L’enfer existe-t-il ?

Jusqu’au milieu du XXème siècle, les fidèles qui fréquentaient l’Église catholique entendaient fréquemment parler de l’enfer comme d’une réalité sérieuse. L’enfer pouvait même être employé abusivement, comme un moyen de chantage (si tu ne fais pas ceci tu iras en enfer ; si tu fais cela tu iras en enfer).

Puis, dans la seconde moitié du XXème siècle, le discours religieux s’est renversé sous l’influence de théologiens protestants, puis catholiques. Le Bon Dieu étant bon, comment pourrait-il envoyer quelqu’un en enfer ? De plus, les âmes qui seraient au Paradis pourraient-elles jouir en plénitude de la béatitude éternelle en sachant que, simultanément, certains de leurs proches souffrent pour l’éternité ? Ces objections ont été popularisées dans le grand remous post-concile. Elles trouvèrent dans les séminaires et les facultés catholiques un si bon accueil qu’il est probable que, au début du XXIème siècle, en France, la majorité des religieux croient que l’enfer est vide.

Alors qu’en est-il ? L’enfer est-il un mythe moyenâgeux désuet ou une réalité ?

Nous verrons dans cet article, de manière claire, synthétique et sourcée, ce qu’enseignent les Écritures, la Tradition catholique et le Magistère, mais également ce que nous apprennent les révélations privées ou des personnes ayant vécu une expérience de mort imminente (EMI).

L’influence protestante et la thèse du père Hans Urs von Balthasar

Karl Barth (1886-1968) est un pasteur et théologien suisse-allemand et socialiste. Très prolifique, il a notamment développé et promu l’idée selon laquelle tous les humains seraient sauvés par la grâce universelle manifestée en Jésus Christ (« salut universel« ). Admiré par beaucoup, Barth et ses idées ont eu une grande influence, y compris chez les catholiques par le canal du prêtre jésuite et théologien suisse-allemand Hans Urs von Balthasar (1905-1988).

À la fin de sa vie, le père Balthasar développe sa pensée sur les fins dernières dans plusieurs ouvrages :

  • L’Amour seul est digne de foi (Éditions Aubier-Montaigne, 1966)
  • Espérer pour tous (Éditions Desclée de Brouwer, 1988)
  • L’enfer une question (Éditions Desclée de Brouwer, 1991)

Il se base sur les éléments suivants :

  • L’affirmation de Paul à Timothée : « [Dieu notre Sauveur] veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. » (1 Tm 2, 4)
  • Le fait que personne ne pourrait dire que l’enfer soit ou bien rempli, ou bien vide.
  • Dans le livre des Actes des apôtres, Saint Pierre utilise le terme « apocataste », du grec ancien apokatastasis, signifiant « le rétablissement » ou « la restauration ». (« Il faut en effet que le ciel l’accueille jusqu’à l’époque où tout sera rétabli, comme Dieu l’avait dit par la bouche des saints, ceux d’autrefois, ses prophètes. » ; Ac 3, 21.) Dès lors, le père Balthasar, se demande jusqu’à quel point va se rétablissement ?

En effet, Saint Paul dit dans ses lettres :

  • « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » (2 Co 5, 21)
  • « Quant à cette malédiction de la Loi, le Christ nous en a rachetés en devenant, pour nous, [objet de] malédiction, car il est écrit [dans Deutéronome 21, 23] : Il est maudit, celui qui est pendu au bois du supplice. » (Ga 3, 13)

À partir de ces deux derniers passages, le père Balthasar émet l’hypothèse – à partir de l’interprétation du Samedi Saint – que Jésus aurait pris sur lui à la fois nos péchés et les conséquences de nos péchés (ceci incluant la damnation éternelle caractérisée par les peines « du dam » et « du sens« ).

Ainsi, à la certitude de la damnation ou de son absence, le père Balthasar préfère la voie médiane de l’espérance pour tous, avançant que nous pouvons raisonnablement espérer que tout le monde sera sauvé.

Au sujet des révélations privées qui viendraient contredire sa thèse, le père Balthasar répond qu’elles n’engagent pas la foi de l’Église dans son noyau fondamental (or, dans ce noyau, l’Église ne pourrait pas, selon lui, affirmer qu’une personne est en enfer). Dès lors, les révélations privées auraient plus vocation à révéler les conséquences de nos choix que d’affirmer la vérité sur le destin ultime des âmes concernant leur salut éternel.

Pour en savoir plus sur cette constance et insistance d’un enfer vide ou impossible dans la pensée de Hans Urs von Balthasar, nous pouvons lire l’article L’espérance d’un enfer vide selon Balthasar. Thème central ou latéral ? du père Pascal Ide.

Le père Balthasar fut un penseur jésuite extrêmement influent et proche des papes. Le père jésuite Henri de Lubac le considérait comme « le plus grand génie du XXème siècle » ou « l’homme le plus cultivé d’Europe« . Le pape Paul VI le nomme à la Commission Théologique Internationale. Puis, le pape Jean-Paul II le crée cardinal. Lors de ses funérailles, le cardinal Joseph Ratzinger (fut pape Benoît XVI) approuve sa théologie par ces mots : « l’Église elle-même, dans sa responsabilité officielle, nous dit que [Balthasar] a raison dans ce qu’il enseigne sur la foi ». Sa pensée a eu une influence certaine sur une partie de l’épiscopat et sa vision des fins dernières.

Ainsi, par exemple, le dimanche 14 janvier 2021, dans l’émission télévisée italienne Che Tempo Che Fa regardée par 3 millions de téléspectateurs, le pape François (également jésuite) a répondu à Fabio Fazio au sujet de l’enfer : « Ce que je vais dire n’est pas un dogme de foi, c’est quelque chose de personnel qui me plaît : j’aime penser à un enfer vide. C’est un plaisir : j’espère que c’est une réalité. Mais c’est un plaisir. » (Source : Vatican News, 14/01/2024). Notons que le pape prend soin de distinguer le dogme (que nous allons voir ci-dessous) de son espérance personnelle (que toutes les personnes soient sauvées).

Outre-Atlantique, Robert Barron, le prêtre le plus influent sur youtube aux États-Unis (nommé évêque par le pape François) promeut les vues de Balthasar.

Nous pouvons retracer ainsi la propagation récente de cette idée ainsi (effet de levier) :

Karl Barth (protestant) → Hans Urs von Balthasar (jésuite) → mise en valeur de Balthasar par Jean-Paul II, Benoît XVI → Pape François (jésuite) → théologiens et influenceurs (ex : Jacques Ellul, Bishop Barron) → religieux → fidèles.

Voyons maintenant ce qu’enseigne l’Église.

La liberté : l’Amour ne peut pas être total sans liberté véritable

Dieu est Amour. Il a créé les êtres humains pour une relation d’amour authentique. Pour que cet amour soit véritable, il nous a créé libres, de l’accepter ou de le rejeter. En effet, si Dieu nous avait programmé comme des robots pour que nous l’aimions constamment, notre amour pour lui n’aurait aucune valeur. Exactement comme un jeune homme qui forcerait la fille dont il est épris à devenir sa femme. La véritable relation d’amour n’est possible que lorsque la jeune fille répond, d’un cœur libre et sincère, être elle aussi amoureuse du jeune homme et souhaiter partager sa vie. Ainsi, l’amour est indissociable de la liberté.

Il en fut de même pour les anges, créés avant les humains.

Azarias : « À l’origine, tout n’était qu’ordre, dans la création. Mais l’ordre n’exclut pas la liberté. Au contraire, la liberté parfaite se trouve dans l’ordre. […] Tel était l’univers tout entier avant que Lucifer n’abuse de sa liberté pour susciter en lui-même le désordre des passions – et cela, par sa propre volonté – pour mettre du désordre dans l’ordre parfait. S’il avait été tout amour, il n’y aurait pas eu place en lui pour autre chose que l’amour. Mais il y eut place pour l’orgueil, auquel on pourrait donner ce nom : le désordre de l’intelligence. Dieu aurait-il pu empêcher tout cela ? Oui. […] Dieu n’opprime pas l’esprit troublé pour le mettre de force dans l’impossibilité de pécher. Dans ce cas, il n’aurait eu aucun mérite à ne pas pécher. Pour nous aussi, il fut nécessaire de “savoir vouloir le Bien” pour continuer à mériter de jouir de la vue de Dieu, Béatitude infinie ! » (Message d’Azarias, l’ange gardien de Maria Valtorta, du 20 janvier 1946)

Pour que notre amour pour Dieu soit vrai, il nous a créé pleinement libres de l’accepter ou de le rejeter. C’est la « souveraine liberté de pensée et de volonté que Dieu lui-même laisse aux hommes » (Valtorta, 561.10). Et Dieu respecte notre liberté, même s’il souffre de nos rejets. (Nous savons combien Jésus – Dieu incarné – a souffert sur la Croix lorsque son peuple l’a rejeté.)

Par conséquent, si Dieu imposait à tous le paradis – y compris à ceux qui le rejettent librement –, nous ne serions pas véritablement libres et son amour ne serait pas parfait.

Le Ciel ne peut pas violer le libre arbitre qu’il donne aux âmes en gage d’amour. Dieu ne pouvant pas nous obliger à l’aimer, nous avons le droit à l’enfer (c’est le droit de la créature).

Le Paradis et l’enfer sont des états plus que des lieux. État béatifique parfait pour le premier ; état de souffrance absolu pour le second. Le Paradis est l’état dans lequel se trouve l’âme qui est unie à Dieu. L’enfer est l’état dans lequel se trouve l’âme qui s’est librement coupée de Dieu. Parce que ces états sont hors des sphères matérielles et temporelles telles que nous les connaissons sur terre, ils s’inscrivent dans un éternel présent.

Notre courte vie terrestre constitue donc un enjeu immense en ce qu’elle détermine pour un après qui, lui, est sans fin. Elle est l’espace et le temps de notre choix face à la question que Dieu nous pose : Veux-tu, oui ou non, vivre en mon Amour pour l’éternité ?

Jésus : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. » (Mt 5, 37)

« Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi. » (Saint Augustin, Amis de Dieu, nos 23-24)

Ce n’est pas Dieu qui envoie l’âme en enfer, mais elle qui s’y rend en le refusant par sa vie.

« Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix. Car la sagesse du Seigneur est grande, fort est son pouvoir, et il voit tout. Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît toutes les actions des hommes. Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher. » (Si 15, 15-20)

Dieu veut tous nous sauver

Dieu nous aime, tous.

Jésus : « vous m’êtes plus chers que si vous étiez les fils de mes entrailles, car vous êtes les fils de mon esprit. Votre esprit, je l’ai amené à la Vie, et je le ferai encore davantage. » (Valtorta, 572.6)

L’enfer n’est donc assurément pas son désir. Bien au contraire, son désir est de sauver tous les hommes qu’il aime infiniment, à tel point que la Deuxième Personne de la Trinité a pris une chair humaine pour s’offrir en suprême holocauste pour cela. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » nous dit Jésus (Jn 15, 13).

Jésus : « Sauver ! C’est pour sauver l’humanité que j’ai quitté le ciel. C’est pour sauver l’humanité que j’ai connu la mort. » (Valtorta, Les Cahiers, 9 janvier 1944)

Dieu le Père à Mère Eugénie Ravasio : « Les hommes croient que Je suis le Dieu terrible et que Je précipite toute l’humanité en enfer. Quelle surprise à la fin des temps, lorsqu’ils verront tant d’âmes qu’ils croyaient perdues, jouir de l’éternel bonheur au milieu des élus. Je voudrais que toutes mes créatures aient la conviction qu’il y a un Père qui veille sur elles et qui voudrait leur donner, même dès ici-bas, un avant-goût du bonheur éternel. » (Message de Notre Père, Premier cahier, 1er juillet 1932)

Dieu est miséricordieux

Dieu sait de quoi nous sommes faits (Ps 102, 14). Parce qu’il est Amour, il est prêt à tout moment à nous relever dans sa miséricorde.

Jésus à sœur Josefa Menéndez : « Un père n’a-t-il pas plus de soin de l’enfant malade que de ceux qui se portent bien ? Pour lui sa sollicitude et ses délicatesses ne sont-elles pas plus grandes ? Ainsi, mon Cœur répand-Il sur les pêcheurs, avec plus de largesse encore que sur les justes, sa Compassion et sa Tendresse. » (Un Appel à l’Amour, Message du dimanche 10 juin 1923)

Mais sa miséricorde n’est pas automatique (sinon il n’y aurait ni liberté, ni justice). Elle est le fruit d’une rencontre, de retrouvailles. Jésus l’illustre, entre autres, par la parabole du fils prodigue (Lc 15, 11-32). Le pêcheur doit entreprendre une démarche d’humilité, de conversion, en comprenant qu’il s’est (parfois très gravement) égaré, en demandant pardon et en souhaitant sincèrement prendre le parti du bien. Dès lors, Dieu lui-même se précipite à sa rencontre pour l’accueillir les bras ouverts et lui pardonner. « C’est ainsi qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Lc 15, 7)

Jésus s’adressant à un ami de Zachée, anciennement grand proxénète et nouvellement converti : « C’est vrai ! Ton crime est grand. Tu as beaucoup à réparer. Mais moi, la Miséricorde, je t’affirme que, même si tu étais le démon en personne et si tu avais commis tous les crimes de la terre, si tu le veux, tu peux tout réparer et être pardonné par Dieu, par le Dieu vrai, grand et paternel. Si tu le veux. Unis ta volonté à la mienne. Moi aussi, je veux que tu sois pardonné. Unis-toi à moi. Donne-moi ta pauvre âme déshonorée, ruinée, couverte de cicatrices et avilie, depuis que tu as abandonné le péché. Je la mettrai dans mon cœur, là où je mets les plus grands pécheurs, et je l’emmènerai avec moi dans le Sacrifice rédempteur. Le sang le plus saint, celui de mon cœur, le dernier sang de celui qui sera consumé pour les hommes, se répandra sur les plus grandes ruines et les régénérera. Pour le moment, garde l’espérance, une espérance plus grande que ton crime immense, dans la miséricorde de Dieu, car elle est sans bornes, ô homme, pour qui sait se confier à elle. » (Valtorta, 524.4)

Jésus : « Si seulement vous saviez comme Je suis prêt cependant à pardonner les crimes de votre ère, pour un seul regard aimable porté sur Moi… un moment de regret… un soupir d’hésitation… une légère reconsidération. Un sourire à Ma Sainte Face et Je pardonnerais et J’oublierais. Je ne regarderais même pas Mes Plaies. J’effacerais de Ma vue toutes vos iniquités et vos péchés. N’auriez-vous même qu’un moment de regret, et tout le Ciel célébrerait votre geste, car votre sourire et votre regard aimable seraient reçus comme de l’encens par Moi, et ce léger moment de regret serait entendu par Moi comme un nouveau cantique. » (Message à Vassula Ryden, du 29 août 1989)

Jésus à Judas, peu avant que ce dernier ne le livre : « Je t’assure que, même après le Crime des crimes, si le coupable courait se jeter aux pieds de Dieu, avec un vrai repentir, et s’il le suppliait en pleurant de lui pardonner en s’offrant pour expier avec confiance, sans désespoir, Dieu lui pardonnerait, et par l’expiation le coupable sauverait encore son âme. » (Valtorta, 567.25)

Jésus : « Dieu t’ouvrira les portes de son Royaume si tu sais croire en sa miséricorde. » (Valtorta, 520.6)

Jésus : « Je sauverai ceux qui se repentent et reviennent à Dieu. Les impénitents n’obtiendront pas de rédemption. » (Valtorta, 131.4)

Jésus : « À mon sang, il faut joindre votre repentir. Sans le repentir, amer et salutaire, c’est inutilement que je serai mort pour vous. » (Valtorta, 589.7)

Pour rendre manifeste cette miséricorde divine, Jésus a institué le sacrement de la réconciliation lors de l’envoi final de ces apôtres aux extrémités de la terre :

« La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. […] À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20, 23)

En conséquence, la confession auriculaire était déjà pratiquée chez les tout premiers chrétiens :

Saint Jacques : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres » (Jc 5, 16)

→ Lire notre dossier sur le péché et le sacrement de la réconciliation

Au XXème siècle, Jésus a continué de révéler au monde, par l’intermédiaire de Sainte Faustine, une humble religieuse polonaise, l’ampleur insondable de sa divine Miséricorde. Cette révélation privée a donné lieu à la fête de la Miséricorde Divine le premier dimanche après Pâques, ainsi qu’aux dévotions du chapelet de la Miséricorde Divine et de l’heure de la Miséricorde Divine (chaque jour à 15h).

Jésus : « Vous ne connaissez pas le vrai visage de Dieu. Si vous le connaissiez et si vous en connaissiez l’esprit, vous sauriez que le principal attribut de Dieu, c’est l’amour, et l’amour miséricordieux. » (Valorta, 476.6)

Jésus à sœur Josefa Menéndez : « Ce n’est pas le péché qui blesse le plus mon Cœur, ce qui le déchire c’est que les âmes ne viennent pas se réfugier en Moi après l’avoir commis. […] Oui, Je désire pardonner […] Je sais que les âmes le savent, mais J’ai besoin de faire entendre un nouvel Appel à l’Amour. » (Un Appel à l’Amour, Message du 24 août 1922)

Dieu est juste

La justice implique la proportionnalité

Si, à sa mort, le plus sanguinaire des despotes recevait le même traitement que Saint François d’Assise, il n’y aurait aucune justice.

La justice implique le respect du libre arbitre

Puis, après avoir tout donné, il se résigne à respecter le libre choix de chacun au terme de sa vie. C’est l’âme qui, mourant en état de refus de Dieu, se dirige d’elle-même en enfer. L’enfer est la juste conséquence de l’indispensable liberté pour que l’Amour soit authentique.

Concile de Quiersy, en 853 : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, bien que tous ne soient pas sauvés. » (Denzinger 623)

Jésus : « Ce n’est pas pour tous que j’ai été Sauveur. Pour tous, j’ai voulu l’être, mais je ne l’ai pas été, car tous n’ont pas eu la volonté d’être sauvés. » (Valtorta, 494.7)

Jésus à Judas, peu de temps avant que ce dernier ne le livre : « Ils seront des centaines de mille, qui commettront les mêmes péchés que toi et se livreront au démon de leur propre volonté, qui offenseront Dieu, tortureront père et mère et seront assassins, voleurs, menteurs, adultères, luxurieux, sacrilèges, et enfin déicides, en tuant matériellement le Christ un jour prochain, ou spirituellement dans leur cœur dans les temps futurs. » (Valtorta, 567.15)

Le drame de la damnation et la souffrance de Dieu

La damnation d’une âme est gravissime et inflige une souffrance inouïe à Dieu.

Jésus à Mgr Ottavio Michelini : « la perte d’une seule âme est une chose plus grave que toutes les guerres, épidémies, révolutions et malheurs de tous les temps. Cela, vous ne pouvez pas facilement le comprendre, parce que vous n’êtes pas capables de comprendre ce que veut dire une éternité de tourments. » (Confidences de Jésus à ses prêtres et à ses fidèles, Parvis, 2015, p.10)

Ce que dit le Nouveau Testament au sujet de l’enfer

Les Écritures, la Tradition et le Magistère ont toujours été clairs et unanimes sur l’existence de l’enfer.

Jésus, lui-même, mentionne l’enfer à quinze reprises dans les Évangiles.

Jésus enseigna : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Dans l’Hadès, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.
Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.”
Abraham : “Mon enfant, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.”
Le riche : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !”
Abraham : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !”
Le riche : “Non, père Abraham, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.”
Abraham : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” » (Lc 16, 19-31)

Jésus : « De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ; ils les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » (Mt 13, 40-43)

Jésus : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » (Mt 25, 31-46)

Jésus : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (Mt 5, 20)

Jésus : « Si quelqu’un traite [son frère] de fou, il sera passible de la géhenne de feu. » (Mt 5, 22)

Jésus : « Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne. » (Mt 5, 29)

Jésus : « Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne. » (Mt 5, 30)

Jésus : « Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. » (Mc 9, 43-48)

Saint Paul : « Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu. » (1 Co, 6, 9-10)

Saint Paul : « lorsque, du haut du ciel, le Seigneur Jésus se révélera avec les anges, messagers de sa puissance, dans le feu flamboyant ; alors il fera justice contre ceux qui ignorent Dieu et à ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ceux-là subiront comme châtiment la ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force » (2 Th 1, 7-9)

Saint Jean : « la Mort et le séjour des morts rendirent aussi ceux qu’ils retenaient, et ils furent jugés, chacun selon ses actes. Puis la Mort et le séjour des morts furent précipités dans l’étang de feu – l’étang de feu, c’est la seconde mort. Et si quelqu’un ne se trouvait pas inscrit dans le livre de la vie, il était précipité dans l’étang de feu. » (Ap 20, 13-15)

Si l’enfer et la damnation n’existaient pas, pourquoi Jésus en parlerait-il ? N’est-il pas la Vérité ? Désire-t-il nous égarer ou nous sauver ? Nous sauver de quoi ?

Ce qu’enseigne l’Église sur l’enfer

Le pape Saint Jean-Paul II explique comment interpréter les représentations que nous venons de voir :

« En ayant recours à des images, le Nouveau Testament présente le lieu destiné aux personnes qui se sont rendues coupables d’injustice comme une fournaise ardente, où “seront les pleurs et les grincements de dents” (Mt 13, 42 ; Mt 25, 30-41), ou encore comme la géhenne “dans le feu qui ne s’éteint pas” (Mc 9, 43). Tout cela est exprimé de façon narrative dans la parabole du riche, dans laquelle l’on précise que les enfers sont le lieu de la peine définitive, sans possibilité de retour ou d’allègement de la douleur (Lc 16, 19-31). L’Apocalypse représente de façon expressive dans un “étang de feu” ceux qui se soustraient au livre de la vie, allant ainsi à la rencontre de la “seconde mort” (Ap 20, 14-15). Celui, donc, qui s’obstine à ne pas s’ouvrir à l’Évangile se prédispose à une “perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur et de la gloire de sa force” (2 Th 1, 9). Les images à travers lesquelles l’Écriture Sainte nous présente l’enfer doivent être correctement interprétées. Elles indiquent la frustration et le vide complet d’une vie sans Dieu. Plus qu’un lieu, l’enfer indique la situation dans laquelle se trouve celui qui s’éloigne librement et définitivement de Dieu, source de vie et de joie. » (Audience générale, L’enfer comme refus définitif de Dieu, 28 juillet 1999, n°2-3)

Il faut préciser qu’il a différents types et gradations dans le péché : péchés véniels, péchés graves, péchés mortels.

Pour qu’un péché soit qualifié de « mortel » (1 Jn 5), il faut que les trois critères suivants soient réunis :

  1. Que le péché soit grave (blasphémer, commettre un sacrilège,, manquer la messe dominicale sans motif valable, idolâtrer, apostasier,  s’obstiner dans l’athéisme, pratiquer le spiritisme, l’ésotérisme ou l’occultisme, commettre un vol important, refuser de pardonner, violenter, tuer, avorter, euthanasier, divorcer (en cas de grand danger, la séparation de corps est licite, mais pas le divorce), épouser une personne déjà mariée à l’Église, avoir des relations sexuelles hors mariage et procréer en dehors de ce sacrement, commettre un adultère, consommer de la pornographie, se masturber, etc.),
  2. Que l’on connaissance sa gravité,
  3. Que l’on commette ce péché en faisant usage de sa pleine volonté.

Si les deux derniers points sont manquants, alors il s’agit d’un péché grave.

Les péchés mortels séparent totalement leur auteur de Dieu et de la grâce divine et placent son âme en état de mort spirituelle. Non remis, ils font contracter une peine éternelle. Il s’agit alors d’une « seconde mort ».

Les péchés véniels, moins extrêmes, affaiblissent la grâce divine sans la supprimer.

Saint Jean-Marie Vianney : « Jamais personne n’a été damné pour avoir fait trop de mal ; mais beaucoup sont en enfer pour un seul péché mortel dont ils n’ont pas voulu se repentir. »

Tous les péchés peuvent être remis dans le sacrement de pénitence et de réconciliation dispensé par un prêtre.

→ Lire notre dossier sur le péché et le sacrement de la réconciliation

Concile œcuménique de Latran IV, en 1215 : « [Jésus] viendra à la fin des siècles juger les vivants et les morts, tant les réprouvés que les élus qui ressusciteront tous avec leurs propres corps, afin de recevoir, selon leurs mérites bons ou mauvais : les réprouvés, la peine éternelle avec le diable ; les élus, la gloire éternelle avec Jésus-Christ. »

« La vie éternelle comme récompense du bon mérite ou la peine du supplice éternel pour les péchés. » (Denzinger, Fides Damasi, n°72)

« Ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle ; ceux qui auront commis le mal iront au feu éternel. » (Symbole de Saint Athanase)

« Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot “enfer”. » (CEC 1033)

« L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, le feu éternel » (CEC 1035)

Cardinal Ratzinger : « Inutile de discuter : la notion de damnation éternelle a bel et bien sa place dans l’enseignement de Jésus, comme dans les écrits des apôtres. Le dogme affirmant l’existence de l’enfer et l’éternité de la damnation repose donc sur des bases solides. » (source)

Le Pape François exhortant les mafieux italiens : « S’il vous plaît, changez de vie, convertissez-vous! Arrêtez-vous de faire le mal ! […] Nous prions pour vous. Convertissez-vous. Je vous le demande à genoux. C’est pour votre bien. […] Cette vie que vous menez à présent ne vous donnera pas de plaisir, ni de joie. Elle ne vous donnera pas le bonheur. Le pouvoir et l’argent que vous avez maintenant à travers tant d’affaires sales, tant de crimes mafieux, c’est de l’argent ensanglanté, du pouvoir ensanglanté : vous ne pourrez l’emportez avec vous dans l’autre vie… […] Convertissez-vous, il est encore temps pour ne pas finir en enfer. C’est ce qui vous attend si vous continuez sur cette voie. Vous avez eu un papa et une maman. Pensez un peu à eux, réfléchissez un peu et convertissez-vous… » (21 mars 2014, église San Gregorio, Rome)

Où se trouve Judas ?

Nous pouvons déduire la réponse à cette question d’après les Écritures, la Tradition de l’Église et le Magistère :

« Jésus leur dit : “N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable !” Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer. » (Jn 6, 70-71)

Or, il n’y a pas de diable au Paradis.

Jésus dit : « “malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là !”
Judas, celui qui le livrait, prit la parole : “Rabbi, serait-ce moi ?”
Jésus lui répond : “C’est toi-même qui l’as dit !” » (Mt 26, 24-25)

Or, la vie éternelle commence dès ici-bas. Si l’absence de vie terrestre aurait été préférable pour Judas, c’est qu’elle s’avéra vaine pour préparer la suivante (y compris s’il avait dû endurer un très long purgatoire).

Jésus : « Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. » (Jn 17, 12)

Le premier Concile de l’Église se réunit pour nommer un remplaçant (et non un successeur) à Judas :

« Ensuite, on fit cette prière : “Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel [parmi Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias] tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne.” » (Ac 1, 24-25)

L’Église célèbre la fête de tous les apôtres, excepté Judas qui ne figure pas au calendrier des Saints, car elle ne croit pas qu’il soit au Ciel.

L’Église prie pour les âmes du Purgatoire. Or, elle n’a jamais prié pour que Judas aille au Ciel, car elle ne croit pas qu’il soit au Purgatoire, car il n’a pas espéré en la miséricorde du Seigneur après sa trahison. Les Pères de l’Église ont toujours été clairs à ce sujet.

Concile de Trente confirme la perte éternelle de Judas :

« [Certains] s’abandonnent à tel point au chagrin et à la désolation, qu’ils viennent à désespérer entièrement de leur salut. […] tel fut certainement Judas que “le repentir de son crime conduisit à se pendre lui-même”, perdant ainsi la vie et son âme tout ensemble. » (Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 21)

« [Certains] n’embrassent l’État ecclésiastique que pour se procurer ce qui est nécessaire à la nourriture et au vêtement, ils ne cherchent que le gain dans le Sacerdoce […] D’autres sont conduits au Sacerdoce par la soif des honneurs et par l’ambition. Il en est enfin qui ne recherchent les Ordres que pour s’enrichir […] Ce sont ceux-là que notre Sauveur appelle des mercenaires, et dont le Prophète Ézéchiel disait : “Ils se paissent eux-mêmes, et non leurs brebis.” (Ez 34) […] Aussi ne tirent-ils point d’autre fruit de leur Sacerdoce, que celui que recueillit Judas de son apostolat, c’est-à-dire leur perte éternelle. » (Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 26)

Ce que nous apprennent les révélations privées sur l’enfer

Dans l’histoire du catholicisme, Dieu a donné à de nombreuses mystiques de voir l’enfer de leurs yeux afin d’en rendre compte aux hommes. Ce fut le cas de Sainte Catherine de Sienne (XIVème siècle), de Sainte Françoise Romaine (fondatrice des Oblates, XIV-XVème siècles), de Sainte Thérèse d’Avila (première femme docteur de l’Église, XVIème siècle), de Sainte Véronique Giuliani (XVII-XVIIIème siècles), de bienheureuse Anne-Catherine Emmerich (XVIII-XIXème siècles), du pape Léon XIII (XIXème siècle), de Sainte Josepha Menendez (XXème siècle), de sœur Sainte Faustine (XXème siècle), de Lucie, de Jacinthe et de François de Fatima (XXème siècle), de Maria Valtorta (XXème siècle), de Luz Amparo (XXème siècle), ou encore du père José Maniyangat (XX-XXIème siècles). Nier l’enfer, c’est soit se croire plus savant que Dieu, Marie et les Saints, soit les nier eux-mêmes (Valtorta, 503.11).

Sainte Thérèse d’Avila (Espagne, XVIème siècle)

Sainte Thérèse d’Avila : « J’avais enduré de très cruelles souffrances dans ma vie, et, de l’aveu des médecins, les plus grandes que l’on puisse endurer ici-bas ; j’avais vu tous mes nerfs se contracter à l’époque où je perdis l’usage de mes membres ; en outre, j’avais été assaillie par divers maux dont quelques-uns, comme je l’ai dit, avaient le démon pour auteur. Tout cela, néanmoins, n’est rien en comparaison des douleurs que je sentis alors ; et ce qui y mettait le comble, c’était la vue qu’elles seraient sans interruption et sans fin.
Mais ces tortures du corps ne sont rien à leur tour auprès de l’agonie de l’âme. C’est une étreinte une angoisse, une douleur si sensible, c’est en même temps une si désespérée et si amère tristesse, que j’essaierais en vain de les dépeindre. Si je dis qu’on se sent continuellement arracher l’âme, c’est peu ; car dans ce cas, c’est une puissance étrangère qui semble ôter la vie, mais ici, c’est l’âme qui se déchire elle-même.
Non, jamais je ne pourrai trouver d’expression pour donner une idée de ce feu intérieur et de ce désespoir, qui sont comme le comble de tant de douleurs et de tourments. Je ne voyais pas qui me les faisait endurer, mais je me sentais brûler et comme hacher en mille morceaux : je ne crains pas de le dire, le supplice des supplices, c’est ce feu intérieur et ce désespoir de l’âme.
[…] J’ignore la manière dont cela se passa, mais je compris bien que c’était une grâce insigne, et que le Seigneur avait voulu me faire voir, de mes propres yeux, de quel supplice sa miséricorde m’avait délivrée. Car […] tout ce que les livres nous disent des déchirements et des supplices divers que les démons font subir aux damnés, tout cela n’est rien auprès de la peine, d’un tout autre genre, dont j’ai parlé ; il y a entre l’un et l’autre la même différence qu’entre un portrait inanimé et une personne vivante ; et brûler en ce monde est très peu de chose, en comparaison de ce feu où l’on brûle dans l’autre.
Je demeurai épouvantée, et quoique six ans à peu près se soient écoulés depuis cette vision, je suis en cet instant saisie d’un tel effroi en l’écrivant, que mon sang se glace dans mes veines. Au milieu des épreuves et des douleurs, j’évoque ce souvenir, et dès lors tout ce qu’on peut endurer ici-bas ne me semble plus rien, je trouve même que nous nous plaignons sans sujet.
Je le répète, cette vision est à mes yeux une des plus grandes grâces que Dieu m’ait faites ; elle a contribué admirablement à m’enlever la crainte des tribulations et des contradictions de cette vie ; elle m’a donné du courage pour les souffrir ; enfin, elle a mis dans mon cœur la plus vive reconnaissance envers ce Dieu qui m’a délivrée, comme j’ai maintenant sujet de le croire, de maux si terribles et dont la durée doit être éternelle.
Depuis ce jour, encore une fois, tout me parait facile à supporter, en comparaison d’un seul instant à passer dans le supplice auquel je fus alors en proie. Je ne puis assez m’étonner de ce qu’ayant lu tant de fois des livres qui traitent des peines de l’enfer, j’étais si loin de m’enformer une idée juste, et de les craindre comme je l’aurais dû. A quoi pensais-je alors, et comment pouvais-je goûter quelque repos dans un genre de vie qui m’entraînait à un si effroyable abîme ?
Ô mon Dieu, soyez-en éternellement béni ! Vous avez montré que vous m’aimiez beaucoup plus que je ne m’aime moi-même. Combien de fois m’avez-vous délivrée de cette prison si redoutable, et combien de fois n’y suis-je point rentrée contre votre volonté ! » (cf. Livre de la Vie, chapitre 32)

Sœur Faustine (Pologne, XXème siècle)

Sœur Faustine, après avoir vu l’enfer : « Une chose que j’ai remarquée c’est qu’il y avait là beaucoup d’âmes qui doutaient que l’enfer existât. » (cf. Le Petit Journal, 740)

Lucie, Jacinthe et François (Fatima, Portugal, XXème siècle)

La vision de l’enfer constitue le premier des trois secrets confiés par la Vierge Marie aux trois petits voyants de Fatima, au Portugal. Cela se produit le 13 juillet 1917. Sœur Lucie écrira dans ses Mémoires : « Notre-Dame nous montra un océan de feu qui paraissait être sous terre et, plongés dans ce feu, les démons et les âmes des damnés ». Après leur avoir révélé cet abîme d’horreur, la Sainte Vierge leur explique : « Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. »

Lors de l’apparition du mois suivant – le 19 août 1917 – la Sainte Vierge, attristée, leur dit : « Priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »

→ Lire les Mémoires de sœur Lucie

Maria Valtorta (Italie, XXème siècle)

Écoutons maintenant ce que dit Jésus au sujet de l’enfer dans les transcriptions de la mystique catholique italienne Maria Valtorta :

Jésus, regardant les bandelettes mortuaires de Lazare brûlées après la résurrection de son ami : « Le feu va faire disparaître la putréfaction… La putréfaction de la mort… Mais celle des cœurs… de ces cœurs-là, aucun feu ne la fera disparaître… Pas même le feu de l’enfer. Elle sera éternelle… Quelle horreur !… Plus que la mort… Plus que la corruption… Et…Mais qui te sauvera, ô Humanité, si tu aimes tant être corrompue ! Tu veux être corrompue. Et moi… Un seul mot m’a suffi pour arracher un homme au tombeau… Mais malgré un flot de paroles… et de souffrances, je ne pourrai arracher au péché l’homme, les hommes, des millions d’hommes. » (Valtorta, 548.17)

Jésus : « Judas a été et est la douleur la plus grande dans la mer de mes douleurs. C’est la douleur qui demeure… Les autres souffrances ont pris fin avec la fin du Sacrifice. Mais celle-là reste. Je l’ai aimé. Je me suis consumé moi-même dans mon effort pour le sauver… J’ai pu ouvrir les portes des limbes et en tirer les justes, j’ai pu ouvrir les portes du Purgatoire et en tirer ceux qui se purifiaient. Mais le lieu d’horreur était fermé sur lui. Pour lui, ma mort a été vaine. » (Valtorta, 634.7)

Jésus : « Pour les bons, ce sera l’extase, pour les satans, ce sera la foudre, mes amis. En vérité je vous le dis : être toute la vie esclave, lépreux, mendiant, est un bonheur royal en comparaison d’une heure, d’une seule heure de punition divine. » (Valtorta, 110.3)

Témoignages d’expériences de mort imminente (EMI)

Témoignages d’exorcismes

Les nombreux cas bien documentés de possessions démoniaques mettent en évidence la réalité des démons (anges déchus) et, donc, de l’enfer.

→ Lire à ce sujet notre dossier sur le père Gabriele Amorth, prêtre exorciste à Rome, revenant sur les dizaines de milliers d’exorcismes qu’il a pratiqué

Beaucoup d’âmes vont-elles en enfer ?

Cette question fut déjà posée à Jésus, il y a 2000 ans :

« Quelqu’un demanda [à Jésus] : “Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ?” Jésus leur dit : “Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas.” » (Lc 13, 23-24)

Au milieu du XXème siècle, Jésus dit à Maria Valtorta que sa souffrance rédemptrice est inutile pour au moins les deux tiers de l’humanité, y compris chrétienne :

Jésus : « Courage, Maria. Pense que tu subis les douleurs de mon agonie. Moi aussi, j’avais très mal aux poumons et au diaphragme, et chaque respiration, chaque mouvement, chaque battement était une nouvelle douleur qui s’ajoutait à la douleur. Et je n’étais pas comme toi sur un lit, mais grevé d’un poids dans des rues qui grimpaient. Et puis, suspendu, sous le soleil, avec une fièvre si forte qu’elle battait dans mes veines comme d’innombrables marteaux.
Mais ce n’étaient pas là les pires souffrances. Plus torturante encore était l’agonie du cœur et de l’esprit. Et le plus grand tourment de tous était la certitude que, pour des millions et des millions d’humains, ma souffrance était inutile. Et pourtant cette certitude n’a pas diminué d’un atome ma volonté de souffrir pour vous. […]
Et en vérité, je vous dis qu’en ce moment, par ordre du père du mensonge, ses enfants moissonnent parmi les âmes qui avaient été créées pour moi et que j’ai inutilement fertilisées de mon Sang. Moisson plus abondante qu’aucune espérance diabolique ne puisse concevoir ; les Cieux frémissent devant les pleurs du Rédempteur qui voit la ruine des deux tiers du monde chrétien. Et deux tiers, c’est peu dire. » (Valtorta, Catéchèse du vendredi 24 septembre 1943)

Jésus : « l’esprit [peut-être] littéralement tué par la créature qui déchoit volontairement de son trône de fille de Dieu et devient pire qu’une brute. Elle devient démon, fille de démon. En vérité, je te dis que plus des deux tiers de la race humaine appartiennent à cette catégorie qui vit sous le signe de la Bête. Pour elle, je suis mort en vain. » (Valtorta, Les Cahiers, 7 juin 1943)

Cette proportion peut rappeler les paroles prophétiques de Zacharie annonçant que deux tiers seront retranchés dans tout le pays et périront, et que l’autre tiers y restera et y sera épuré et éprouvé avant d’être uni à Dieu :

« Il arrivera dans tout le pays – oracle du Seigneur – que deux tiers en seront retranchés, périront, et que l’autre tiers y restera. Je ferai passer ce tiers par le feu ; je l’épurerai comme on épure l’argent, je l’éprouverai comme on éprouve l’or. Lui, il invoquera mon nom, et moi, je lui répondrai. Je dirai : “C’est mon peuple !”, et lui, il dira : “Le Seigneur est mon Dieu !” » (Za 13, 8-9)

Comme l’avait dit Jésus : « beaucoup sont appelés, mais peu sont élus » (Mt 22, 14), car « elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent » (Mt 7, 13-14).

Ainsi, Saint Augustin (« massa damnata ») et Saint Thomas d’Aquin pensaient que la majorité des âmes allaient en enfer.

Mais il n’appartient pas aux hommes de dire qui va en enfer.

En effet, Jésus nous demande continuellement de ne pas juger, car « pour condamner avec justice, il faudrait être exempt de faute » (Valtorta, 494.5), ce qui impossible à l’homme en raison du péché originel. Seul Dieu est parfaitement saint et seul lui peut juger dans sa perfection.

Pape Saint Jean-Paul II : « La damnation demeure une possibilité réelle, mais il ne nous est pas donné de connaître, sans révélation divine particulière, quels êtres humains sont effectivement concernés. La pensée de l’enfer – et plus encore la mauvaise utilisation des images bibliques – ne doit pas créer de psychose ni d’angoisse, mais représente un avertissement nécessaire et salutaire à la liberté, au sein de l’annonce selon laquelle Jésus le Ressuscité a vaincu Satan, nous donnant l’Esprit de Dieu, qui nous fait invoquer “Abba, Père.” (Rm 8, 15 ; Ga 4, 6) » (Audience générale, L’enfer comme refus définitif de Dieu, 28 juillet 1999, n°4)

Ne jamais désespérer du salut

Comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, Dieu veut rassembler tous les humains (Mt 23, 37 ; Lc 13, 34). Il « ne prend plaisir à la mort de personne » ; il veut que nous nous convertissions, que le méchant se détourne de sa conduite, et que nous vivions (Ez 18, 23&32). « Il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4). Pour cela, Jésus n’est « pas venu juger le monde, mais le sauver » (Jn 12, 47).

Jésus à Luisa Piccarreta : « Ma fille, [penser que tu pourrais être damnée] est une bizarrerie qui attriste grandement mon Amour. Si une fille disait à son père : “Je ne suis pas ta fille. Tu ne me donneras pas une part de ton héritage. Tu ne veux pas me donner de nourriture. Tu ne me veux pas dans ta maison”. Et qu’elle s’en affligeait, que dirait le pauvre père ? Il dirait : “Absurde ! cette fille est folle !” Puis, avec amour, il ajouterait : “Si tu n’es pas ma fille, la fille de qui es-tu donc ? Tu vis sous mon toit, tu manges à ma table, je t’habille avec l’argent gagné par mon labeur. Si tu es malade, je t’assiste et je te procure tous les soins pour que tu guérisses. Pourquoi donc doutes-tu que tu es ma fille ?”
Avec beaucoup plus de raisons encore, Je dirais à celui qui douterait de mon Amour et craindrait d’être damné : “Qu’est-ce à dire ? Je te donne ma Chair à manger, tu vis de tout ce qui M’appartient ; Si tu es malade, Je te guéris avec les sacrements. Si tu es sale, Je te lave avec mon Sang. Je suis toujours à ta disposition et tu doutes ? Veux-tu M’attrister ? Et puis, dis-Moi, aimerais-tu quelqu’un d’autre ? En reconnais-tu un autre comme père ? Et tu dis n’être pas ma fille ?” » (cf. Le Livre du Ciel, Tome 12, 12 mai 1917)

Jésus : « Il n’est pas de plus grand amour que le mien ! Il n’est pas de plus grand pouvoir que le mien. Lorsque je dis : “Je veux”, le Père lui-même y consent. Or je ne sais prononcer que des paroles de pitié pour ceux qui sont tombés et qui, du fond de leur abîme, tendent les bras vers moi. » (Valtorta, 589.9)

Jésus : « Ce qui m’afflige, c’est votre crainte. Elle me prouve que non seulement vous ne m’avez pas perçu comme roi, mais pas même comme ami. Pourquoi ne venez-vous pas ? Mais revenez donc ! Ce que la joie de m’aimer ne vous avait pas permis de comprendre, vous a été rendu clair par la douleur de m’avoir fait souffrir. Oh ! venez, venez, mes amis ! N’augmentez pas votre ignorance en restant loin de moi, vos doutes en vous cachant, vos amertumes en vous interdisant mon amour. Vous voyez ? Nous souffrons autant vous que moi d’être séparés. Moi, plus encore que vous. Venez donc, faites-moi cette joie. » (Valtorta, 489.4)

Jésus : « Bien souvent, Dieu attend le sacrifice d’un cœur, qui surmonte ses nausées et ses indignations, ses antipathies, même justifiées, pour arracher une âme au marécage où il s’enfonce. Oui, je vous le dis : bien souvent Dieu, le Tout-Puissant, le Tout, attend qu’une créature, un rien, fasse ou ne fasse pas un sacrifice, une prière, pour signer ou ne pas signer la condamnation d’une âme. Il n’est jamais trop tard pour essayer de sauver une âme ou du moins de l’espérer. Je vous en donnerai des preuves. Même au seuil de la mort, quand aussi bien le pécheur que le juste, qui pour lui se tourmente, sont près de quitter la terre pour arriver au premier jugement de Dieu, on peut toujours sauver ou être sauvé. […] entre la fin de l’agonie et la mort, il est toujours temps d’obtenir le pardon, pour soi-même ou ceux pour qui nous le demandons. » (Valtorta, 519.2)

Jésus : « En effet l’homme, tu le sais pour me l’avoir entendu dire des milliers de fois, l’homme peut se sauver tant que dure sa vie, jusqu’à son dernier soupir. Il suffit d’un instant, d’un millième de minute, pour que tout soit dit entre l’âme et Dieu, pour qu’elle demande pardon et obtienne l’absolution… » (Valtorta, 567.15)

Le combat spirituel

La vie terrestre est une préparation à la vie céleste. Elle est déjà le purgatoire qui précède le Ciel. Elle est la salle d’attente (active) de la maison du Père. Voilà pourquoi Jésus nous dit de veiller et de prier, car nous ne savons ni le jour ni l’heure de notre mort (Mt 25, 13). Pour bien comprendre cette tension qui se joue au sein de notre liberté, il nécessaire de saisir ce qu’est le combat spirituel.

« Tu nous as fait Seigneur pour toi et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. » (Saint Augustin)

À cette fin, nous pouvons, par exemple, lire le livre de référence de Saint François de Sales : Le Combat spirituel de Lorenzo Scupoli.

De surcroit, satan est particulièrement actif à l’heure de la mort pour faire chuter l’âme au moment de son ultime fiat. Dans ce dernier combat, Jésus nous offre le chapelet de la Miséricorde Divine qui est d’un grand secours pour les agonisants.

Jésus promit à Sainte Faustine : « À l’heure de la mort, je défends comme ma propre gloire chaque âme qui récite ce chapelet elle-même, ou bien si d’autres le récitent près de l’agonisant l’indulgence est la même. Quand on récite ce chapelet auprès de l’agonisant, la colère divine s’apaise, la miséricorde insondable s’empare de son âme. » (Le Petit journal, 811)

Non par nos seules forces, mais d’abord par l’accueil de la grâce

Nous sommes tous pécheurs et personne ne peut être sauvé par lui-même.

Mais Dieu :

  • nous aime,
  • rien ne lui est impossible,
  • lui seul est saint.

« les disciples se demandaient entre eux : “Mais alors, qui peut être sauvé ?” Jésus les regarde et dit : “Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu.” »(Mc 10, 26-27)

« J’ai vu, dans la main droite de celui qui siège sur le Trône, un livre en forme de rouleau, écrit au-dedans et à l’extérieur, scellé de sept sceaux. Puis j’ai vu un ange plein de force, qui proclamait d’une voix puissante : “Qui donc est digne d’ouvrir le Livre et d’en briser les sceaux ?” Mais personne, au ciel, sur terre ou sous la terre, ne pouvait ouvrir le Livre et regarder. Je pleurais beaucoup, parce que personne n’avait été trouvé digne d’ouvrir le Livre et de regarder. Mais l’un des Anciens me dit : “Ne pleure pas. Voilà qu’il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David : il ouvrira le Livre aux sept sceaux.” » (Ap 5, 1-5)

Jésus à Judas : « Ne prétends pas : “et moi, je me rachèterai.” Cela t’est impos­sible. Moi seul puis te racheter. […] Dis-moi la parole de l’humilité : “Seigneur, sauve-moi !” et je te délivrerai de celui qui te domine. Ne comprends-tu pas que j’attends ces mots plus que le baiser de ma Mère ? » (Valtorta, 567.26)

Dieu s’est librement livré en sacrifice à notre place, pour nous rendre l’accès au Ciel (fermé par la faute originelle).

« le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. » (Is 53, 6)

Il convient de ne pas se méprendre en pensant pouvoir être sauvé par nos propres forces. Mais d’exprimer notre repentir et notre amour, avec simplicité, humilité, sincérité et espérance, et de nous laisser sauver. Comme un enfant, sans fausseté ni orgueil.

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 18, 10-14)

« Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : “Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.” » (Mt 18, 2-4)

En se convertissant et en passant de l’homme ancien à l’homme nouveau, nous collaborons à l’extension du royaume de Dieu sur terre par nos bonnes œuvres. Celles-ci vérifient notre conversion, comme conséquence logique empreinte de joie, et non comme une contrainte teintée d’amertume.

Saint Jacques : “la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire : “Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi.” (Jc 2, 17-18)

Voilà pourquoi les chrétiens sont des alter christi ayant le Christ qui vit en eux (Ga 2, 20), sel de la terre et lumière du monde (Mt 5, 13), et doivent « veiller et prier, pour ne pas entrer en tentation, car l’esprit est ardent, mais la chair est faible » (Mt 26, 41).

Le purgatoire

Mais, faut-il être saint pour éviter l’enfer ?

« Quelqu’un tire [l’apôtre Thomas] par la manche :
– Il est très sévère ? demande-t-il en montrant Jésus.
– Non. Au contraire, il est trop bon.
– Moi, qu’en dis-tu, est-ce que je me sauverai ? Je ne suis pas au nombre des disciples. Mais tu sais comme je suis et comme j’ai toujours cru à ce que tu me disais. Mais je ne sais pas faire davantage. Comment dois-je m’y prendre exactement pour me sauver, en plus de ce que je fais déjà ?
– Demande-le-lui. Il aura une main et un jugement plus doux et plus juste que le mien.
L’homme s’avance et dit :
– Maître, je suis fidèle à la Loi et, depuis que Thomas m’a répété tes paroles, j’essaie de l’être davantage. Mais je suis peu généreux. Je fais ce que je suis bien obligé de faire. Je m’abstiens de ce qui est mal, car j’ai peur de l’enfer. Mais j’aime mes aises et… je l’avoue, je m’efforce d’agir de façon à ne pas pécher, mais sans trop me gêner pour autant. Est-ce que je me sauverai en me conduisant ainsi ?
– Tu te sauveras. Mais pourquoi être avare avec le bon Dieu qui est si généreux envers toi ? Pourquoi ne souhaiter pour soi que le salut, obtenu difficilement, et non pas la grande sainteté qui donne tout de suite une paix éternelle ? Allons, homme ! Sois généreux avec ton âme !
L’homme dit humblement :
– J’y réfléchirai, Seigneur. J’y réfléchirai. Je sais que tu as raison et que je fais tort à mon âme en l’obligeant à une longue purification avant d’avoir la paix.
– Bravo ! Cette pensée est déjà un début de perfec­tionnement. » (Valtorta, 363.6)

Dieu ne sauve pas uniquement les justes (les saints). Sa miséricorde élargit l’espace de sa tente (Is 54, 2) aux personnes de bonne volonté. Mais Dieu demeure juste et il faut l’être pour s’unir éternellement à lui, au Paradis ; voilà pourquoi il y a le purgatoire. Le purgatoire, implicitement évoqué dans la Bible (ici : 2 M 12, 43-46 ; Za 13, 9 ; Mt 5, 26) et explicité au fil des âges, est un état intermédiaire dans lequel l’âme qui, au terme de sa vie terrestre n’est pas pleinement unie à l’Amour divin, sans pour autant porter des péchés mortels impardonnés, finit d’être purifiée. En effet, le péché ne peut pas entrer au Paradis.

Les âmes du purgatoire peuvent être aidées par les actes des fidèles sur terre : messes, prières, sacrifices, indulgence de la Toussaint, etc.

Pape Pie IV : « L’Église catholique, instruite par l’Esprit Saint, à partir de la sainte Écriture et de la tradition ancienne des Pères, a enseigné dans les saints conciles et tout dernièrement dans ce concile œcuménique qu’il y a un purgatoire et que les âmes qui y sont retenues sont aidées par les suffrages des fidèles, et surtout par le sacrifice de l’autel si agréable à Dieu. » (Concile de Trente, Se. 25 ; 3 & 4 décembre 1563)

Vierge Marie : « La plupart des hommes, lorsqu’ils meurent, vont au purgatoire. Un très grand nombre va également en enfer. Seul un petit nombre d’âmes vont directement au Ciel. Tu ferais mieux de tout abandonner pour être emmené directement au Ciel au moment de ta mort. » (Medjugorje, Message du 2 novembre 1983)

Jésus : « [L’homme] devra subir une purification après la vie, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent » (Valtorta, 524.9)

Jésus : « N’est-il pas préférable de souffrir ici, plutôt qu’au purgatoire ? Pensez ! le temps y est multiplié par mille ! » (Valorta, 83.2) [Cette temporalité est confirmée par la Gospa de Medjugorje.]

Une information capitale : les non baptisés qui ont choisi le voie du bien au cours de leur vie sont sauvés, mais demeurent au purgatoire jusqu’au terme des temps. Cette connaissance ne peut qu’aviver notre compassion et notre zèle, plein de douceur et d’amour, à leur communiquer la vraie religion.

Jésus : Le « païen vertueux […] obtiendra le Ciel à la fin. Mais quand ? À la fin du monde, quand il ne subsistera que deux des quatre séjours des morts : le Paradis et l’enfer. Car la Justice, à ce moment-là, ne pourra que conserver et donner les deux royaumes éternels à ceux qui auront choisi les bons fruits de l’arbre du libre arbitre, ou voulu les fruits mauvais. » (Valtorta, 444.6)

Dieu à sœur Sainte Faustine (au sujet du purgatoire qu’il vient de lui montrer) : « Ma Miséricorde ne veut pas cela, mais la justice l’exige. » (Le Petit journal)

Pour aller plus loin, nous pourrons lire les écrits de la mystique catholique autrichienne Maria Simma (1915-2004) à laquelle Dieu confia la charge, pendant une grande partie de sa vie terrestre, d’aider les âmes du purgatoire. Lire un extrait de son livre Les âmes du purgatoire m’ont dit (Éditions du Parvis).

Chantage ? Liberté ?

Une mère qui dirait à son enfant « ne mets pas ta main dans le feu pour éviter de te brûler gravement » serait-elle coupable de chantage ? Non. Elle l’avertit de lois universelles, préexistantes, prédominantes et justes (le feu ayant sa nécessité), parce qu’elle l’aime et veut son bien.

Dieu est le créateur. Nous sommes ses créatures. Nous n’avons pas créé la vie, l’Amour, ou leurs lois. Notre rôle est de les découvrir et d’en comprendre la perfection. « Ouvre mes yeux, que je contemple les merveilles de ta loi » (Ps 118, 18). La vraie liberté ne consiste pas à être créateur des lois, mais à pouvoir se situer de manière libre par rapport à elles et d’en assumer la radicale responsabilité.

Précision sémantique : l’enfer ou les enfers ?

Le terme hébreu shéol et le terme du grec ancien hadès sont synonymes : ils désignent tous deux le tombeau commun des défunts – aussi appelé « les limbes » ou « sein d’Abraham » – dans lequel patientaient les justes décédés avant que Jésus n’ouvrent les portes des Cieux par sa mort et sa Résurrection. Ces termes n’ont pas de connotation négative et ont souvent été traduit par le pluriel « les enfers« . Voilà pourquoi le Credo dit que Jésus « descendit aux enfers » après avoir souffert sa Passion.

En revanche, le terme hébreu géhenne (terme d’origine hébraïque) désigne, quant à lui, le lieu des souffrances éternelles supervisé par le diable.

Cette confusion sémantique amène de nombreuses personnes à penser que Jésus a libéré les âmes de l’enfer après sa mort et que, désormais, ce lieu serait potentiellement vide ou provisoire, ce qui est faux.

En conclusion

Dire que parce que le Bon Dieu est bon l’enfer ne peut pas exister est un raisonnement logique tronqué qui ampute les notions de liberté et de justice qu’implique l’Amour véritable.

Il existe de multiples dynamiques qui nous amènent à obéir : la peur, la coercition, le chantage, l’intérêt, le devoir… mais c’est la seule qui vaille est l’amour.

L’enfer n’est pas le désir de Dieu. Il ne doit pas être un moyen de chantage. Pareillement, la peur de l’enfer ne devrait pas être notre élan intérieur pour aller à Dieu : c’est à son Amour que nous devons nous laisser nous aimanter.

Jésus s’adressant à un pécheur : « La peur [de l’enfer] n’est pas bonne. C’est le repentir qu’il faut, un repentir sincère et ferme. » (Valtorta, 458.4)

Jésus nous dit qu’il faut être fidèle dans notre foi et nos œuvres, « non par crainte du châtiment, mais par amour pour [Dieu] » (Valtorta, 78.6)

Jésus : « Qu’aucune crainte excessive ne vous paralyse. Faites-le sans escompter éviter ainsi le châtiment. Agissez seulement par amour pour Dieu, qui vous a créés pour vous aimer et être aimé de vous. Et vous obtiendrez une place dans la Maison paternelle. » (Valtorta, 501.2)

Saint Jean : « Il n’y a pas de crainte dans l’amour, l’amour parfait bannit la crainte ; car la crainte implique un châtiment, et celui qui reste dans la crainte n’a pas atteint la perfection de l’amour. » (1 Jn 4, 18)

Jésus nous dit de ne pas agir « avec tiédeur, poussés au travail uniquement par la pensée de ne pas mériter l’enfer, c’est-à-dire par la peur du châtiment. Ce n’est pas cette façon de travailler que mon Père récompense par une gloire immédiate. Au contraire, à ces calculateurs égoïstes qui ont le souci de faire le bien et seulement le peu de bien suffisant pour ne pas obtenir une peine éternelle, le Juge éternel demandera une longue expiation. Ils devront ainsi apprendre à leurs dépens à se donner un esprit actif en amour, et en un amour vrai, tout tourné vers la gloire de Dieu. » (Valtorta, 534.3)

« Ne craignez pas tant le jugement d’un si doux Maître. » (Vénérable père François Libermann, refondateur de la Congrégation du Saint-Esprit, Lettres de direction spirituelle, n°10, XIXème siècle)

Jésus : « L’homme est avare de ses jours et la mort lui fait horreur. Plus il est enveloppé dans les ténèbres d’une fausse religion, ou dans l’incroyance, et plus il craint la mort. Mais celui qui vient à la vraie foi perd toute terreur de la mort, car il sait qu’au-delà de la mort, il y a une vie éternelle, où les âmes se retrouveront et où n’existeront plus ni peines ni séparations. » (Valtorta, 493.5)

Jésus : « Je vous demande d’observer [les dix commandements] avec perfection, c’est-à-dire non pas par peur de la colère de Dieu contre ses transgresseurs, mais par amour pour votre Dieu qui est Père. Je viens mettre votre main de fils dans celle de votre Père. » (Valtorta, 565.4)

Marcel : « Comment se fait-il que j’entende certains frères dire qu’ils ont grand peur de toi ? Petit Jésus, quelle est donc ta conduite à l’égard des autres âmes pour qu’elles aient ainsi peur de toi ? Car si tu agissais avec elles comme avec moi, je me demande qui pourrait encore avoir peur de toi, puisque tu es si bon, si doux, ne trouvant de plaisir qu’à aimer. Qu’il y ait encore des âmes qui ont peur de toi, c’est là une chose que je trouve bien étrange. Il ne t’est jamais arrivé de me gronder et pourtant il se trouve des âmes qui ont peur de toi. Serait-ce parce que tu traites chaque âme de façon différente ? »
Jésus : « Oui, Marcel c’est bien étrange. Moi-même je trouve cela étrange, et je ne comprends pas pourquoi bon nombre d’âmes ont ainsi peur de moi. Elles ont tellement peur, qu’elles n’osent même pas ouvrir la bouche pour m’adresser une parole d’amitié. Pourtant, je me comporte envers ces âmes tout comme envers toi. Mais, Marcel, que cela ne t’étonne pas outre mesure ; ce qui explique l’attitude de ces âmes, c’est qu’elles n’ont pas assez d’amour pour moi, qu’elles ne veulent pas écouter mes paroles, ni recevoir mes baisers. Si elles m’aimaient véritablement, elles n’auraient aucune raison d’avoir peur. En effet, c’est uniquement parce qu’elles comparent mon amour à celui des créatures terrestres, qu’elles craignent de la sorte. Si, au contraire, elles se servaient du regard de la foi pour sonder la profondeur de mon amour, il est certain que leur crainte s’évanouirait. Et pour être encore plus précis, Marcel, tu entends bien : on a peur, parce qu’on veut bien avoir peur, car je ne fais rien qui soit de nature à effrayer qui que ce soit. Et si jamais mon amour voulait semer la terreur parmi les hommes, il ne mériterait plus le nom “d’Amour”. Si, en présence de l’amour, ces âmes continuent de craindre, c’est que, pour elles, mon amour n’est pas l’amour… Ma conduite envers toutes les âmes est la même qu’envers toi, Marcel ; je voudrais également leur donner mes baisers et leur témoigner mon amour ; mais parce qu’elles ne cessent d’avoir peur, je ne puis leur donner ces baisers, ni même leur adresser une parole… Ce n’est pas pour toi que j’ai dit ces paroles, mais bien pour les âmes qui ont peur de moi. » (Marcel Van, Œuvres complètes, tome 2 : Colloques, éd. Amis de Van, 2017, pp.126-128)

Cependant, nous pouvons constater que la théorie de l’enfer vide a pour conséquence implicite de vider de sa substance la notion de sanctification, c’est-à-dire de chercher, par la grâce de Dieu, à devenir meilleur. En effet, si les despotes vont au même endroit que les saints, à quoi bon faire des efforts, aller à la messe dominicale, s’humilier à confesser nos péchés à un prêtre ou oser proclamer l’Évangile à des inconnus ? Jouissons plutôt sans entrave, on ira tous au Paradis !

Cette nouvelle vision qui entendait souligner la Miséricorde infinie de Dieu (confondant ici « infinie » et « automatique ») fut l’un des moteurs de la déchristianisation de l’occident. Cette déchristianisation n’épargna pas les religieux puisqu’on estime que plus de 60.000 prêtres auraient quitté les ordres à travers le monde en 1964 et 2004.

Jésus : « Te rends-tu compte de la tragique situation de beaucoup de mes prêtres en train de marcher à grands pas vers la damnation éternelle ? Peut-il y avoir sur la terre une tragédie plus grande, plus horrible que celle-là ? Peut-il y avoir une tromperie plus diabolique que celle répandue de notre temps par des pseudo-maîtres affirmant que l’enfer n’existe pas et que la Miséricorde divine ne pourrait jamais permettre la damnation éternelle d’une âme ?
Ceux qui divulguent ces hérésies voudraient supprimer la Justice divine, alors qu’ils devraient pourtant savoir qu’en Moi Miséricorde et Justice sont indivisibles, parce qu’en Moi elles sont une même et unique chose. » (Don Michelini, Confidences de Jésus à ses prêtres et à ses fidèles, Dictée du 19 septembre 1975)

Cette compréhension est si fondamentale, que le saint curé d’Ars, Jean-Marie Vianney, que l’Église a érigé au rang patron universel de tous les prêtres, aurait, lors de sa première année de ministère, parlé de l’enfer dans tous ses sermons.

Il est intéressant de souligner que, proche de la pensée des sadducéens, Judas Iscariote ne croyait ni en satan, ni en l’enfer. Il les considérait comme une « légende », comme une « blague ». Il était également déterministe, croyant que la volonté de Dieu « est tellement infinie qu’elle écrase et anéantit la volonté limitée des créatures », qui ne seraient, dès lors, que de simples « automates mus par lui, […] des êtres privés de volonté ». En conséquence, il pensait que Dieu « ne nous punira pas » et qu’il nous « récompensera tous de la même façon », « parce que nos fautes ne sont pas volontaires » (Valtorta, 356.4-5). Dans sa vision dévoyée, ce n’est plus l’humain qui était le responsable de ses péchés, mais Dieu. Nous sommes dans une inversion typiquement démoniaque.

Le diable tel un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer (1 P 5, 8). Il a donc tout intérêt à encourager l’hérésie de la miséricorde automatique et la théorie de l’enfer vide pour assoupir notre vigilance dans le combat spirituel et vider les églises (une tactique plus subtile que le fait de faire croire qu’il n’existe pas, selon les mots de Beaudelaire).

→ Lisez notre article sur les moyens pour aller au Ciel (bientôt disponible)

Ressources complémentaires