème].
Aussi, alla-t-il un jour à Isola del Liri, dans la province de Frosinone, où il rencontra M. Michele Pisani, propriétaire de la maison d’édition, qui, après s’être rapidement familiarisé avec Maria Valtorta, à qui il rendit visite, et avec ses écrits, décida de les imprimer.
Le P. Berti craignait le Saint-Office. Maria Valtorta en était terrifiée et ne voulait pas prêter les documents dactylographiés et donner l’autorisation de les imprimer. Mais elle décida ensuite de conclure un contrat type avec Michael Pisani, qui déclara, une fois de plus, qu’il n’avait aucun doute sur l’issue des travaux, encouragés en cela par ses amis.
La première édition de La Vie de Jésus sortit ainsi, intitulée, dans l’intervalle, Le Poème de l’Homme-Dieu, mais sans aucunes notes [théologiques], sans aucune introduction, avec une typographie modeste, et en quatre volumes trop volumineux. Mais tout cela fut publié en 1959.
7. Mise à l’Index des livres prohibés
Mais le Saint-Office n’avait pas oublié son commandement : l’interdiction et la menace prononcée en 1949. Et le 6 Janvier 1960, le Saint-Office mis la première édition du Poème… à l’Index des livres prohibés.
L’Osservatore Romano, dans un article de ce jour, justifiait la condamnation précitée, non pas pour des erreurs doctrinales, mais pour le délit de désobéissance. Mais en vérité, il n’y avait aucune désobéissance, puisque le pape Pie XII, en 1948, avait dit : “Publiez [l’œuvre]”, et que seul le Bureau du Saint Office, à qui elle avait été soumise, avait étrangement interdit sa publication.
Cela étant, la première édition se propagea, fut appréciée, et de nombreux lecteurs y sentaient la main de Dieu.
8. Seconde édition du “Poème de l’Homme-Dieu”
M. Michele Pisani ne fut pas impressionné par la mise à l’Index de la vie de Jésus précitée. Mais se sentant quelque peu vieilli et souffrant, il confiait la tâche de publier les écrits de Maria Valtorta à son fils, le docteur Emilio Pisani, un juriste, à ce moment-là dans la fleur de l’âge.
C’est alors que les éditions Pisani, avec une confiance totale en l’aide de Dieu et dans l’avenir, concevait et décidait la publication d’une deuxième édition du poème, avec une meilleure couverture, un meilleur papier, une typographie plus moderne et plus claire, et dans des volumes moins épais. En outre, le Dr Emilio demandait au Père Berti de fournir pour la nouvelle édition, des notes explicatives sur les passages les plus difficiles, et pour souligner les fondements bibliques de l’Œuvre. L’édition fut aussi illustrée par Lorenzo Ferri, sous la direction personnelle de Maria Valtorta.
Ainsi, cette œuvre sur l’Évangile, en dix beaux volumes, muni d’une introduction et de notes, sortit de manière attrayante pour tous.
Le Père Gabriel M. Roschini, mentionné précédemment. consultant du Saint-Office, répétait à l’envi qu’une telle nouvelle édition ne pouvait plus être considérée comme mise à l’Index, puisque totalement renouvelée, conforme en tout à l’original, et qu’elle fournissait des notes qui supprimaient la moindre ambiguïté et démontraient l’orthodoxie de l’ouvrage.
9. Tentative d’entrevue avec le Pape Paul VI
Le P. Berti était néanmoins toujours inquiet et très anxieux de la mise à l’Index du Poème, même si ce n’était que pour la première édition.
Conscient d’avoir dépassé la première décision et confiant dans la sûreté de la deuxième édition, il demandait une audience à Mgr Pasquale Macchi, secrétaire privé, fidèle et dynamique, du pape Paul VI. (1963).
Mgr. Macchi tint une conversation cordiale avec le Père Berti pendant environ une heure au cours de laquelle, avec un vif étonnement, il a été dit et répété que l’œuvre (de Maria Valtorta) n’était pas à l’index et que le pape [Paul VI], quand il était archevêque de Milan, avait lu un des volumes, l’avait apprécié et a envoyé l’ensemble de l’ouvrage au Séminaire [de Milan].
Le secrétaire accepta les différents volumes de la deuxième édition, qui était sortie entre temps, mais après quelques jours, il les retourna diplomatiquement au Père. Berti avec une note dans laquelle il suggérait que [le P. Berti] lui-même les envoie à la secrétairerie d’État, dans le cas où il voudrait rencontrer Sa Sainteté en personne. C’est ainsi que se sont évaporés le désir et le projet d’une entrevue avec Paul VI.
10. Le Saint-Office autorise la deuxième édition
En Décembre 1960, le Père. Berti fut appelé au Saint-Office où il fut très aimablement reçu par le Père Marc Giraudo, OP, commissaire de cette Congrégation.
Le P. Berti, voyant que cette fois, il pourrait dialoguer calmement, il relatait au commissaire les mots (“Publiez [l’œuvre]”) prononcés en audience par le pape Pie XII en 1948, et lui apportait la photocopies des attestations sur la vie de Jésus [c.à.d. Le Poème…] par Maria Valtorta. Trois de ces attestations s’avéraient être établi par les consultants du Saint-Office : celle du Père. [Plus tard, cardinal] Bea, SJ, celle de Mgr. Lattanzi et celle du Père. Roschini, OSM.
Le Père Giraudo, qui ignorait tout des paroles de Pie XII et des attestations de ces trois personnages du Saint-Office lui-même, reçut plusieurs fois le P. Berti par la suite. Après avoir consulté ses supérieurs et réfléchit sur les attestations, il prononça ces paroles : “Continuez à publier cette seconde édition Nous allons voir comment le monde la reçoit”.
Et c’est ainsi que Le Poème est sorti, et continue à sortir, non seulement par ordre de Pie XII, mais aussi avec l’approbation du Saint-Office (1961).
11. Suppression de l’Index des livres prohibés
Mais en 1966, le Pape Paul VI, qui a poursuivi le Concile œcuménique Vatican II jusqu’à son achèvement, a effectué la réforme de la liturgie romaine, profondément renouvelé la Curie, y compris le Saint-Office, a aussi réalisé l’acte courageux de suppression de l’Index des livres prohibés sur lequel Le Poème écrit par Maria Valtorta avait étrangement été placé. C’est ainsi que, à partir de 1966, Le Poème… se trouva libre de toute sanction ecclésiastique.
C’est peut-être à cet acte [papal], connu de lui seul à l’époque, auquel Mgr. Macchi pensait, quand, dans son entrevue, il a affirmé au P. Berti que Le Poème n’était pas à l’Index.
Certains lecteurs ont émis l’hypothèse que Paul VI avait supprimé l’Index afin de libérer Le Poème d’une manière digne. Mais on ne sait pas si cette hypothèse, qui n’est pas impossible, est fondée. Il est donc sage de ne pas la donner comme certaine.
12. Les écrits de Maria Valtorta en 1978
Le premier ouvrage publié était la vie de Jésus. Il était initialement intitulé : L’Évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ, comme il a été révélé au petit Jean. Ce nom de “petit Jean” établissait un rapprochement entre Maria Valtorta et Jean, le grand apôtre et évangéliste, et en même temps la distinguait de lui, indiquant simultanément son humilité et son infériorité. Mais ce titre semblait plutôt un peu imprudent à Maria Valtorta qui en avait imaginé divers autres sans se satisfaire d’aucuns d’eux.
Par la suite, le grand médecin, professeur Nicholas Pende, admirateur de Valtorta et de ses écrits, a suggéré le titre de “Poème de Jésus”. Mais puisque ce titre existait déjà pour une petite composition poétique, et que son auteur avait protesté, [le titre] fut retouché par le P. Berti en : Le Poème de l’Homme-Dieu. Ainsi formulé et retouché, il a convenu à Maria Valtorta elle-même qui l’a approuvé et fait sien.
Deux éditions, très différentes, de cette vie de Jésus [Le Poème…] ont été publiées. La première, imprimée en 1956-59 [comme indiqué ci-dessus], était très modeste : quatre volumes trop épais, sans une introduction, dépourvue des notes les plus prudentes. Elle était imparfaite, même en ce qui concerne le texte, parce qu’il ne reproduisait pas directement le manuscrit Valtorta, mais une copie dactylographiée très infidèle et incomplète. Ce fut l’édition qui a rencontré les difficultés décrites ci-dessus.
La deuxième édition, fut imprimée, sous la direction du Dr Emilio Pisani, dans les années 1960-67 en dix volumes maniables, rédigés sur la base d’une comparaison stricte avec le manuscrit original de Maria Valtorta et fournis avec des milliers de notes théologiques, en particulier bibliques, préparées par des années de travail intense du Père. Corrado M. Berti de l’Ordre des Servites de Marie, professeur à “Marianum”, la Faculté pontificale de théologie à Rome.
Cette deuxième édition est celle qui n’a rencontré aucune difficulté, mais avait été autorisé en 1961 par le Saint-Office lui-même (qui s’appelle maintenant la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi), comme cela a été relaté ci-dessus dans ces pages au §10.
Cette édition a été réimprimée plusieurs fois. En considérant ces rééditions, ceux qui ne tiennent pas compte qu’il faut une réécriture pour parler de nouvelle édition, parlent le plus souvent d’une troisième et d’une quatrième édition.
Le second ouvrage doctrinal imprimé (1972), et jusqu’à présent dans une édition unique, mais bien diffusée et appréciée, est le Livre d’Azarias. Ce volume a été à l’origine intitulé “Messes angéliques”, c’est-à-dire dimanches et messes festives, éclairées sous la dictée d’Azarias, l’ange gardien de Maria Valtorta selon ce qu’elle dit. Mais pour exclure la possibilité d’interprétation erronée, à savoir que les anges célèbrent la sainte messe comme le font les prêtres sur la terre, parmi les différents titres potentiels, et après réflexion et de prière, le titre Le Livre d’Azarias a été choisi, par déférence pour l’ange à qui Maria Valtorta a attribué la Dictée.
Le troisième ouvrage doctrinal publié, et compris dans un volume épais de 800 pages, a été édité en 1976 et intitulé par l’éditeur, le Dr Emilio Pisani : Les Cahiers de l’année 1943, précisément parce qu’il contient tous les Dictées écrites par Valtorta en 1943. Le Poème, au contraire, contient des “visions” et des “dictée” écrites surtout entre 1944 et 1947.
Le quatrième ouvrage doctrinal, de 300 pages, édité en 1977, porte le titre donné par Valtorta elle-même : Leçons sur l’Épître de Paul aux Romains. Maria Valtorta a écrit ces leçons entre 1948 et 1950, sous la dictée, dit-elle, de son doux hôte ou son Auteur Très Saint, qui est, le Saint-Esprit. Le volume est pourvu d’un index très utile des sujets, comme c’est le cas des Cahiers de l’année 1943.
À ces quatre ouvrages, déjà publiés et attribués par Maria Valtorta à visions et des dictées surnaturelles, il convient d’ajouter son Autobiographie, composé par Maria Valtorta, en 1943, avec son seul talent d’auteur pour obéir à une demande de son directeur spirituel. Le volume, d’environ 450 pages, a été publié en 1969.
13. Traductions
Seul, à ce jour, l’œuvre majeure, Le Poème, a été traduit en espagnol, français, allemand. Une traduction espagnole en un seul volume est sortie, qui rassemble deux volumes de l’original italien.
Il a également été publié un florilège en japonais, qui s’est vendu à plus de 8000 exemplaires en quelques semaines.
Enfin, à l’heure actuelle, il y a eu un volume publié en portugais, avec l’Imprimatur. qui rassemble la Passion, la Mort et la Résurrection de Jésus.
D’autres traductions sont prévues ou en cours de préparation, bientôt sortiront quelques volumes en français.
L’original [italien] de l’ouvrage de Maria Valtorta est déjà largement répandu dans le monde, par l’entremise de quelques bons prêtres venus étudier à Rome et [aussi] par les Italiens qui ont émigré par millions et se sont éparpillés un peu partout dans le monde.
14. Les écrits inédits de Maria Valtorta (1978)
Il reste encore à publier les Visions et les dictées, des années 1944, 1945, 1946, 1947 et 1953. Parmi ces visions, sont celles des martyres des divers saints, dont certains connus, d’autres. Inconnus ou discutés.
Ensuite, comme cela a été fait pour sainte Catherine de Sienne afin de mieux connaître la personne, il reste peut-être à publier près de 2.000 pages de lettres écrites par Maria Valtorta à diverses personnes, et par eux à elle.
Enfin, de nombreuses attestations pourraient être publiées (une centaine de pages ou environ) sur la personne et les écrits de Maria Valtorta. Certains d’entre eux sont d’une grande valeur, comme ceux du Père. [Cardinal] Augustin Bea, SJ, de Mgr. Hugo Lattanzi, Mgr. Alphonse Carinci, Fr. Gabriel M. Roschini, et certains scientifiques autres laïcs.
15. Conclusion
Je connaissais Maria Valtorta dès 1946, et, compte tenu du fait qu’elle a vécu assez proche de ma mère, je l’ai souvent rencontré, au moins une fois par mois jusqu’à l’année de sa mort en 1961.
J’ai lu et annoté (par moi-même de 1960 à 1974, avec l’aide de quelques confrères à partir de 1974) tous les écrits Valtorta, publiés et inédits.
Je peux certifier que Valtorta n’a pas pu, par sa propre industrie, posséder la vaste érudition, profonde, claire et variée qui se manifeste dans ses écrits. En fait, elle ne possédait, et parfois les consultait, que le Catéchisme de Pie X, et une Bible populaire ordinaire [italienne].
Maria était une femme humble et sincère, nous pouvons donc accepter l’explication qu’elle a elle-même fourni au sujet de ses connaissances – elle les attribue à ses visions et ses dictées surnaturelles, – en plus de son talent naturel d’écrivain. C’est aussi l’opinion de Mlle Martha Diciotti qui a aidé Valtorta depuis 30 ans, et qui aujourd’hui reçoit tant de visiteurs dans la petite chambre [de Maria Valtorta].
C’est aussi l’opinion de l’éditeur, le Dr Emilio Pisani, qui entend l’écho écrit et oral de très nombreux lecteurs.
Nota Bene
De tout ce que moi, Père Corrado M. Berti, OSM, ai écrit dans ces pages, j’ai été un témoin oculaire.
En outre, j’ai noté ces événements sur le papier tels qu’ils sont survenus, et je les ai envoyés plus tard après sa mort, sous la forme d’une lettre à Valtorta à celui qui la représente.
Rome, 8 Décembre, 1978
SOLENNITÉ DE L’IMMACULÉE CONCEPTION