Il est communément admis que Jésus n’a rien écrit. Et pourtant. Il nous a écrit, de tout son être, les mots Passion et Résurrection sur une page de lin ayant traversé les siècles.
Réflexions sur le Linceul
Les points qui font débat
Le Linceul de Turin est la pièce archéologique la plus étudiée au monde. Son existence soulève de nombreuses questions, dont cinq qui semblent particulièrement se dégager de ce tumulte :
- Le Linceul est-il authentique ?
- Comment l’image s’est-elle formée sur le linge ?
- Si le Linceul est celui de Jésus, quel fut son parcours historique entre Jérusalem et Turin ?
- Si le Linceul est celui de Jésus, comment expliquer les résultats du carbone 14 datant l’étoffe du bas Moyen Âge ?
- Si le Linceul est celui d’un supplicié, comment expliquer le non arrachement de fibrilles du textile lorsqu’il fut détaché du corps ?
À chacune de ces étapes, nous trouvons une multitude de thèses et d’ouvrages divergents. Même parmi les convaincus de l’authenticité du Linceul, nous sommes très loin d’obtenir des réponses unifiées aux questions 2, 3 et 4.
Jusqu’où l’incrédulité et le voyeurisme pousseront-ils les hommes ?
Le chirurgien français Pierre Barbet a produit l’étude médicale la plus précise en lien avec le Linceul. À cette fin, il utilisa des cadavres et des bras amputés de personnes ayant donné leur corps à la science pour leur infliger crucifixion et perforation du thorax, et observer et décrire leurs réactions anatomiques.
Aujourd’hui, encore, le Christ est prêt à se laisser disséquer par nos voyeurismes sans pudeur. Il y consent. Non pour satisfaire nos curiosités malsaines, mais pour réveiller la foi qui sauve.
Mais, le Christ demeure « un signe de contradiction » (Lc 2, 34), non seulement entre ceux qui le reconnaissent et ceux qui le chiffonnent, mais aussi entre ceux qui s’enlisent dans l’idolâtrie de la matière et ceux qui la laissent là où elle est pour adorer en esprit et en vérité.
Jésus : « il faut peu de connaissances pour être admis dans le Royaume, il suffit d’un minimum de vérité sur laquelle la bonne volonté agit. » (Valtorta, 206.9)
Étapes historiques
Contraints par les persécutions, les premiers chrétiens auraient caché les reliques du Christ, de génération en génération.
Il y a un fait : se trouve aujourd’hui dans la cathédrale de Turin un Linceul que beaucoup pensent être celui du Christ. Ce linge existant, il convient d’en retracer l’histoire. Si plusieurs périodes de celle-ci sont à éclaircir et font débat, nous avons choisi de ne mentionner que les éléments les plus certains.
L’homélie de saint Cyrille
Vers l’an 348, Saint Cyrille (315-387), évêque de Jérusalem, dit dans une homélie : « Tout ce que le Seigneur a souffert dans sa Passion, nous pouvons le voir sur ses linges mortuaires que nous conservons dans [l’église du Saint-Sépulcre]. »
La querelle iconoclaste
En 730, l’empereur byzantin Léon III l’Isaurien associe les saintes représentations à de l’idolâtrie. Dès lors, il ordonne et obtient la destruction d’une quantité phénoménale d’icônes du Christ, de la Vierge Marie et de saints, un mouvement nommé « l’iconoclasme ». Si le Linceul de Turin, il a échappé à ces destructions (en étant possiblement caché en zone musulmane).
L’iconoclasme est condamné par l’Église lors du Concile de Rome (en 769) et du second Concile de Nicée (en 787), en affirmant qu’il est licite de représenter le Christ du fait qu’il a choisi de se montrer en s’incarnant.
Le pape Étienne III note alors que, parmi les images ne devant pas être détruites, se trouve « la toile immaculée empreinte de l’image glorieuse du Seigneur, visage et restant de sa personne, afin que tous puissent le contempler dans son intégralité et réalité corporelle. »
Le Codex de Pray
Le Codex de Pray est un document écrit entre les années 1192 et 1195, comportant un discours funèbre bilingue hongrois-latin, une prière en hongrois et cinq illustrations de la mise au tombeau du Christ. Conservé à la Bibliothèque nationale de Budapest, il s’agit du plus vieux manuscrit en langue finno-ougrienne connu.
- Or, l’une de ses cinq illustrations contient des caractéristiques qu’on ne trouve que sur le Linceul de Turin :
Au niveau des mains : Sur le Linceul de Turin, la main droite du Christ est croisée sur sa main gauche vers le bas, et les pouces des deux mains sont masqués. Le Codex de Pray est la première illustration connue à représenter cette particularité. - Au niveau du tissu : Comme sur le Linceul de Turin, le Codex de Pray montre un tissage en chevron et quatre trous en forme de L sur le linge (ces trous furent possiblement causés par des brûlures d’encens).
- Récemment, le chercheur en imagerie 3D Thierry Castex confirma la présence de trois pliures au niveau de la tête, du milieu et des pieds du crucifié, présentes tant sur le Linceul que sur l’illustration du Codex de Pray.
Ces détails, difficilement attribuables au hasard, tendraient à montrer que le Linceul fut connu dès le XIIème siècle, au moins.
D’autres points sont absents du Codex de Pray : l’homme n’a ni barbe ni sang.
La traçabilité certaine
- 1357 : Première mention explicite et certaine du Linceul se trouvant actuellement à Turin, à l’occasion de sa première ostension en France, dans une petite église, à Lirey, en Champagne, le fief de Geoffroi de Charny situé à cent soixante kilomètres au nord-est de Paris.
- 1418 à 1452 : Le Linceul est conservé à Saint-Hippolyte, dans le Doubs.
- 1453 : La petite fille de Geoffroi de Charny, Marguerite de Charny, cède le Linceul à Louis Ier, duc de la Maison de Savoie. Le Linceul est alors gardé à Genève, puis à Chambéry.
- La nuit du 3 au 4 décembre 1532 : Le Linceul échappe à l’incendie de la chapelle des ducs de Savoie à Chambéry grâce au courage de deux frères franciscains cordeliers. Des sœurs clarisses cousent des pièces de tissu pour remplacer les parties endommagées.
- De 1536 à 1543 : Le Linceul est un temps conservé à Nice, puis retourne à Chambéry.
- 1562 : Les ducs de Savoie font de Turin leur capitale.
- 14 septembre 1578 : Le Linceul est transféré dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin où il demeure jusqu’à aujourd’hui. Il devient propriété du pape.
L’analyse du Linceul
- 25 et 28 mai 1898 : Le chevalier Secondo Pia – un avocat turinois et photographe amateur – réalise les tout premiers clichés photographiques du Linceul. Stupéfait, Pia constate que l’image du Linceul est un négatif parfait et complet d’un homme (les parties claires apparaissent en sombre et vis-versa, avec toutes les gradations entre les deux).
- 1931 : Le photographe professionnel Giuseppe Enrie effectue une deuxième série de photos lors d’une nouvelle ostension devant huissiers. Celles-ci confirment celles de Pia.
- 1978 : Trente-deux scientifiques américains entame l’étude scientifique du Linceul dans le cadre du Shroud of Turin Research Project (STURP). Elle implique six tonnes de matériel et représente 300.000 heures de travaux sur le Linceul.
- 10, 11 et 12 juin 1993 : La communauté scientifique internationale engagée dans les recherches sur le Linceul se réunit au Symposium international de Rome et, dans ses actes, conclut largement en faveur de l’authenticité.
- Dans la nuit du 11 au 12 avril 1997 : Le Linceul échappe à un nouvel incendie, ravageant le palais royal de Turin et la cathédrale Saint-Jean-Baptiste.
- 1988 : Trois laboratoires (celui de l’université d’Arizona, dirigé par Dr A. J. Timothy Jull ; celui de l’université d’Oxford, dirigé par le Pr Edward Hall ; et celui de l’École polytechnique de Zurich, dirigé par Pr Willy Wöelfli), coordonnés par le Pr Michael Tite (le directeur scientifique du British Museumun), effectuent un test au Carbone 14 sur des échantillons du Linceul et concluent que le linge aurait été confectionné à partir de lin récolté entre 1260 et 1390.
- 1999 : Le département de radiocarbone de l’université d’Oxford – dirigé par le Pr. Edward Hall – reçoit un don d’un million de livres de la part de quarante-cinq hommes d’affaires et riches amis pour financer une nouvelle chaire. Celle-ci est aussitôt occupée par le Pr Michael Tite.
- 2013 : L’étude Non-destructive dating of ancient flax textiles by means of vibrational spectroscopy conduite par l’équipe du Pr Giulio Fanti, professeur de mesures mécaniques et thermiques à l’Université de Padoue (Italie), conclut que la confection du Linceul remonterait à une date comprise entre 300 avant Jésus-Christ et 400 après Jésus-Christ.
- 2022 : L’étude X-ray Dating of a Turin Shroud’s Linen Sample conduite par l’équipe du chercheur Liberato De Caro (dont le Pr Giulio Fanti fait partie) analyse un fragment du Lincel (0,5 mm par 1 mm) avec la méthode Wide Angle X-ray Scattering (WAXS, ou « diffusion des rayons X grand angle »). Le but est de mesurer le vieillissement naturel de la cellulose du lin à l’aide de rayons X, puis de le convertir en temps écoulé depuis la fabrication. L’étude conclut que l’échantillon du Linceul avoisinerait les 2000 ans.
Les caractéristiques
Du tissu
- Un tissage en sergé 3/1 à chevrons en arêtes de poisson : un procédé utilisé au Moyen-Orient au temps de Jésus.
- Un tissu de seulement 0,3 millimètres d’épaisseur.
- Un tissu ne comportant aucune trace de laine : les tisserands juifs travaillaient les fibres dans des ateliers séparés pour respecter les prescriptions religieuses interdisaient de « mêler deux fibres différentes » (Lv 19, 19) d’associer laine et lin ensemble (Dt 22, 11).
De l’image
L’image comporte :
Les détails exacts de la Passion :
- La nudité
- La flagellation à la Romaine
- Le couronnement d’épines
- Le portement de croix
- Le coup de lance et la plaie thoracique
- Les coups au visage
- L’emplacement des clous
- Les pouces rétractés
- La luxation de l’épaule gauche
- Les pollens
- La poussière d’aragonite
- La présence de sang
- La couleur du sang
- Le groupe sanguin
Les détails exacts de la Résurrection :
- L’absence de putréfaction
- L’absence d’arrachement de fibrilles
De l’impression de l’image
- Pas de peinture, mais une oxydation acide déshydratante
- Une projection en 3D
- Une image en négatif
Au-delà de la cacophonie humaine, la Parole du Christ
Explications de Jésus à Maria Valtorta
Laissons la cacophonie humaine, où les egos, les croyances et les biais s’entrechoquent, pour, comme Marie-Madeleine, nous asseoir et nous mettre à l’écoute du Verbe et, comme Jean, reposer notre tête sur son cœur.
Maria Valtorta est une mystique catholique ayant eu la grâce de recevoir, en pleine seconde guerre mondiale, plus de 600 visions de la vie du Christ. L’authenticité de ces visions fut confirmée par des décennies de recherche minutieuse. Lire notre dossier à ce sujet. En partant de ce premier prémisse, il devient pertinent de lire les passages parlant du Linceul dans ces révélations s’il on veut mieux comprendre ce drap mortuaire. Nous reproduisons ces passages ci-dessous, non pas pour exhiber froidement de quoi assouvir notre curiosité, mais pour sortir des si nombreux égarements en la matière et nous centrer sur la voix de celui qui nous aime parfaitement.
Enseignement reçu par Maria Valtorta le 20 février 1944 (613.1-14) :
Il fait déjà nuit quand Jésus dit :
« Tu as vu ce qu’il en coûte d’être Sauveur. Tu l’as vu chez moi et chez Marie. Tu as connu toutes nos tortures, et tu t’es rendu compte de la générosité, de l’héroïsme, de la patience, de la douceur, de la constance et de la force avec lesquelles nous les avons subies, poussés par l’amour de votre salut.
Tous ceux qui le veulent et qui demandent au Seigneur Dieu de faire d’eux des “ sauveurs ” doivent bien penser que Marie et moi sommes le modèle et se rendre compte des tortures à partager pour sauver. Si ce ne sont pas la croix, les épines, les clous ou les coups de fouet, il y en aura d’autres, de formes et de natures différentes, mais tout aussi douloureuses et consumantes. Car c’est seulement par la consommation du sacrifice au moyen de ces souffrances que l’on peut devenir sauveur.
C’est une mission ardue, la plus ardue de toutes. Par rapport à celle-ci, la vie monastique selon la règle la plus sévère n’est qu’une fleur comparée à un tas d’épines. Car il ne s’agit pas là de la règle d’un Ordre humain, mais de celle d’un sacerdoce, d’une vie monastique divine, dont je suis moi-même le fondateur. C’est moi qui consacre et qui accueille dans mon Ordre, selon ma règle, ceux qui y sont élus, et je leur impose mon habit : la souffrance totale, jusqu’au sacrifice.
Tu as contemplé mes souffrances. Elles étaient destinées à réparer vos fautes. Aucune partie de mon corps n’a été épargnée, car rien en l’homme n’est exempt de faute, et toutes les parties de votre être physique et moral — cet être que Dieu vous a donné avec la perfection de toute œuvre divine et que vous avez avili par la faute originelle et par vos tendances au mal, par votre volonté mauvaise — sont des instruments dont vous vous servez pour pécher.
Mais je suis venu effacer les effets du péché par mon sang et ma souffrance, en y lavant chaque partie physique et morale de votre personne pour la purifier et la rendre forte contre vos tendances coupables.
Mes mains ont été blessées et emprisonnées, après s’être fatiguées à porter la croix, pour réparer tous les délits et crimes commis par la main de l’homme. Depuis celui de tourner une arme contre son frère — ce qui fait de vous des Caïn — jusqu’au vol, aux accusations mensongères, aux actes contre votre propre corps ou celui d’autrui, ou à la fainéantise propice à vos vices. C’est pour toutes les libertés illicites de vos mains que j’ai fait crucifier les miennes, en les clouant au bois de la croix et en les privant de tout mouvement plus qu’il n’était permis et nécessaire.
Les pieds de votre Sauveur, après s’être épuisés et blessés sur les pierres de mon chemin de croix, ont été transpercés, immobilisés, pour réparer tout le mal que vous faites par les vôtres, quand vous vous en servez pour aller commettre vos délits, vols ou fornications. J’ai parcouru les rues, les places, les maisons, les escaliers de Jérusalem pour purifier toutes les rues, toutes les places, tous les escaliers, toutes les maisons de la terre, du mal né ou semé à cet endroit au cours des siècles passés ou à venir par votre mauvaise volonté, lorsque vous obéissez aux tentations de Satan.
Ma chair a été maculée, frappée, lacérée pour punir en moi le culte exagéré, l’idolâtrie même que vous rendez à la vôtre et à celle des personnes que vous aimez par caprice sensuel, ou même poussés par une affection qui en soi n’a rien de répréhensible, mais que vous rendez telle lorsque vous aimez un parent, un conjoint, un enfant, un frère ou une sœur plus que vous n’aimez Dieu.
Non : l’amour pour le Seigneur votre Dieu doit être plus grand que tout amour ou tout lien de la terre. Aucune autre affection, vraiment aucune, ne peut lui être supérieure. Aimez les personnes qui vous sont chères en Dieu, mais pas plus que Dieu. Aimez Dieu de tout votre être. Cela ne diminuera pas votre amour au point de vous rendre indifférent à votre conjoint, bien au contraire : cela enrichira votre amour pour lui de la perfection que vous puiserez en Dieu, car celui qui aime Dieu a Dieu en lui, et donc sa perfection.
J’ai fait de ma chair une plaie pour enlever à la vôtre le venin de la sensualité, de l’impudeur, du manque de respect, de l’ambition et de l’admiration pour les corps destinés à retourner à la poussière. Ce n’est pas en rendant un culte à la chair qu’on la rend belle. C’est en s’en détachant qu’on lui donne la beauté éternelle dans le Ciel de Dieu.
Ma tête a subi mille tortures : les coups, le soleil, les hurlements, les épines, pour réparer les fautes que vous commettez par votre intelligence. Orgueil, impatience, caractère insupportable, intolérance pullulent comme des champignons dans votre cerveau. J’en ai fait un organe torturé, enfermé dans un écrin orné de sang, pour réparer tout ce que vos pensées produisent.
La dernière couronne que j’ai voulue, tu l’as vue : la couronne que seul un fou ou un supplicié peut porter. Aucune personne saine d’esprit (humainement parlant) et libre de soi ne saurait se l’imposer. Mais moi, j’ai été jugé fou ; surnaturellement, divinement, je l’étais d’ailleurs, en voulant mourir pour vous qui ne m’aimez pas — ou si peu ! —, en voulant mourir pour vaincre en vous le Mal, tout en sachant pertinemment que vous le préférez à Dieu. Et j’étais à la merci de l’homme, son prisonnier, son condamné… moi, Dieu, condamné par l’homme !
De quelle impatience vous faites preuve pour des riens, avec quelle incompatibilité vous vous opposez pour des inepties, quelle intolérance vous montrez à de simples malaises ! Mais regardez donc votre Sauveur. Réfléchissez comme cela devait être irritant, des épines qui s’enfoncent à des endroits toujours différents, s’empêtrent dans les touffes de cheveux, se déplacent continuellement sans laisser la possibilité de bouger la tête, de l’appuyer d’une manière que leur tourment cesse ! Pensez à ce que devaient être pour ma tête torturée, souffrante, fébrile, les hurlements de la foule, les coups sur la tête, le soleil cuisant ! Méditez sur la souffrance que je devais ressentir dans mon pauvre cerveau, qui est allé à l’agonie du vendredi après l’extrême douleur due à l’effort subi le jeudi soir, dans ce pauvre cerveau auquel montait la fièvre de tout mon corps supplicié et des intoxications provoquées par les tortures !
Sur ma tête, ces tortures s’en prirent aussi à mes yeux, à ma bouche, à mon nez, à ma langue. Pour réparer vos regards si friands de se porter vers ce qui est mal en négligeant la recherche de Dieu pour réparer le flot incessant de paroles menteuses, sales ou luxurieuses que vous dites au lieu d’utiliser votre bouche pour prier, enseigner, réconforter. Mon nez et ma langue ont souffert pour réparer votre gourmandise et votre sensualité olfactive : elles vous conduisent à des imperfections qui sont le terrain de fautes plus graves, par exemple votre avidité pour des aliments superflus, sans pitié pour les affamés, des aliments que vous pouvez vous permettre en ayant bien souvent recours à des profits illicites.
Quant à mes organes, pas un seul ne fut exempt de souffrance. Suffocation et toux s’en prirent à mes poumons lésés par la flagellation barbare que j’avais subie, puis les œdèmes, vu ma position sur la croix. Ma souffrance au cœur vint de ce qu’il était déplacé et affaibli par la flagellation, par la douleur morale qui l’avait précédée, par la fatigue de la montée sous le poids de la croix, par l’anémie consécutive à tout le sang que j’avais déjà perdu. J’avais le foie et la rate congestionnés, les reins blessés et eux aussi congestionnés.
Tu as vu la couronne de bleus qui entouraient mes reins. Vos scientifiques essaient d’étayer votre incrédulité à propos de cette preuve de ma souffrance qu’est le saint Suaire en expliquant que le sang, la sueur cadavérique et l’urée d’un corps exténué mêlés aux aromates ont pu produire la peinture naturelle de mon corps éteint et supplicié.
Il vaudrait mieux croire sans avoir besoin de tant de preuves. Il vaudrait mieux dire : “ Voilà l’œuvre de Dieu ” et bénir Dieu qui vous a permis d’avoir la preuve irréfutable de ma crucifixion et des tortures qui l’ont précédée.
Mais puisque vous ne savez plus croire aujourd’hui avec la simplicité d’un enfant, puisque vous avez besoin de preuves scientifiques — pauvres croyants que vous êtes, vous qui ne savez plus tenir debout et marcher sans le soutien de la science ! —, sachez que les cruelles contusions de mes reins ont été l’agent chimique le plus puissant dans le miracle du saint Suaire. Mes reins, presque brisés par les coups de fouet, n’ont plus pu jouer leur rôle. Comme ceux des grands brûlés dans les flammes, ils devinrent incapables de filtrer, de sorte que l’urée s’est accumulée et répandue dans mon sang, dans mon corps. Cela m’a fait souffrir d’une intoxication urémique et a provoqué l’apparition d’un réactif qui, en suant de mon cadavre, a fixé mon empreinte sur le tissu. Mais n’importe quel médecin parmi vous, n’importe quelle personne qui souffre d’urémie, sera en mesure de comprendre quelles souffrances ont dû causer en moi les toxines urémiques, abondantes au point d’être capables de produire une empreinte indélébile.
Venons-en à la soif. Quelle torture ! Pourtant, tu l’as vu : pendant toutes ces heures, personne, dans cette foule, n’a su me donner une goutte d’eau. A partir de la Cène, je n’ai plus eu aucun réconfort. En revanche, la fièvre, le soleil, la chaleur, la poussière, les pertes de sang, s’unissaient pour provoquer chez votre Sauveur une soif abominable.
Tu as vu que j’ai repoussé le vin mêlé de myrrhe. Je voulais que rien ne vienne adoucir ma souffrance. Quand on s’est offert en victime, il faut l’être sans compromis, sans adoucissement. Il convient de boire le calice tel qu’il est donné, de goûter le vinaigre et le miel jusqu’au fond… et non pas le vin drogué qui engourdit la douleur.
Ah ! le sort de victime est bien sévère ! Mais bienheureux celui qui le choisit.
Voilà ce que ton Jésus a subi dans son corps innocent. Et je ne te parle pas du déchirement que mon affection pour ma Mère me causait, surtout à la vue de sa douleur. Cette douleur était nécessaire, mais ce fut mon plus cruel tourment. Seul le Père sait ce que son Verbe a enduré spirituellement, moralement, physiquement. La présence de ma Mère elle-même me fut une torture, même si elle est ce qui répondait le mieux au désir de mon cœur d’avoir ce réconfort dans l’infinie solitude qui n’entourait — solitude qui venait de Dieu et des hommes.
Ma Mère devait être présente, telle un ange de chair, pour empêcher le désespoir de m’assaillir comme l’ange spirituel l’avait contrecarré à Gethsémani ; elle devait être présente pour recevoir l’investiture de Mère du genre humain. Mais la voir mourir à chacun de mes frémissements fut ma plus grande souffrance. Rien ne saurait lui être comparé, pas même la trahison, pas même la conscience que mon sacrifice serait inutile pour tant de personnes, alors que ces deux douleurs m’avaient paru terribles au point de me faire suer du sang quelques heures plus tôt.
Mais tu as vu comme Marie s’est montrée grande dans un tel moment. Son déchirement ne l’a pas empêchée d’être bien plus forte que Judith. Celle-ci a tué. Marie a été tuée à travers son Enfant. Elle n’a pas murmuré, elle n’a pas eu de haine. Elle a prié, aimé, obéi. Elle est toujours restée mère, au point de penser, au milieu de toutes ces tortures, que son Jésus avait besoin de son voile virginal sur sa chair innocente pour défendre sa pudeur. Elle a su en même temps être la Fille du Père des Cieux et obéir à sa terrible volonté de cette heure-là. Elle n’a pas lancé d’imprécations contre Dieu ou contre les hommes. Elle a dit “ Fiat ” à Dieu et pardonné aux hommes.
Même ensuite, tu l’as entendue dire : “ Père, je t’aime et tu nous as aimés ” ! Elle se rappelle que Dieu l’a aimée, elle le proclame et lui renouvelle son acte d’amour. A ce moment-là ! Après que le Père l’a transpercée et privée de sa raison d’être ! Elle l’aime. Elle ne dit pas : “ Je ne t’aime plus, parce que tu m’as fais du mal. ” Elle l’aime et ne s’arrête pas à sa propre douleur, mais à celle que subit son Fils. C’est de celle-ci qu’elle demande raison au Père, pas de sa souffrance personnelle. Elle demande raison au Père au nom de leur Fils.
Elle est bien l’Épouse de Dieu. Elle est bien celle qui a conçu conjointement avec le Père. Elle sait qu’aucun contact humain n’a engendré son Enfant, mais que seul le Feu descendu du Ciel a pénétré son sein immaculé et y a déposé le Germe divin, la chair de l’Homme-Dieu, du Dieu-Homme, du Rédempteur du monde. Et parce qu’elle en est consciente, c’est en tant qu’Epouse et Mère qu’elle demande raison de cette blessure. Les autres devaient être faites. Mais celle-là, quand tout était déjà accompli, pourquoi ?
Pauvre Maman ! Il y avait bien une raison, que ta douleur ne t’a pas permis de lire sur ma blessure : il fallait que les hommes puissent voir le cœur de Dieu. Toi, tu l’as vu, Maria. Ne l’oublie jamais.
Cependant, même si Marie ne connaît pas les motifs surnaturels de cette blessure, elle pense aussitôt qu’elle ne m’a pas fait mal et elle bénit Dieu pour cela. Cela a beau la faire souffrir, elle, elle n’en a cure. Il lui suffit de savoir qu’elle ne m’a pas fait souffrir, moi, et elle y trouve l’occasion de bénir Dieu qui l’immole.
Elle se contente de demander un peu de réconfort pour ne pas mourir. Elle est nécessaire à l’Eglise naissante, dont elle vient d’être faite la Mère. L’Église, comme un nouveau-né, a besoin des soins et du lait d’une mère. Marie les apportera à l’Église en priant pour elle, en soutenant les apôtres, en leur parlant du Sauveur. Mais comment le pourrait-elle si elle mourait le soir même ? L’Église, qui n’a plus que quelques jours à rester sans son Chef, serait complètement orpheline si ma Mère aussi expirait. Et le sort des bébés orphelins est toujours précaire.
Dieu ne déçoit jamais une prière juste, et il réconforte ses enfants qui espèrent en lui. Marie trouve ce soutien grâce à Véronique. Ma pauvre Maman a imprimé dans ses yeux l’effigie de mon visage de défunt. Elle ne peut résister à cette vue. Ce n’est plus son Jésus, cet homme vieilli, boursouflé, aux yeux fermés qui ne la regardent pas, cet homme à la bouche tordue qui ne parle ni ne sourit. Mais voilà sur le voile un visage qui est celui de Jésus vivant. Douloureux, blessé, mais encore vivant. Voilà ses yeux qui la regardent, sa bouche qui semble dire “ Maman ”, son sourire qui la salue encore.
Oh ! Maria, cherche ton Jésus dans ta douleur. Il viendra toujours et te regardera, t’appellera, te sourira. Nous partagerons la souffrance, mais nous serons unis !
Jean, ô petit Jean, a partagé la douleur de Marie et de Jésus. Sois toujours comme lui, en cela aussi. Je te l’ai déjà dit : “ Ce ne seront jamais les contemplations ou les dictées qui te rendront grande. Elles sont miennes. Ce sera par ton amour. Or l’amour le plus élevé est la participation à la souffrance. ” C’est là le moyen de comprendre les moindres désirs de Dieu et de les réaliser en dépit de tous les obstacles.
Vois avec quelle sensibilité, avec quelle délicatesse, Jean se conduit en cette nuit du vendredi saint. Plus tard aussi, mais observons-le pendant ces heures-là.
Un instant d’égarement, une heure de pesanteur. Mais une fois le sommeil surmonté par le choc de la capture, et le choc par l’amour, il vient, en entraînant Pierre, afin que le Maître soit réconforté par la vue du chef des apôtres et de son apôtre bien-aimé.
Puis il pense à ma Mère, à qui quelque personne méchante pourrait apprendre cruellement ma capture. Et il se rend auprès d’elle. Il ne sait pas que Marie vit déjà les tourments de son Fils et que, pendant que les apôtres dormaient, elle veillait et priait, et elle agonisait avec son Fils. Comme Jean l’ignore, il va la trouver et la prépare à apprendre cette nouvelle.
Il fait ensuite la navette entre la maison de Caïphe et le Prétoire, entre la maison de Caïphe et le Palais d’Hérode, et de nouveau entre la maison de Caïphe et le Prétoire. Courir ainsi ce matin-là, en traversant la foule enivrée de haine, avec des vêtements qui trahissent son origine galiléenne, ce n’est pas chose facile. Mais l’amour le soutient, et il ne pense pas à lui-même, mais à ma souffrance et à celle de ma Mère. Comme disciple du Nazaréen, il risque d’être lapidé. Peu lui importe. Il défie tout. Les autres se sont enfuis, ils sont cachés, ils sont menés par la peur ou la prudence. Lui, c’est l’amour qui le conduit, donc il reste et se montre. C’est un pur. L’amour prospère dans la pureté.
Et si sa pitié et son bon sens populaire le poussent à tenir Marie éloignée de la foule et du Prétoire — il ne se doute pas que Marie partage toutes les tortures de son Fils en les souffrant spirituellement —, il n’hésite pas à la conduire à lui quand il estime que le moment est venu où Jésus a besoin de sa Mère et qu’il n’est pas permis de garder davantage la Mère séparée de son Fils. Mais il reste présent pour la soutenir et la défendre.
Il a la poigne des personnes fidèles : que peut un homme seul, désarmé, jeune, sans autorité, à la tête de quelques femmes, contre toute une foule bestiale ? Rien. C’est un tas de feuilles que le vent peut disperser. Peu importe. L’amour est la force de Jean, la voile qui l’entraîne. C’est armé d’amour qu’il part, et protège la Femme et les femmes jusqu’à la fin.
Jean a possédé l’amour de compassion comme personne au monde, excepté ma Mère. Il est le chef de file des amoureux de cet amour. Il est ton maître en cela. Suis l’exemple de pureté et de charité qu’il te donne, et tu seras grande.
Maintenant, va en paix. Je te bénis. »
Explication de Jésus :
Jésus dit :
« […]
Je prévois les observations des trop nombreux Thomas et des scribes d’aujourd’hui sur une phrase de cette dictée qui semble en contradiction avec la gorgée d’eau offerte par Longinus. Ah, comme les négateurs du surnaturel, les rationalistes de la perfection se réjouiraient s’ils pouvaient trouver une fissure dans le magnifique ensemble de cette œuvre de bonté divine unie à ton sacrifice, petit Jean, une fissure dans laquelle ils glisseraient, en guise de levier, le pic de leur rationalisme meurtrier pour tout faire écrouler ! C’est donc pour les prévenir que je vais m’expliquer.
Cette pauvre gorgée d’eau — une goutte dans l’incendie de la fièvre et par rapport à la sècheresse de mes veines vides — acceptée par amour pour une âme qu’il fallait persuader par l’amour pour l’amener à la Vérité, cette gorgée m’a demandé un immense effort, car l’essoufflement m’étranglait la gorge et empêchait toute déglutition, et les coups de fouet m’avaient brisé ; elle ne m’a apporté aucun soulagement autre que spirituel. Pour mon corps, elle n’a servi à rien. Je pourrais presque parler d’un tourment supplémentaire… Il aurait fallu des fleuves pour désaltérer ma soif ! Et je ne pouvais pas boire en raison de l’angoisse de la douleur précordiale. Tu sais ce qu’il en est… Il m’aurait donc fallu des fleuves, mais on ne me les a pas donnés. D’ailleurs, je n’aurais pu les accepter tant je suffoquais. Mais quel réconfort cela aurait été pour mon cœur s’ils m’avaient été offerts ! C’est d’amour que je mourais, d’amour non reçu. La pitié est amour. Or Israël n’a montré aucune pitié.
Quand vous contemplez — vous, les bons — ou analysez — vous, les sceptiques — cette gorgée, donnez lui son nom exact : pitié, et non pas boisson. C’est ainsi que l’on peut dire, sans pouvoir être taxé de mensonge, que “à partir de la Cène, je n’ai plus eu aucun réconfort”. De toute la foule qui m’entourait, il ne s’est pas trouvé une seule personne pour m’apporter quelque compassion, puisque je n’ai pas voulu prendre le vin drogué. J’ai reçu du vinaigre et des railleries. J’ai connu les trahisons et les coups. Voilà ce que j’ai eu. Rien d’autre. »
Le témoignage des voyantes
Les trois voyantes de la Passion – Marie d’Agréda, Anne Catherine Emmerich et Maria Valtorta – sont unanimes (bien que les récits soient indépendants) : la main droite de Jésus fut clouée au poignet et son bras gauche fut déboîté par élongation.
Lorenzo Ferri
Le peintre et sculpteur italien, Lorenzo Ferri (1902-1975), proche de Maria Valtorta, a étudié le Linceul de Turin. Ces travaux croisées avec les visions de la mystique apportent de nouvelles données sur le sujet. Le photographe, Jim Sumkay, a récemment découvert et acquis un dossier de travail de Lorenzo Ferri qu’il a transmis à la Fondation héritière de Maria Valtorta.
Le voile de Véronique (Nikê)
Le voile de Véronique (Nikê) est mentionné dans la vision 612.19 du Poème reçue par Maria Valtorta le 29 mars 1945.
On y apprend que ce voile fut initialement préparé et amené par Véronique (Nikê) à Jésus sur le chemin du calvaire pour couvrir « ses reins afin qu’il n’utilise pas les chiffons des bourreaux ». Mais, voyant Jésus « tout en sueur, avec du sang dans les yeux », elle le lui tendit afin qu’il s’essuie. Suite à quoi, le voile porta le visage douloureux et pourtant vivant et souriant de Jésus. Le voile fut apporté par Véronique (Nikê) à la Vierge dans la nuit du vendredi saint et lui procura une miraculeuse consolation.
Jésus : « Le voile de Véronique est aussi un point d’achoppement pour votre esprit sceptique. Hommes rationnels, tièdes, à la foi vacillante, vous qui procédez par d’arides analyses, comparez le visage du Voile à celui du Saint‑Suaire. L’un est la face d’un vivant, l’autre celle d’un mort. Mais la longueur, la largeur, les caractères somatiques, la forme, les caractéristiques sont identiques. Superposez les images, vous verrez qu’elles correspondent. C’est bien moi. J’ai voulu rappeler comment j’étais et ce que je suis devenu par amour pour vous. Si vous n’étiez pas des hommes perdus, aveugles, ces deux visages devraient suffire à vous porter à l’amour, au repentir, à Dieu. » (Valtorta, 637.7)
Liens
En français
- Site de l’association Centre International d’Études sur le Linceul (CIELT)
- Site de l’association Montre Nous Ton Visage (MNTV)
- Site d’information de Sébastien Cataldo
- Les vidéos de chaîne youtube Culture-Bible, du père Julien Fleury