Jusqu’au milieu du XXème siècle, les fidèles qui fréquentaient l’Église catholique entendaient fréquemment parler de l’enfer comme d’une réalité sérieuse. L’enfer pouvait même être employé abusivement, comme un moyen de chantage (si tu ne fais pas ceci tu iras en enfer, si tu fais cela tu iras en enfer).
Puis, en quelques décennies à peine, le discours religieux s’est renversé. Le Bon Dieu étant bon comment pourrait-il envoyer quelqu’un en enfer ? De plus, les âmes qui seraient au Paradis pourraient-elles jouir en plénitude de la béatitude éternelle en sachant que, simultanément, certains de leurs proches souffrent pour l’éternité ?
Ces objections ont été popularisées par d’influents penseurs et théologiens (le père jésuite Hans Urs von Balthasar popularisant la théorie de l’apocatastase ; etc.) dans le grand remous post-concile. Elles trouvèrent dans les séminaires et les facultés catholiques un si bon accueil qu’il est probable que, au début du XXIème siècle en France, la majorité des religieux croient que l’enfer est vide.
Alors qu’en est-il ? L’enfer est-il un mythe moyenâgeux désuet ou une réalité ?
Nous verrons dans cet article ce qu’enseignent les Écritures, la Tradition catholique et le Magistère, mais également ce que nous apprennent les révélations privées et certaines personnes ayant vécu une expérience de mort imminente (EMI).
La thèse du père Hans Urs von Balthasar
À la fin de sa vie, le père jésuite suisse-allemand Hans Urs von Balthasar (1905-1988) développe sa pensée sur les fins dernières dans deux ouvrages : Espérer pour tous (Éditions Desclée de Brouwer, 1988) et L’enfer une question (Éditions Desclée de Brouwer, 1991). Il se base sur les éléments suivants :
- L’affirmation de Paul à Timothée : “[Dieu notre Sauveur] veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité.” (1 Tm 2, 4)
- Le fait que personne ne pourrait dire que l’enfer soit ou bien rempli, ou bien vide.
- Dans le livre des Actes des apôtres, Saint Pierre utilise le terme “apocataste”, du grec ancien apokatastasis, signifiant “le rétablissement” ou “la restauration”. (“Il faut en effet que le ciel l’accueille jusqu’à l’époque où tout sera rétabli, comme Dieu l’avait dit par la bouche des saints, ceux d’autrefois, ses prophètes.” ; Ac 3, 21.) Dès lors, le père Balthasar, se demande jusqu’à quel point va se rétablissement ?
En effet, Saint Paul dit dans ses lettres :
- “Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu.” (2 Co 5, 21)
- “Quant à cette malédiction de la Loi, le Christ nous en a rachetés en devenant, pour nous, [objet de] malédiction, car il est écrit [dans Deutéronome 21, 23] : Il est maudit, celui qui est pendu au bois du supplice.” (Ga 3, 13)
À partir de ces deux derniers passages, le père Balthasar émet l’hypothèse – à partir de l’interprétation du Samedi Saint – que Jésus aurait pris sur lui à la fois nos péchés et les conséquences de nos péchés (ceci incluant la damnation éternelle caractérisée par les peines “du dam” et “du sens“).
Ainsi, à la certitude de la damnation ou de son absence, le père Balthasar préfère la voie médiane de l’espérance pour tous (dans la lignée d’Origène et d’Édith Stein). Dès lors, il invite à prier pour tous.
Au sujet des révélations privées qui viendraient contredire sa thèse, le père Balthasar répond qu’elles n’engagent pas la foi de l’Église dans son noyau fondamental (or, dans ce noyau, l’Église ne pourrait pas, selon lui, affirmer qu’une personne est en enfer). Dès lors, les révélations privées auraient plus vocation à révéler les conséquences de nos choix que d’affirmer la vérité sur le destin ultime des âmes concernant leur salut éternel.
Le père Balthasar fut un penseur jésuite extrêmement influent et proche des papes. Le père jésuite Henri de Lubac le considérait comme “le plus grand génie du XXème siècle”. Sa pensée a eu une influence certaine sur une partie de l’épiscopat et sa vision du catéchisme.
Voyons maintenant ce qu’enseigne l’Église.
La liberté : l’amour ne peut pas être total sans liberté véritable
Dieu est Amour. Il a créé les êtres humains pour une relation d’amour authentique. Pour que cet amour soit véritable, il nous a créé libres, de l’accepter ou de le rejeter. En effet, si Dieu nous avait programmé comme des robots pour que nous l’aimions constamment, notre amour pour lui n’aurait aucune valeur. Exactement comme un jeune homme qui forcerait la fille dont il est épris devenir sa femme. La véritable relation d’amour n’est possible que lorsque la jeune fille répond, d’un cœur libre et sincère, être elle aussi est amoureuse du jeune homme et souhaiter partager sa vie. Ainsi, l’amour est indissociable de la liberté.
Il en fut de même pour les anges, créés avant les humains.
Azarias : “À l’origine, tout n’était qu’ordre, dans la création. Mais l’ordre n’exclut pas la liberté. Au contraire, la liberté parfaite se trouve dans l’ordre. […] Tel était l’univers tout entier avant que Lucifer n’abuse de sa liberté pour susciter en lui-même le désordre des passions – et cela, par sa propre volonté – pour mettre du désordre dans l’ordre parfait. S’il avait été tout amour, il n’y aurait pas eu place en lui pour autre chose que l’amour. Mais il y eut place pour l’orgueil, auquel on pourrait donner ce nom : le désordre de l’intelligence. Dieu aurait-il pu empêcher tout cela ? Oui. […] Dieu n’opprime pas l’esprit troublé pour le mettre de force dans l’impossibilité de pécher. Dans ce cas, il n’aurait eu aucun mérite à ne pas pécher. Pour nous aussi, il fut nécessaire de ‘savoir vouloir le Bien’ pour continuer à mériter de jouir de la vue de Dieu, Béatitude infinie !” (Message d’Azarias, l’ange gardien de Maria Valtorta, du 20 janvier 1946)
Pour que notre amour pour Dieu soit vrai, il nous a créé pleinement libres de l’accepter ou de le rejeter. C’est la “souveraine liberté de pensée et de volonté que Dieu lui-même laisse aux hommes” (Valtorta, 561.10). Et Dieu respecte notre liberté, même s’il souffre de nos rejets. (Nous savons combien Jésus – Dieu incarné – a souffert sur la Croix lorsque son peuple l’a rejeté.)
Par conséquent, si Dieu imposait à tous le paradis – y compris à ceux qui le rejettent librement –, nous ne serions pas véritablement libres et son amour ne serait pas parfait.
Le Ciel ne peut pas violer le libre arbitre qu’il donne aux âmes en gage d’amour. Dieu ne pouvant pas nous obliger à l’aimer, nous avons le droit à l’enfer (c’est le droit de la créature).
Le Paradis et l’enfer sont des états plus que des lieux. État béatifique parfait pour le premier ; état de souffrance absolu pour le second. Le Paradis est l’état dans lequel se trouve l’âme qui est unie à Dieu. L’enfer est l’état dans lequel se trouve l’âme qui s’est librement coupée de Dieu. Parce que ces états sont hors des sphères matérielles et temporelles telles que nous les connaissons sur terre, ils s’inscrivent dans un éternel présent.
Notre courte vie terrestre constitue donc un enjeu immense en ce qu’elle détermine pour un après qui, lui, est sans fin. Elle est l’espace et le temps de notre choix face à la question que Dieu nous pose : Veux-tu, oui ou non, vivre en mon Amour pour l’éternité ?
Jésus : “Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”.” (Mt 5, 37)
“Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi.” (Saint Augustin, Amis de Dieu, nos 23-24)
Ce n’est pas Dieu qui envoie l’âme en enfer, mais elle qui s’y rend en le refusant par sa vie.
“Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix. Car la sagesse du Seigneur est grande, fort est son pouvoir, et il voit tout. Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît toutes les actions des hommes. Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher.” (Si 15, 15-20)
L’objectif de Dieu n’est pas de départager les âmes en deux camps binaires. Et l’enfer n’est assurément pas son désir. Bien au contraire, son désir est de sauver tous les hommes qu’il aime infiniment, à tel point que la Deuxième Personne de la Trinité a pris une chair humaine pour s’offrir en suprême holocauste pour cela. “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime” nous dit Jésus (Jn 15, 13).
Jésus : “Sauver ! C’est pour sauver l’humanité que j’ai quitté le ciel. C’est pour sauver l’humanité que j’ai connu la mort.” (Valtorta, Les Cahiers, 9 janvier 1943)
Puis, après avoir tout donné, il se résigne à respecter le libre choix de chacun au terme de sa vie. C’est l’âme qui, mourant en état de refus de Dieu, se dirige d’elle-même en enfer. L’enfer est la juste conséquence de l’indispensable liberté pour que l’Amour soit authentique.
Jésus : “Ce n’est pas pour tous que j’ai été Sauveur. Pour tous, j’ai voulu l’être, mais je ne l’ai pas été, car tous n’ont pas eu la volonté d’être sauvés.” (Valtorta, 494.7)
Jésus à Judas, peu de temps avant que ce dernier ne le livre : “Ils seront des centaines de mille, qui commettront les mêmes péchés que toi et se livreront au démon de leur propre volonté, qui offenseront Dieu, tortureront père et mère et seront assassins, voleurs, menteurs, adultères, luxurieux, sacrilèges, et enfin déicides, en tuant matériellement le Christ un jour prochain, ou spirituellement dans leur cœur dans les temps futurs.” (Valtorta, 567.15)
La vie terrestre est une préparation à la vie céleste. Elle est déjà le purgatoire qui précède le Ciel. Elle est la salle d’attente (active) de la maison du Père. Voilà pourquoi Jésus nous dit de veiller et de prier, car nous ne savons ni le jour ni l’heure de notre mort (Mt 25, 13). Pour bien comprendre cette tension qui se joue au sein de notre liberté, il nécessaire de saisir ce qu’est le combat spirituel. À cette fin, nous pouvons, par exemple, lire le livre de référence de Saint François de Sales : Le Combat spirituel de Lorenzo Scupoli.
De surcroit, satan est particulièrement actif à l’heure de la mort pour faire chuter l’âme au moment de son ultime fiat. Dans ce dernier combat, Jésus nous offre le chapelet de la Miséricorde Divine qui est d’un grand secours pour les agonisants.
Jésus promit à Sainte Faustine : “À l’heure de la mort, je défends comme ma propre gloire chaque âme qui récite ce chapelet elle-même, ou bien si d’autres le récitent près de l’agonisant l’indulgence est la même. Quand on récite ce chapelet auprès de l’agonisant, la colère divine s’apaise, la miséricorde insondable s’empare de son âme.” (Sœur Faustine, Le Petit journal, 811)
La justice : Dieu est juste
Si, à sa mort, le plus sanguinaire des despotes recevait le même traitement que Saint François d’Assise, il n’y aurait aucune justice.
La miséricorde : Dieu est miséricordieux
Jésus : “Je sauverai ceux qui se repentent et reviennent à Dieu. Les impénitents n’obtiendront pas de rédemption.” (Valtorta, 131.4)
Dieu sait de quoi nous sommes faits (Ps 102, 14). Parce qu’il est Amour, il est prêt à tout moment à nous relever dans sa miséricorde. Mais sa miséricorde n’est pas automatique (sinon il n’y aurait ni liberté, ni justice). Elle est le fruit d’une rencontre, de retrouvailles. Jésus l’illustre, entre autres, par la parabole du fils prodigue (Lc 15, 11-32). Le pêcheur doit entreprendre une démarche d’humilité, de conversion, en comprenant qu’il s’est (parfois très gravement) égaré, en demandant pardon et en souhaitant sincèrement prendre le parti du bien. Dès lors, Dieu lui-même se précipite à sa rencontre pour l’accueillir les bras ouverts et lui pardonner. “C’est ainsi qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.” (Lc 15, 7)
Jésus s’adressant à un ami de Zachée, anciennement proxénète et nouvellement converti : “C’est vrai ! Ton crime est grand. Tu as beaucoup à réparer. Mais moi, la Miséricorde, je t’affirme que, même si tu étais le démon en personne et si tu avais commis tous les crimes de la terre, si tu le veux, tu peux tout réparer et être pardonné par Dieu, par le Dieu vrai, grand et paternel. Si tu le veux. Unis ta volonté à la mienne. Moi aussi, je veux que tu sois pardonné. Unis-toi à moi. Donne-moi ta pauvre âme déshonorée, ruinée, couverte de cicatrices et avilie, depuis que tu as abandonné le péché. Je la mettrai dans mon cœur, là où je mets les plus grands pécheurs, et je l’emmènerai avec moi dans le Sacrifice rédempteur. Le sang le plus saint, celui de mon cœur, le dernier sang de celui qui sera consumé pour les hommes, se répandra sur les plus grandes ruines et les régénérera. Pour le moment, garde l’espérance, une espérance plus grande que ton crime immense, dans la miséricorde de Dieu, car elle est sans bornes, ô homme, pour qui sait se confier à elle.” (Valtorta, 524.4)
Jésus à Judas, peu avant que ce dernier ne le livre : “Je t’assure que, même après le Crime des crimes, si le coupable courait se jeter aux pieds de Dieu, avec un vrai repentir, et s’il le suppliait en pleurant de lui pardonner en s’offrant pour expier avec confiance, sans désespoir, Dieu lui pardonnerait, et par l’expiation le coupable sauverait encore son âme.” (Valtorta, 567.25)
Jésus : “Dieu t’ouvrira les portes de son Royaume si tu sais croire en sa miséricorde.” (Valtorta, 520.6)
Jésus à Judas : “Ne prétends pas : “et moi, je me rachèterai.” Cela t’est impossible. Moi seul puis te racheter. […] Dis-moi la parole de l’humilité : “Seigneur, sauve-moi !” et je te délivrerai de celui qui te domine. Ne comprends-tu pas que j’attends ces mots plus que le baiser de ma Mère ?” (Valtorta, 567.26)
Pour rendre manifeste cette miséricorde divine, Jésus a institué le sacrement de la réconciliation lors de l’envoi final de ces apôtres aux extrémités de la terre :
“La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. […] À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus.” (Jn 20, 23)
En conséquence, la confession auriculaire était déjà pratiquée chez les tout premiers chrétiens :
Saint Jacques : “Confessez donc vos péchés les uns aux autres” (Jc 5, 16)
Au XXème siècle, Jésus a continué de révéler au monde, par l’intermédiaire de Sainte Faustine, une humble religieuse polonaise, l’ampleur insondable de sa divine Miséricorde. Cette révélation privée a donné lieu à la fête de la Miséricorde Divine le premier dimanche après Pâques, ainsi qu’aux dévotions du chapelet de la Miséricorde Divine et de l’heure de la Miséricorde Divine (chaque jour à 15h).
Jésus : “Vous ne connaissez pas le vrai visage de Dieu. Si vous le connaissiez et si vous en connaissiez l’esprit, vous sauriez que le principal attribut de Dieu, c’est l’amour, et l’amour miséricordieux.” (Valorta, 476.6)
Ce que dit le Nouveau Testament au sujet de l’enfer
Les Écritures, la Tradition et le Magistère ont toujours été clairs et unanimes sur l’existence de l’enfer.
Jésus, lui-même, mentionne l’enfer à quinze reprises dans les Évangiles.
Jésus enseigna : “Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Dans l’Hadès, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.
Alors il cria : ‘Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.’
Abraham : ‘Mon enfant, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.’
Le riche : ‘Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !’
Abraham : ‘Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !’
Le riche : ‘Non, père Abraham, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.’
Abraham : ‘S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.’” (Lc 16, 19-31)
Jésus : “De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ; ils les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu’il entende !” (Mt 13, 40-43)
Jésus : “Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle.” (Mt 25, 31-46)
Jésus : “Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.” (Mt 5, 20)
Jésus : “Si quelqu’un traite [son frère] de fou, il sera passible de la géhenne de feu.” (Mt 5, 22)
Jésus : “Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.” (Mt 5, 29)
Jésus : “Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.” (Mt 5, 30)
Jésus : “Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas.” (Mc 9, 43-48)
Saint Paul : “Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu.” (1 Co, 6, 9-10)
Saint Paul : “lorsque, du haut du ciel, le Seigneur Jésus se révélera avec les anges, messagers de sa puissance, dans le feu flamboyant ; alors il fera justice contre ceux qui ignorent Dieu et à ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ceux-là subiront comme châtiment la ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force” (2 Th 1, 7-9)
Saint Jean : “la Mort et le séjour des morts rendirent aussi ceux qu’ils retenaient, et ils furent jugés, chacun selon ses actes. Puis la Mort et le séjour des morts furent précipités dans l’étang de feu – l’étang de feu, c’est la seconde mort. Et si quelqu’un ne se trouvait pas inscrit dans le livre de la vie, il était précipité dans l’étang de feu.” (Ap 20, 13-15)
Si l’enfer et la damnation n’existaient pas, pourquoi Jésus en parlerait-il ? N’est-il pas la Vérité ? Désire-t-il nous égarer ou nous sauver ? Nous sauver de quoi ?
Ce qu’enseigne l’Église sur l’enfer
Le pape Saint Jean-Paul II explique comment interpréter les représentations que nous venons de voir :
“En ayant recours à des images, le Nouveau Testament présente le lieu destiné aux personnes qui se sont rendues coupables d’injustice comme une fournaise ardente, où ‘seront les pleurs et les grincements de dents’ (Mt 13, 42 ; Mt 25, 30-41), ou encore comme la géhenne «dans le feu qui ne s’éteint pas» (Mc 9, 43). Tout cela est exprimé de façon narrative dans la parabole du riche, dans laquelle l’on précise que les enfers sont le lieu de la peine définitive, sans possibilité de retour ou d’allègement de la douleur (Lc 16, 19-31). L’Apocalypse représente de façon expressive dans un ‘étang de feu’ ceux qui se soustraient au livre de la vie, allant ainsi à la rencontre de la ‘seconde mort’ (Ap 20, 14-15). Celui, donc, qui s’obstine à ne pas s’ouvrir à l’Évangile se prédispose à une ‘perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur et de la gloire de sa force’ (2 Th 1, 9). Les images à travers lesquelles l’Écriture Sainte nous présente l’enfer doivent être correctement interprétées. Elles indiquent la frustration et le vide complet d’une vie sans Dieu. Plus qu’un lieu, l’enfer indique la situation dans laquelle se trouve celui qui s’éloigne librement et définitivement de Dieu, source de vie et de joie.” (Audience générale, L’enfer comme refus définitif de Dieu, 28 juillet 1999, n°2-3)
Il faut préciser qu’il a différents types et gradations dans le péché : péchés véniels, péchés graves, péchés mortels.
“La vie éternelle comme récompense du bon mérite ou la peine du supplice éternel pour les péchés.” (Denzinger, Fides Damasi, n°72)
“Ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle ; ceux qui auront commis le mal iront au feu éternel.” (Symbole de Saint Athanase)
“Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot ’enfer’.” (CEC 1033)
“L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, le feu éternel” (CEC 1035)
Cardinal Ratzinger : “Inutile de discuter : la notion de damnation éternelle a bel et bien sa place dans l’enseignement de Jésus, comme dans les écrits des apôtres. Le dogme affirmant l’existence de l’enfer et l’éternité de la damnation repose donc sur des bases solides.” (source)
Le Pape François s’adressant aux mafieux italiens : “S’il vous plaît, changez de vie, convertissez-vous! Arrêtez-vous de faire le mal ! […] Nous prions pour vous. Convertissez-vous. Je vous le demande à genoux. C’est pour votre bien. […] Cette vie que vous menez à présent ne vous donnera pas de plaisir, ni de joie. Elle ne vous donnera pas le bonheur. Le pouvoir et l’argent que vous avez maintenant à travers tant d’affaires sales, tant de crimes mafieux, c’est de l’argent ensanglanté, du pouvoir ensanglanté : vous ne pourrez l’emportez avec vous dans l’autre vie… […] Convertissez-vous, il est encore temps pour ne pas finir en enfer. C’est ce qui vous attend si vous continuez sur cette voie. Vous avez eu un papa et une maman. Pensez un peu à eux, réfléchissez un peu et convertissez-vous…” (21 mars 2014, église San Gregorio, Rome)
Où se trouve Judas ?
La déduction suivante a été proposée par l’abbé Pagès d’après les Écritures, la Tradition de l’Église et le Magistère :
“Jésus leur dit : ‘N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable !’ Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer.” (Jn 6, 70-71)
Or, il n’y a pas de diable au Paradis.
Jésus dit : “‘malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là !’
Judas, celui qui le livrait, prit la parole : ‘Rabbi, serait-ce moi ?’
Jésus lui répond : ‘C’est toi-même qui l’as dit !'” (Mt 26, 24-25)
Or, la vie éternelle commence dès ici-bas. Si l’absence de vie terrestre aurait été préférable pour Judas, c’est qu’elle s’avéra vaine pour préparer la suivante.
Jésus : “Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.” (Jn 17, 12)
Le premier Concile de l’Église se réunit pour nommer un remplaçant (et non un successeur) à Judas :
“Ensuite, on fit cette prière : ‘Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel [parmi Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias] tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne.'” (Ac 1, 24-25)
L’Église célèbre la fête de tous les apôtres, excepté Judas qui ne figure pas au calendrier des Saints, car elle ne croit pas qu’il soit au Ciel.
L’Église prie pour les âmes du Purgatoire. Or, elle n’a jamais prié pour que Judas aille au Ciel, car elle ne croit pas qu’il soit au Purgatoire.
Les Pères de l’Église ont toujours été clairs à ce sujet.
Ce que nous apprennent les révélations privées sur l’enfer
Dans l’histoire du catholicisme, Dieu a donné à de nombreuses mystiques de voir l’enfer de leurs yeux afin d’en rendre compte aux hommes. Ce fut le cas de Sainte Catherine de Sienne (XIVème siècle), de Sainte Françoise Romaine (fondatrice des Oblates, XIV-XVème siècles), de Sainte Thérèse d’Avila (première femme docteur de l’Église, XVIème siècle), de Sainte Véronique Giuliani (XVII-XVIIIème siècles), de bienheureuse Anne-Catherine Emmerich (XVIII-XIXème siècles), du pape Léon XIII (XIXème siècle), de Sainte Josepha Menendez (XXème siècle), de sœur Sainte Faustine (XXème siècle), de Lucie, de Jacinthe et de François de Fatima (XXème siècle), de Maria Valtorta (XXème siècle), de Luz Amparo (XXème siècle), ou encore du père José Maniyangat (XX-XXIème siècles). Nier l’enfer, c’est soit se croire plus savant que Dieu, Marie et les Saints, soit les nier eux-mêmes (Valtorta, 503.11).
Sœur Faustine (Pologne, XXème siècle)
Sœur Faustine, après avoir vu l’enfer : “J’ai remarqué une chose, il y a là-bas beaucoup d’âmes qui doutaient que l’enfer existe.”
Lucie, Jacinthe et François (Fatima, Portugal, XXème siècle)
La vision de l’enfer constitue le premier des trois secrets confiés par la Vierge Marie aux trois petits voyants de Fatima, au Portugal. Cela se produit le 13 juillet 1917. Sœur Lucie écrira dans ses Mémoires : “Notre-Dame nous montra un océan de feu qui paraissait être sous terre et, plongés dans ce feu, les démons et les âmes des damnés”. Après leur avoir révélé cet abîme d’horreur, la Sainte Vierge leur explique : “Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé.”
Lors de l’apparition du mois suivant – le 19 août 1917 – la Sainte Vierge, attristée, leur dit : “Priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles.”
Maria Valtorta (Italie, XXème siècle)
Écoutons maintenant ce que dit Jésus au sujet de l’enfer dans les transcriptions de Maria Valtorta :
Jésus, regardant les bandelettes mortuaires de Lazare brûlées après la résurrection de son ami : “Le feu va faire disparaître la putréfaction… La putréfaction de la mort… Mais celle des cœurs… de ces cœurs-là, aucun feu ne la fera disparaître… Pas même le feu de l’enfer. Elle sera éternelle… Quelle horreur !… Plus que la mort… Plus que la corruption… Et…Mais qui te sauvera, ô Humanité, si tu aimes tant être corrompue ! Tu veux être corrompue. Et moi… Un seul mot m’a suffi pour arracher un homme au tombeau… Mais malgré un flot de paroles… et de souffrances, je ne pourrai arracher au péché l’homme, les hommes, des millions d’hommes.” (Valtorta, 548.17)
Jésus : “Judas a été et est la douleur la plus grande dans la mer de mes douleurs. C’est la douleur qui demeure… Les autres souffrances ont pris fin avec la fin du Sacrifice. Mais celle-là reste. Je l’ai aimé. Je me suis consumé moi-même dans mon effort pour le sauver… J’ai pu ouvrir les portes des limbes et en tirer les justes, j’ai pu ouvrir les portes du Purgatoire et en tirer ceux qui se purifiaient. Mais le lieu d’horreur était fermé sur lui. Pour lui, ma mort a été vaine.” (Valtorta, 634.7)
Témoignages d’expériences de mort imminente (EMI)
Seul Dieu juge
Jésus nous demande continuellement de ne pas juger. Car “pour condamner avec justice, il faudrait être exempt de faute” (Valtorta, 494.5), ce qui impossible à l’homme en raison du péché originel. Ainsi, il n’appartient pas aux hommes de dire qui va en enfer. Le jugement revient à Dieu seul dans sa perfection.
“La damnation demeure une possibilité réelle, mais il ne nous est pas donné de connaître, sans révélation divine particulière, quels êtres humains sont effectivement concernés. La pensée de l’enfer – et plus encore la mauvaise utilisation des images bibliques – ne doit pas créer de psychose ni d’angoisse, mais représente un avertissement nécessaire et salutaire à la liberté, au sein de l’annonce selon laquelle Jésus le Ressuscité a vaincu Satan, nous donnant l’Esprit de Dieu, qui nous fait invoquer “Abba, Père.” (Rm 8, 15 ; Ga 4, 6)” (Pape Saint Jean-Paul II, Audience générale, L’enfer comme refus définitif de Dieu, 28 juillet 1999, n°4)
Ne jamais désespérer du salut
Jésus : “Bien souvent, Dieu attend le sacrifice d’un cœur, qui surmonte ses nausées et ses indignations, ses antipathies, même justifiées, pour arracher une âme au marécage où il s’enfonce. Oui, je vous le dis : bien souvent Dieu, le Tout-Puissant, le Tout, attend qu’une créature, un rien, fasse ou ne fasse pas un sacrifice, une prière, pour signer ou ne pas signer la condamnation d’une âme. Il n’est jamais trop tard pour essayer de sauver une âme ou du moins de l’espérer. Je vous en donnerai des preuves. Même au seuil de la mort, quand aussi bien le pécheur que le juste, qui pour lui se tourmente, sont près de quitter la terre pour arriver au premier jugement de Dieu, on peut toujours sauver ou être sauvé. […] entre la fin de l’agonie et la mort, il est toujours temps d’obtenir le pardon, pour soi-même ou ceux pour qui nous le demandons.” (Valtorta, 519.2)
Jésus : “En effet l’homme, tu le sais pour me l’avoir entendu dire des milliers de fois, l’homme peut se sauver tant que dure sa vie, jusqu’à son dernier soupir. Il suffit d’un instant, d’un millième de minute, pour que tout soit dit entre l’âme et Dieu, pour qu’elle demande pardon et obtienne l’absolution…” (Valtorta, 567.15)
Le purgatoire
Le purgatoire, implicitement évoqué dans la Bible (en 2 M 12, 43-46 et Mt 5, 26) et explicité au fil des âges, est un état intermédiaire dans lequel l’âme qui, au terme de sa vie terrestre n’est pas pleinement unie à l’Amour divin, sans pour autant porter des péchés mortels impardonnés, finit d’être purifiée. En effet, le péché ne peut pas entrer au Paradis.
Les âmes du purgatoire peuvent être aidées par les actes des fidèles sur terre : messes, prières, sacrifices, indulgence de la Toussaint, etc.
“L’Église catholique, instruite par l’Esprit Saint, à partir de la sainte Écriture et de la tradition ancienne des Pères, a enseigné dans les saints conciles et tout dernièrement dans ce concile œcuménique qu’il y a un purgatoire et que les âmes qui y sont retenues sont aidées par les suffrages des fidèles, et surtout par le sacrifice de l’autel si agréable à Dieu.” (Pape Pie IV, Concile de Trente, Se. 25 ; 3 & 4 décembre 1563)
Jésus : “[L’homme] devra subir une purification après la vie, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent” (Valtorta, 524.9)
“N’est-il pas préférable de souffrir ici, plutôt qu’au purgatoire ? Pensez ! le temps y est multiplié par mille !” (Valorta, 83.2) [Cette temporalité est confirmée par la Gospa de Medjugorje.]
Dieu à sœur Sainte Faustine (au sujet du purgatoire qu’il vient de lui montrer) : “Ma Miséricorde ne veut pas cela, mais la justice l’exige.” (Sainte Faustine, Le Petit journal)
Pour aller plus loin, nous pourrons lire les écrits de la mystique catholique autrichienne Maria Simma (1915-2004) à laquelle Dieu confia la charge, pendant une grande partie de sa vie terrestre, d’aider les âmes du purgatoire. Lire un extrait de son livre Les âmes du purgatoire m’ont dit (Éditions du Parvis).
Chantage ? Liberté ?
Une mère qui dirait à son enfant “ne mets pas ta main dans le feu pour éviter de te brûler gravement” serait-elle coupable de chantage ? Non. Elle l’avertit de lois universelles, préexistantes, prédominantes et justes (le feu ayant sa nécessité), parce qu’elle l’aime et veut son bien.
Dieu est le créateur. Nous sommes ses créatures. Nous n’avons pas créé la vie, l’Amour, ou leurs lois. Notre rôle est de les découvrir et d’en comprendre la perfection. “Ouvre mes yeux, que je contemple les merveilles de ta loi” (Ps 118, 18). La vraie liberté ne consiste pas à être créateur des lois, mais à pouvoir se situer de manière libre par rapport à elles et d’en assumer la radicale responsabilité.
Précision sémantique : l’enfer ou les enfers ?
Le terme hébreu shéol et le terme du grec ancien hadès sont synonymes : ils désignent tous deux le tombeau commun des défunts – aussi appelé “les limbes” ou “sein d’Abraham” – dans lequel patientaient les juste décédés avant que Jésus n’ouvrent les portes des Cieux par sa mort et sa Résurrection. Ces termes n’ont pas de connotation négative et ont souvent été traduit par le pluriel “les enfers“. Voilà pourquoi le Credo dit que Jésus “descendit aux enfers” après avoir souffert sa Passion.
En revanche, le terme hébreu géhenne (terme d’origine hébraïque) désigne, quant à lui, le lieu des souffrances éternelles supervisé par le diable.
Cette confusion sémantique amène de nombreuses personnes à penser que Jésus a libéré les âmes de l’enfer après sa mort et que, désormais, ce lieu serait potentiellement vide ou provisoire, ce qui est faux.
En conclusion
Dire que parce que le Bon Dieu est bon l’enfer ne peut pas exister est un raisonnement logique tronqué qui ampute les notions de liberté et de justice qu’implique l’Amour véritable.
Il existe de multiples dynamiques qui nous amènent à obéir : la peur, la coercition, le chantage, l’intérêt, le devoir… mais c’est la seule qui vaille est l’amour.
L’enfer n’est pas le désir de Dieu. Il ne doit pas être un moyen de chantage. Pareillement, la peur de l’enfer ne devrait pas être notre élan intérieur pour aller à Dieu : c’est à son Amour que nous devons nous laisser nous aimanter.
Jésus s’adressant à un pécheur : “La peur [de l’enfer] n’est pas bonne. C’est le repentir qu’il faut, un repentir sincère et ferme.” (Valtorta, 458.4)
Jésus nous dit qu’il faut être fidèle dans notre foi et nos œuvres, “non par crainte du châtiment, mais par amour pour [Dieu]” (Valtorta, 78.6)
Jésus : “Qu’aucune crainte excessive ne vous paralyse. Faites-le sans escompter éviter ainsi le châtiment. Agissez seulement par amour pour Dieu, qui vous a créés pour vous aimer et être aimé de vous. Et vous obtiendrez une place dans la Maison paternelle.” (Valtorta, 501.2)
Saint Jean : “Il n’y a pas de crainte dans l’amour, l’amour parfait bannit la crainte ; car la crainte implique un châtiment, et celui qui reste dans la crainte n’a pas atteint la perfection de l’amour.” (1 Jn 4, 18)
Jésus nous dit de ne pas agir “avec tiédeur, poussés au travail uniquement par la pensée de ne pas mériter l’enfer, c’est-à-dire par la peur du châtiment. Ce n’est pas cette façon de travailler que mon Père récompense par une gloire immédiate. Au contraire, à ces calculateurs égoïstes qui ont le souci de faire le bien et seulement le peu de bien suffisant pour ne pas obtenir une peine éternelle, le Juge éternel demandera une longue expiation. Ils devront ainsi apprendre à leurs dépens à se donner un esprit actif en amour, et en un amour vrai, tout tourné vers la gloire de Dieu.” (Valtorta, 534.3)
“Ne craignez pas tant le jugement d’un si doux Maître.” (Vénérable père François Libermann, refondateur de la Congrégation du Saint-Esprit, Lettres de direction spirituelle, n°10, XIXème siècle)
Jésus : “L’homme est avare de ses jours et la mort lui fait horreur. Plus il est enveloppé dans les ténèbres d’une fausse religion, ou dans l’incroyance, et plus il craint la mort. Mais celui qui vient à la vraie foi perd toute terreur de la mort, car il sait qu’au-delà de la mort, il y a une vie éternelle, où les âmes se retrouveront et où n’existeront plus ni peines ni séparations.” (Valtorta, 493.5)
Jésus : “Je vous demande d’observer [les dix commandements] avec perfection, c’est-à-dire non pas par peur de la colère de Dieu contre ses transgresseurs, mais par amour pour votre Dieu qui est Père. Je viens mettre votre main de fils dans celle de votre Père.” (Valtorta, 565.4)
Cependant, nous pouvons constater que la théorie de l’enfer vide a pour conséquence implicite de vider de sa substance la notion de sanctification, c’est-à-dire de chercher, par la grâce de Dieu, à devenir meilleur. En effet, si les despotes vont au même endroit que les saints, à quoi bon faire des efforts, aller à la messe dominicale, s’humilier à confesser nos péchés à un prêtre ou oser proclamer l’Évangile à des inconnus ? Jouissons plutôt sans entrave, on ira tous au Paradis !
Cette nouvelle vision qui entendait souligner la Miséricorde infinie de Dieu (confondant ici “infinie” et “automatique”) fut l’un des moteurs de la déchristianisation de l’occident. Cette déchristianisation n’épargna pas les religieux puisqu’on estime que plus de 60.000 prêtres auraient quitté les ordres à travers le monde en 1964 et 2004.
Le diable tel un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer (1 P 5, 8). Il a donc tout intérêt à encourager l’hérésie de la miséricorde automatique et la théorie de l’enfer vide pour assoupir notre vigilance dans le combat spirituel et vider les églises (une tactique plus subtile que le fait de faire croire qu’il n’existe pas, selon les mots de Beaudelaire).