Introduction
Comme son nom l’indique, le protestantisme est né par opposition au catholicisme.
Apparu au XVIème siècle, ce courant religieux rassemble les sectes issues de la Réforme (plus de 40.000 à ce jour). Toutes entendent revenir au christianisme des origines, en rompant avec l’histoire de l’Église catholique romaine.
Or, nous assistons actuellement, tout particulièrement aux États-Unis, à un phénomène important : après des décennies de ministère et d’études religieuses, de nombreux pasteurs protestants se convertissent au catholicisme (religion pour laquelle ils avaient généralement entretenu une vive hostilité). Nous pouvons, par exemple, mentionner Dr. Scott Hahn, Keith & Estelle Nester, Dr. John Bergsma, Dr. Peter Kreeft, etc.
Nous allons voir, en suivant le cheminement spirituel et intellectuel de ces infatigables chercheurs de Dieu, les grandes caractéristiques du protestantisme et y répondre, point par point.
Les personnes et les dates fondatrices
Le protestantisme englobe notamment :
- Le luthéranisme fondé au XVIème siècle par Martin Luther.
- Le calvinisme fondé au XVIème siècle par Jean Calvin.
- Le presbytérianisme fondé au XVIème siècle par John Knox, en Écosse.
- L’anglicanisme fondé au XVIème siècle par le roi Henri VIII, en Angleterre.
- Le méthodisme a été fondé en 1784 par John Wesley.
- Les évangéliques englobent :
- L’anabaptisme, qui englobe :
- Le huttérisme a été fondé en 1528 par Jacob Hutter, en Tchéquie.
- Le mennonisme a été fondé en 1540 par Menno Simons (ancien prêtre catholique), aux Pays-Bas. [Reportage]
- La Société religieuse des Amis (Quaker) a été fondée au XVIIème siècle par George Fox.
- Les Amish sont les membres d’une communauté qui a été fondée en 1693 par Jakob Amman, en France.
- Le baptisme a été fondé en 1609 par John Smyth et Thomas Helwys, en Hollande.
- Le pentecôtisme (ou Églises de Réveil) fondé au début du XXème siècle par Charles Fox Parham et William Joseph Seymour, aux États-Unis.
- L’anabaptisme, qui englobe :
- …
→ En savoir plus sur les fondateurs protestants.
À l’inverse, le catholicisme romain a été fondé il y a 2000 ans par Jésus Christ, en Terre Sainte.
Le narratif protestant
Pour les protestants, après l’Ascension de Jésus Christ au Ciel, les premiers chrétiens vécurent fidèlement à son enseignement.
Mais, au fil des siècles, et plus particulièrement au Moyen Âge, les dirigeants de l’Église catholique romaine auraient dévoyé le message originel à leur profit en inventant et en accumulant des traditions et des pratiques d’origine humaine. Pour eux, la tradition catholique serait synonyme de « téléphone arabe » et le message, répété de siècle en siècle, aurait fini par ne plus rien avoir avec sa version originale.
Puis, au XVIème siècle, l’ex-moine Martin Luther, en Allemagne, et l’avocat-théologien français Jean Calvin, en Suisse, auraient rétabli un christianisme pur, resté caché pendant plus de 1000 ans (du IVème au XVIème siècle), en rompant avec l’autorité du pape et la tradition, pour ne revenir qu’aux seules sources bibliques.
La théologie protestante
Seule la Bible ferait autorité (sola scriptura)
Le postulat de départ :
Les protestants affirment que la Bible est la seule source du savoir religieux. Cette approche a été introduite par Martin Luther dans son Livre de Concorde, et Jean Calvin. Luther écrit ailleurs : « Tout ce qui n’est pas dans les Écritures est tout simplement une addition de Satan » (De Abroganda Missa, tome VIII, 1521).
Les paradoxes et anachronismes de ce postulat :
Ce postulat de départ est paradoxal en ce qu’il ne repose, lui-même, sur aucun argument biblique.
Prendre la Bible comme point de départ est anachronique. En effet, les premiers chrétiens n’avaient pas de Bible. Ils se transmettaient l’enseignement du Christ et les pratiques attenantes par tradition orale. Ce n’est qu’au IVème siècle après Jésus-Christ que l’Église catholique fixa la forme canonique de la Bible.
Or, c’est précisément la Tradition – rejetée par les protestants – qui permit à ce moment-là à l’Église catholique de discerner quels livres retenir pour fixer le canon biblique. Sans la Tradition, cette compilation aurait été impossible. Rejeter la Tradition revient donc à rejeter la Bible fixée grâce à elle.
Enfin, il est étonnant de voir les protestants invoquer pour seule autorité un livre dont le canon fut compilé, fixé, et transmis par l’Église catholique romaine à laquelle ils s’opposent (protestent).
Le problème de ce postulat :
Le problème de la sola scriptura est que la Bible peut être interprétée (« libre examen ») de multiples manières. Pour exemple, l’apologiste Patrick Madrid illustre le problème de la sola scriptura en montrant les façons fort divergentes d’interpréter la simple phrase : « I never said you stole money ».
Ainsi, dès leur origine, les initiateurs du protestantisme se sont querellés entre eux car chacun voulait imposer son interprétation. Ce fait est si flagrant qu’on dénombre aujourd’hui plus de 40.000 dénominations protestantes différentes de par le monde. Un nombre astronomique et qui ne cesse de croître, pour seulement quelques siècles d’existence ! La sola scriptura rend la dynamique protestante intrinsèquement schismatique. Or, la division est le fruit du diviseur (diabolos). Il est aisé de nommer le nom du fondateur humain de chaque branche du protestantisme. Mais l’origine du catholicisme remonte à Jésus Christ et à Saint Pierre seuls.
Aux États-Unis, société de la consommation et du zapping par excellence, il est fréquent de voir les protestants essayer une église après l’autre en quête de celle qui se conformera le plus à leurs opinions et désirs personnels. Ici, c’est l’individu qui pose sa propre pensée comme étalon de mesure (notons que ce point est commun avec la franc-maçonnerie ou le new age).
Les mots imprimés ne suffisent pas. Encore faut-il pouvoir les interpréter justement.
« […] quelqu’un pourrait peut-être demander : “Puisque le canon des Écritures est complet, et est suffisant par lui-même en toute chose, et plus que suffisant, d’où vient ce besoin d’y mêler l’autorité de l’interprétation de l’Église ?” Pour cette raison, parce que du fait de la profondeur des Saintes Écritures, tous ne l’acceptent pas dans un même et unique sens, mais l’un la comprend d’une manière, un autre d’une autre manière ; ainsi, il semble qu’il soit possible qu’il y ait autant d’interprétations que de lecteurs. » (Saint Vincent de Lérins, Commonitorium, Comment distinguer la vérité de l’erreur ?, I, 2)
[Ces divisions internes, présentes dès les origines du protestantisme, ne sont pas sans rappeler les divisions meurtrières qui déchirent l’islam, de la mort de Mohammed à nos jours (cf. les fitan : la bataille du chameau en 656, la bataille de Siffin en 657, etc.). Ces divisions contrastent fortement avec la paisible communion qui unissait les premiers chrétiens (tous mettaient en commun leurs biens afin que nul ne manque du nécessaire et priaient d’un même cœur ; Ac 4).]
L’approche catholique :
L’Église catholique ne dissocie pas :
- l’Écriture sacrée (la Bible)
- la Tradition sacrée (Dieu > Jésus Christ > apôtres > disciples/fidèles)
- le Magistère (enseignement d’autorité donné par l’Église)
- et l’héritage spirituel de ses Pères, ses saints et ses saintes.
Ces quatre composantes doivent être en harmonie. Leur synthèse constitue le dépôt de la foi. Voilà ce qui fait l’unité du catholicisme et lui permet de traverser les millénaires.
Ici, c’est le croyant qui se conforme humblement à ce dépôt établi par la succession apostolique. Cette mémoire vivante, passée de génération en génération, a été préservée par l’action de l’Esprit Saint. La révélation publique s’est explicitée dans le temps, toujours sous l’action de l’Esprit Saint, tout en restant intacte. Jésus l’avait dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » (Mt 16, 18)
Seule la foi sauverait (sola fide)
En se basant sur les versets suivants du Nouveau Testament :
- Jésus : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. » (Mc 16, 16)
- Saint Paul apôtre : « Le juste vivra par la foi. » (Rm 1, 17),
- Saint Paul apôtre : « Car l’aboutissement de la Loi, c’est le Christ, afin que soit donnée la justice à toute personne qui croit. » (Rm 10, 4)
- Saint Paul apôtre : « En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. » (Rm 10, 9),
- Saint Paul apôtre : « Cependant, nous avons reconnu que ce n’est pas en pratiquant la loi de Moïse que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ ; c’est pourquoi nous avons cru, nous aussi, au Christ Jésus pour devenir des justes par la foi au Christ, et non par la pratique de la Loi, puisque, par la pratique de la Loi, personne ne deviendra juste. » (Ga 2, 16)
et plus particulièrement sur le verset :
- Saint Paul apôtre : « En effet, nous estimons que l’homme devient juste par la foi [seule], indépendamment de la pratique de la loi de Moïse. » (Rm 3, 28), auquel Luther a volontairement ajouté le mot « seul » (par la foi « seule »), afin, dit-il, de mieux restituer l’esprit du texte en langue allemande, comme il s’en explique dans son Épître sur l’art de traduire et l’intercession des saints (titre original : Sendbrief vom Dolmetschen und Fürbitte der Heiligen, 1530),
les protestants affirment que le seul fait de reconnaître et d’accepter, dans son cœur, Jésus Christ comme notre Seigneur et Sauveur est suffisant pour avoir la certitude absolue d’être sauvés. En somme, que seule la foi sauve.
Or, la foi n’est que la première des trois vertus théologales, aux côtés de l’espérance et de la charité. Et Saint Paul précise que « ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Co 13, 13) ; elle « ne passera jamais » (1 Co 13, 8).
Les catholiques, eux, croient que la foi est la première étape d’une conversion profonde qui doit se transcrire par un effort constant, soutenu par la grâce, à produire des œuvres saintes (« on reconnaît l’arbre à ses fruits », Mt 7, 20 ; Lc 6, 43-44). Ce sont elles qui nous accordent les mérites du Ciel.
Les points essentiels du Salut sont :
- le baptême qui sauve, même les enfants,
- la communion de la présence réelle (« qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » Jn 6, 54),
- l’Amour en actes.
Saint Jacques : « la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. » (Jc 2, 17-18)
À savoir : Luther qualifia cette lettre de l’apôtre Jacques d’ « épître de paille » (cf. Luther, Das Newe Testament Deutzsch, 1522) et « ne la [tenait] pas pour l’œuvre d’un Apôtre » (cf. Luther, Préface aux épîtres de saint Jacques et de saint Jude, 1522), parce qu’elle contredit directement sa thèse sola fide (en savoir plus).
Jésus (et ses disciples à sa suite) nous demande explicitement de mettre en pratique (en actes) ses paroles.
Jésus : « Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique [ressemble à un homme sage qui a construit sa maison sur le roc]. » (Lc 6, 47-48)
Jésus : « Beaucoup de faux prophètes se lèveront, et ils égareront bien des gens. À cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira. Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. » (Mt 24, 11-13)
« Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité » (1 Jn 3, 16-19)
Saint Paul : « j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » (1 Co 13, 2)
Saint Paul : « mes bien-aimés, vous qui avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et profond respect » (Ph 2, 12)
Saint Pierre : « frères, redoublez d’efforts pour confirmer l’appel et le choix dont vous avez bénéficié ; en agissant de la sorte, vous ne risquez pas de tomber. C’est ainsi que vous sera généreusement accordée l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. » (2 P 1, 10-11)
Jésus : « Le Royaume de Dieu est en vous, dans votre âme qui accueille la Loi venue des Cieux comme la loi de la vraie Patrie, la loi dont la pratique rend citoyen du Royaume. » (Valtorta, 486.6)
Jésus : « Voici l’arme et la défense [véritable] : la Parole éternelle devenue la loi de chacun de vos actes. » (Valtorta, 455.13)
L’apôtre Saint Matthieu rapporte, au chapitre 20 de son Évangile, une parabole dans laquelle Jésus compare le royaume des Cieux au maître d’un domaine qui embauche des ouvriers pour sa vigne. Cette parabole montre des âmes qui s’activent, se fatiguent et œuvrent pour le bien du royaume. Nous ne sommes pas dans un schéma « la foi seule ».
Jésus, parlant des ouvriers de la dernière heure : « Celui qui croit en moi vit. La vraie vie n’est pas ce temps où vit la chair. La vie est celle que l’on obtient en croyant, en suivant la Voie, la Vérité, la Vie, et en agissant conformément à sa parole. Même s’il s’est agi de croire et de suivre pendant peu de temps, et de travailler pendant peu de temps, vite interrompu par la mort du corps, et même s’il s’agit d’un seul jour, d’une seule heure, je te dis en vérité que cette créature ne connaîtra plus la mort. En effet, mon Père, qui est le Père de tous les hommes, ne tiendra pas compte du temps passé à suivre ma Loi et à croire en moi, mais de la volonté de l’homme de vivre jusqu’à sa mort en conformité avec cette Loi et cette foi. Je promets la vie éternelle à celui qui croit en moi et agit conformément à mes paroles, en aimant le Sauveur, en propageant cet amour, en mettant en pratique mes enseignements dans le temps qui lui est accordé. » (Valtorta, 534.2-3)
Peut-on être ouvrier sans œuvrer ?
Jésus : « faites en sorte que toutes vos bonnes actions viennent couronner vos bonnes paroles. Alors vous serez vraiment regardés et entendus avec bienveillance par l’Éternel. » (Valtorta, 523.6)
En conclusion :
Pour les protestants : Foi = Salut
Pour les catholiques : Foi + Œuvres de charité = Salut
Croire que seule la foi nous sauverait a un effet pernicieux.
Si le salut était accordé automatiquement sur la seule base de notre foi, les sacrements et nos efforts deviendraient futiles ou optionnels. Cela viderait de sa substance la vie chrétienne qui est un pèlerinage vers la sainteté, à contre-courant de l’esprit du monde.
Jésus enseigne que le péché sépare de Dieu. Au chapitre 25 de l’Évangile selon Saint Matthieu, c’est bien sur la base des actes faits ou non faits que le Seigneur placera les justes à sa droite (qui iront à la vie éternelle) et les pécheurs à sa gauche (qui iront au châtiment éternel). Or, si seule la foi sauve, aucun péché ne séparerait le croyant de Dieu et la notion même de péché s’évaporerait. Ici, certains protestants arguent que le seul péché véritable serait le manque de foi, allant même jusqu’à écarter les Dix commandements. Mais cela s’oppose à l’échange entre Jésus et le jeune homme riche :
« Jésus dit [au jeune homme riche] : “Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements.”
Il lui dit : “Lesquels ?”
Jésus reprit : “Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage. Honore ton père et ta mère. Et aussi : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” » (Mt 19, 17-19)
Dans son opposition au catholicisme, Martin Luther s’adonnait à la gourmandise, au point d’en devenir gravement obèse. Des fouilles archéologiques menées chez lui à Wittenberg, où il vécut plus de trente ans, ont montré que la famille faisait bonne chère : ils mangeaient régulièrement de l’oie rôtie et de la viande tendre de porcelets, tandis qu’en périodes de jeûne des poissons onéreux ornaient la table (hareng, morue, carrelet). À son décès, à l’âge de 63 ans, Luther pesait 150 kg pour 1m75.
Seul le baptême par immersion serait valide
La communion sans transsubstantiation
Chez les protestants évangéliques, l’office est centrée sur l’individu : le prédicateur exhorte à la conversion d’un côté, le fidèle qui loue le Seigneur et lui demande des faveurs de l’autre. Les églises évangéliques doivent recruter de talentueux prédicateurs capables de procurer l’envolée que viennent rechercher les fidèles, sans quoi elles mettraient rapidement la clé sous la porte.
Chez les catholiques, l’office est centrée sur le Christ par la commémoration non sanglante de son saint sacrifice pour nous sauver. De ce fait, la qualité de la célébration ne repose pas sur les talents du prêtre à capter l’attention des fidèles (il est même fréquent que les offices de semaine n’aient pas de sermons), mais sur le respect de la liturgie qui enveloppe le sacrement de l’eucharistie.
Martin Luther citait souvent Saint Augustin. Or, Saint Augustin a écrit : « Ce n’est pas un péché de croire que le pain consacré est le corps du Christ, c’est un péché de croire qu’il ne l’est pas. »
Chapitre 6 de l’évangile selon Saint Jean.
Il ne faudrait pas confesser nos péchés à d’autres mais directement à Dieu
Les protestants rejettent le sacrement de réconciliation (confession) au motif que l’on devrait confesser nos péchés directement à Dieu. Mais cela est en contradiction avec la demande de Jésus adressés à ses disciples (les premiers prêtres) :
« À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20, 23)
et avec l’épître de l’apôtre Jacques :
« Confessez donc vos péchés les uns aux autres » (Jc 5, 16)
Le fait de sacraliser le pardon au travers d’un rituel permet :
- d’anéantir notre orgueil,
- d’attester de la miséricorde effective de Dieu. À l’inverse, confesser seul ses péchés directement à Dieu est flou et la personne peut rester dans le doute quant à l’effectivité de sa demande. Bien sûr, cela est important dans les cas de force majeure (accidents, incapacité à trouver un prêtre, etc.).
Marie aurait eu d’autres enfants avec Joseph par conception biologique après Jésus et ne devrait pas être vénérée
En se basant sur les passages du Nouveau Testament parlant des frères et des sœurs de Jésus (Mt 12, 46-47 ; Mt 13, 55-56 ; Mc 3, 31-32 ; Mc 6, 1-3 ; Lc 2, 7 ; Jn 2, 12 ; Jn 7, 3 & 5 & 10 ; Jn 20, 17 ; Ac 1, 14 ; 1 Co 9, 5 ; Ga 1, 19), certains protestants en déduisent littéralement que Jésus avait des petits frères et des petites sœurs de sang, et donc que Marie cessa d’être vierge après sa naissance de Jésus.
Mais le mot grec adelphos utilisé par les auteurs du Nouveau Testament, et plus tard traduit par « frère », désigne les liens familiaux dans un sens large : frères de sang, cousins, oncles… Si Marie avait eu d’autres enfants, Jésus, en croix, n’aurait pas choisi Saint Jean pour devenir son nouveau fils et s’occuper d’elle (Jn 19, 26-27). Aucun texte des chrétiens primitifs n’avancent que Jésus ait eu des frères et sœurs de sang. Même Luther et Calvin (XVIème siècle) reconnaissaient que Marie était restée perpétuellement vierge. Cette interprétation excessivement littérale n’est apparue que récemment.
Pour les protestants Marie n’a pas de place particulièrement, alors même que, d’après les Écritures :
- elle est prophétisée par Isaïe qui annonce sa maternité tout en restant vierge, un miracle unique au monde (Is 7, 14),
- elle est décrite dans le Cantique des cantiques comme « la plus belle des femmes » (Ct 5, 9),
- elle est présente à toutes les grandes étapes de la vie de Jésus et est la personne qui a passé le plus de temps avec lui au monde,
- elle est l’étincelle de son premier miracle (Jn 2, 1-11),
- elle est la Reine du Ciel qui écrasera définitivement le Serpent (Ap 12). Écouter un témoignage à ce sujet.
Jésus : » [Marie] est la Femme qui, depuis des siècles, maintient le Serpent sous ses pieds. » (Valtorta, Les Carnets, 26 juin 1953).
En cherchant à la renverser, les protestants rendent service au Serpent.
Saint Jean Eudes : « Nous ne devons pas séparer ce que Dieu a uni si parfaitement. Qui voit Jésus, voit Marie ; qui aime Jésus, aime Marie. Celui-là n’est pas vraiment chrétien qui n’a pas de dévotion à la Mère de Jésus Christ et de tous les chrétiens. » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 337)
Les Saints ne seraient pas des intercesseurs et ne devraient pas être priés
Aujourd’hui, nous voyons nombre de statues décapitées sur les frontons de nos cathédrales.
L’accusation selon laquelle les catholiques seraient des idolâtres qui adoreraient des statues est aussi peu fondée que d’accuser une mère regardant tendrement la photo de son enfant d’idolâtrer le papier photographique Kodac.
Pour mieux comprendre le sujet, vous pouvez écouter la vidéo suivante :
Les représentations seraient de l’idolâtrie (images, icônes, statues)
Position catholique :
« Le concile affirme que l’honneur rendu aux images s’adresse non à l’image elle-même mais à la personne qui y est représenté. Il établit une distinction entre l’adoration qui ne doit s’adresser qu’à Dieu et la vénération que l’on porte à des images des reliques ou à des saints pour rendre grâce à Dieu. Il condamne les iconoclastes [les briseurs d’images] comme des négateurs de l’incarnation de Dieu. » (Deuxième Concile de Nicée, 787)
Certains livres de la Bible ne seraient pas canoniques
Le canon de la Bible hébraïque traduite en grec pour les juifs de la Dispersion (la Septante) fut fixé en 270 av. J.-C. Entre 90 et 100 après Jésus-Christ, les juifs, dans une dynamique de repli identitaire après la chute du Temple de Jérusalem, décidèrent d’ôter les sept livres deutérocanoniques.
La canon des 73 livres de la Bible (46 livres pour l’Ancien Testament et 27 livres pour le Nouveau Testament) fut fixé par l’Église catholique. Luther garda ce canon, en mettant certains livres qui contredisaient ses vues doctrinales en annexe : les livres deutérocanoniques, la lettre de Jacques, la lettre aux Hébreux, les lettres de Jean et le livre de l’Apocalypse. En effet, le second livre des Maccabées (présent dans les livres deutérocanoniques) soutient la doctrine du purgatoire, la lettre de Jacques soutient l’importance des œuvres pour le salut et la lettre aux Hébreux soutient le sacerdoce. C’est au XIXème siècle et en suivant la direction de la Société biblique anglaise (British Bible Society), que les protestants ont supprimé ces 7 livres présents depuis des siècles dans la Bible, la réduisant à 66 livres. Luther, lui-même, n’était pas allé jusqu’à retirer purement et simplement certains livres de sa Bible. C’est un comble lorsqu’on entend l’attachement que professent les protestants envers l’Écriture Sainte. Amputer la Bible, ne fut pas sans conséquence théologiques.
Il est intéressant de noter que les juifs reprochaient, pareillement, aux Samaritains de rejeter certains livres saints de leur canon (Valtorta, 483.1 ; 556.5).
Le purgatoire n’existerait pas
Pour les protestants, au terme de leur vie, les humains vont soit au paradis (s’ils ont reconnu dans leur cœur Jésus comme leur Seigneur et Sauveur), soit en enfer (s’ils ne l’ont pas reconnu).
En plus du paradis et de l’enfer, les catholiques croient également au purgatoire.
Cette réalité est évoquée dans le Deuxième livre des Macchabées où l’on apprend que Judas procède à un « sacrifice expiatoire pour les morts afin qu’ils soient délivrés de leur péché » (2 M 12, 46). Or, les protestants ont retiré ce livre de leurs bibles au motif qu’il fut rédigé en grec. Il était pourtant lu dans les synagogues au temps de Jésus.
Par ailleurs, Jésus nous enseigne que Dieu est parfaitement juste et proportionnel.
Jésus : « lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. » (Mt 5, 23-26)
Les pères de l’Église
À ce stade, nous pourrions penser que la vision protestante et la vision catholique découlent de deux interprétations différentes et légitimes d’un même texte. Et que, puisque la vision protestante s’exonère de tout ce qui est extérieur à ce texte, elle pourrait être la plus fidèle.
Sauf que nous avons les écrits des pères de l’Église.
Le titre de Père de l’Église est attribué aux grands théologiens chrétiens des premiers siècles qui partagent les critères suivants : l’ancienneté, l’orthodoxie de l’enseignement, la sainteté de vie, l’approbation de l’Église. Ils contribuèrent à édifier la « Grande Église« . Voir la liste de ces pères. Les termes patrologie et patristique désignent l’étude des Pères de l’Église.
Voici quelques compilations de leurs écrits :
- En français : Marie-Christine Hazaël-Massieux, Dictionnaire contemporain des pères de l’Église, Éditions Bayard, 2011 | site de l’auteur.
- En anglais : Early Christian Writings, The Apostolic Fathers (Penguin Editions, 1987, 208 pages)
Plusieurs Pères de l’Église ont directement côtoyé les apôtres de Jésus dont ils étaient disciples. Or, en lisant les écrits (antérieurs à la compilation de la Bible même), nous apprenons qu’ils :
→ Vénéraient Marie et la reconnaissaient comme toujours immaculée et vierge : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
→ Reconnaissaient l’Immaculée Conception de Marie : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
→ Considéraient la Vierge Marie comme la Mère de Dieu (Theotokos) : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
→ Se confiaient à l’intercession de la Vierge Marie : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
→ Croyaient en l’Assomption de Marie, élevée corps et âme au Ciel au terme de sa vie terrestre : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
→ Considéraient Jésus comme un enfant unique, sans frère ni sœur biologique
→ Croyaient en la transsubstantiation et en la présence réelle de la personne vivant du Christ dans l’Eucharistie
Il est vrai que le terme « transsubstantiation » (le changement de substance) est employé à partir du XIIe siècle et que ce sont le IVème concile de Latran qui proclame pour la première fois « la présence réelle » (en 1215) et le concile de Trente qui affirme le dogme de la transsubstantiation (XVIème siècle), mais ces croyances étaient déjà affirmées par les pères de l’Église, dès l’origine du christianisme : Ignace d’Antioche (né vers 35 ; étudiant direct de l’apôtre Saint Jean ; mort martyr en 107 ou 113 ; sept de ses lettres aux églises primitives datées de 106 furent préservées), Polycarpe de Smyrne (70-160), Irénée de Lyon (130-202), Cyprien de Carthage (200-258), Hilaire de Poitiers (315-367), Ambroise de Milan (339-397), Cyrille de Jérusalem (v. 315-387 ; évêque de Jérusalem de 350 à 386), Jean Chrysostome (344-407), Augustin (354-430), Léon le Grand (v. 395-461 ; saint, pape et docteur de l’Église).
La Doctrine des Apôtres ou Didachè (mot grec signifiant « enseignement« ) est un texte antique rendant compte du déroulement des assemblées eucharistiques telles qu’elles se vivaient en Syrie, entre l’an 100 et l’an 150.
Pour aller plus loin, vous pouvez lire le livre du père François Marot, La Messe perpétuelle, Une apocalypse de l’Amour, éditions Pierre Téqui, 2019, ou encore consulter ce site.
Exemples :
Ignace, évêque d’Antioche, précise que « ceux qui ont une autre opinion sur la grâce de Jésus Christ qui est venue sur nous […] s’abstiennent de l’eucharistie et de la prière, parce qu’ils ne confessent pas que l’eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus Christ, chair qui a souffert pour nos péchés, et que dans sa bonté le Père a ressuscitée » (Ignace d’Antioche, Lettre aux Smyrniotes, VI, 1-VII, 1). Et peu de temps avant d’être martyrisé à Rome, il écrit : « Je ne me plais plus à une nourriture de corruption ni aux plaisirs de cette vie ; c’est le pain de Dieu que je veux, qui est la chair de Jésus Christ, de la race de David (Jn 7, 42 ; Rm 1, 3), et pour boisson je veux son sang, qui est l’amour incorruptible. » (Ignace d’Antioche, Lettre aux Romains, VII, 3, datée de l’an 110 environ)
Irénée de Lyon, qui voyait un « corps-à-corps » entre l’Eucharistie et notre être, commenta ainsi le verset Ep 5, 30 de l’apôtre Paul : « Voici ce que dit le bienheureux Apôtre à ce sujet dans la Lettre aux Éphésiens : Nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os. Ce n’est pas de je ne sais quel homme spirituel et invisible, qu’il dit cela, car un esprit n’a ni os ni chair, mais il parle de l’organisme authentiquement humain, qui est constitué de chairs, de nerfs, et d’os, qui est, lui, nourri par la coupe qui est son sang, et fortifié par le pain qui est son corps. Le bois de la vigne, après avoir été couché sur le sol, porte du fruit en son temps ; le grain de blé, tombé en terre, et là dissous, resurgit multiplié par l’Esprit de Dieu qui contient tout. Ensuite, grâce au savoir des hommes, ils servent à leur usage et, en recevant le Verbe de Dieu, ils deviennent l’eucharistie, à savoir le corps et le sang du Christ. Ainsi nos corps qui sont nourris de l’eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s’y être dissous, ressusciteront en leur temps, quand le Verbe de Dieu leur donnera la résurrection, pour la gloire de Dieu le Père, lui qui procurera l’immortalité à ce qui est mortel, et offrira l’incorruptibilité à ce qui est corruptible, car la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse. » (Irénée de Lyon, Traité contre les hérésies)
S’adressant aux catéchumènes, Saint Cyrille de Jérusalem écrit : « Vous avez été enseignés et vous êtes fermement convaincus que ce qui ressemble et goûte le pain et le vin n’est pas du pain et du vin, mais le Corps et le Sang du Christ » (Catéchèse 22).
Au IIème siècle, Saint Justin de Naplouse rendant compte de foi devant le sénat romain dit : « Nous ne prenons pas l’Eucharistie comme un pain ordinaire ou une boisson ordinaire. De même que Jésus Christ notre Sauveur, en s’incarnant par la Parole de Dieu, a pris chair et sang pour notre salut : ainsi l’aliment devenu eucharistie par la prière contenant sa parole, et qui nourrit notre sang et notre chair en les transformant, cet aliment est la chair et le sang de ce Jésus qui s’est incarné. Voilà ce qui nous est enseigné. » (Saint Justin de Naplouse, Première apologie pour les chrétiens, 126-131)
Voici un poème, intitulé Lauda Sion, que composa Thomas d’Aquin sur l’eucharistie : « Loue, Sion, ton sauveur, loue ton chef et ton pasteur, par des hymnes et des cantiques. Autant que tu le peux, ose le chanter, car il dépasse toute louange, et tu ne suffis pas à le louer. Un sujet spécial de louange nous est proposé aujourd’hui : c’est le pain vivant et vivifiant. Le pain qu’au repas de la Sainte Cène, Jésus donna réellement à la troupe des douze frères. Que la louange soit pleine et sonore ; qu’elle soit joyeuse et belle, la jubilation de l’âme. Car c’est aujourd’hui la solennité qui rappelle la première institution de cette Cène. À cette table du nouveau Roi, la nouvelle Pâque de la nouvelle loi met fin à la Pâque antique. Le rite ancien est chassé par le nouveau, l’ombre par la vérité ; la lumière dissipe la nuit. Ce que fit le Christ à la Cène, il a ordonné de le faire en mémoire de lui. Instruits par ses ordres saints, nous consacrons le pain et le vin en l’hostie du salut. C’est un dogme donné aux chrétiens que le pain devient chair et le vin devient sens. Ce que vous ne comprenez ni ne voyez, la foi vive l’atteste contre le cours des choses. Sous des apparences diverses, simples signes et non réalités, se cachent des réalités sublimes. La chair est nourriture, le sang boisson ; cependant le Christ demeure entier sur l’une et l’autre espèce. Par qui le reçoit, il n’est pas rompu ni brisé ni divisé, mais reçu tout entier. Un seul le reçoit, mille le reçoivent : chacun autant que les autres ; pris en nourriture, il n’est pas détruit. Les bons le prennent, les méchants le prennent, mais pour un sort différent : la vie ou la mort ! Mort pour les méchants, vie pour les bons : voyez combien d’une même prise l’issue est différente. Si enfin le sacrement est rompu, ne vous troublez pas, mais souvenez-vous qu’il y a sous chaque parcelle autant qu’en recouvre le tout. Aucune scission de la réalité ne se produit : du signe seul il y a rupture, et elle ne diminue ni l’état ni la grandeur de la réalité signifiée. Voici le pain des anges devenu l’aliment des voyageurs : c’est vraiment le pain des enfants, qui ne doit pas être jeté au chien. D’avance il est signifié par des figures : l’immolation d’Isaac, l’agneau mise à part pour la pâque, la manne donnée à nos pères. Bon Pasteur, pain véritable, Jésus, ayez pitié de nous : nourrissez-nous, gardez-nous, faites-nous voir les vrais bien dans la terre des vivants. Vous qui savez et pouvez tout, qui nourrissez ici-bas les mortels que nous sommes : faites là-haut de nous vos commensaux, les cohéritiers et les compagnons des saints citoyens du ciel. »
Les passages des Pères de l’Église concernant la transsubstantiation (en Anglais) : page 1, page 2.
→ Avaient dès le début des évêques, successeurs de apôtres, à la tête des églises locales : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
→ Utilisaient le terme « église catholique » dès le début
→ Reconnaissaient l’autorité du pape comme descendant direct de Saint Pierre et étaient fidèles à la succession apostolique.
En somme, les pères de l’Église adhéraient unanimement, dès les premiers siècles, aux dogmes défendus par le catholicisme actuel. Ces sujets ne firent pas débat au sein de l’Église pendant tout le premier millénaire.
S’ils vivaient aujourd’hui ils n’iraient pas au culte protestant (où l’on ne trouve ni autel, ni transsubstantiation), mais à la messe catholique.
→ Vénéraient les Saints et se confiaient à leur intercession : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
→ Confessaient leurs péchés à un prêtre de manière verbale pour obtenir l’absolution : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
→ Regardaient le mariage comme un sacrement : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
→ Croyaient au purgatoire : lire leurs écrits à ce sujet (en Anglais)
Les initiateurs du protestantisme
Martin Luther
Martin Luther (1483-1546) est l’une des figures clés du protestantisme. Ce frère augustin rompt ses vœux monastiques et se marie en 1525 avec Catherine de Bore, une ancienne religieuse, avec laquelle il aura six enfants.
Sa violence
Il produit des écrits d’une grande violence à l’encontre de ceux qui ne pensent pas comme lui :
- Lors de la guerre des Paysans allemands (1524-1525), Luther prit le parti des princes protestants allemands qui le protègent. Ainsi, dans sa brochure Contre les meurtriers et les hordes de paysans voleurs (1525), il appelle à une répression impitoyable des paysans insurgés :
« Pourfends, frappe et étrangle qui peut. Si tu dois y perdre la vie, tu es heureux, tu ne pourras jamais connaître de mort plus bienheureuse. Car tu meurs dans l’obéissance à la Parole et à l’ordre de Dieu (Rm 13) […].
Tous ceux qui le peuvent doivent assommer, égorger et passer au fil de l’épée, secrètement ou en public, en sachant qu’il n’est rien de plus venimeux, de plus nuisible, de plus diabolique qu’un rebelle […].
Ici, c’est le temps du glaive et de la colère, et non le temps de la clémence. Aussi l’autorité doit-elle foncer hardiment et frapper en toute bonne conscience, frapper aussi longtemps que la révolte aura un souffle de vie […].
C’est pourquoi, chers seigneurs, poignardez, pourfendez, égorgez à qui mieux mieux. »
Cette guerre fera entre 70.000 et 130.000 morts.
- Dans son Épître sur l’art de traduire et l’intercession des saints (1530), Luther s’épanche en de longues pages émotionnelles, où orgueil et insultes s’entremêlent :
« si votre papiste veut faire tellement l’arrogant au sujet du mot sola, ‘seulement’, dites-lui, sur-le-champ, ceci : le docteur Martin Luther veut que les choses soient ainsi et il déclare : un papiste et un âne sont une seule et même chose ; sic volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas (‘c’est ainsi que je le veux ; c’est ainsi que je l’ordonne: que ma volonté me serve de raison’). Car nous ne voulons pas être les élèves ni les disciples des papistes, mais leurs maîtres et leurs juges. Et nous allons aussi, pour une fois, nous glorifier et nous vanter avec ces têtes d’ânes ; et de même que Paul se glorifie contre ses saints insensés, je vais aussi me glorifier contre mes ânes. Ils sont docteurs ? Moi aussi ! Ils sont savants ? Moi aussi ! Ils sont théologiens ? Moi aussi ! Ils sont disputeurs ? Moi aussi ! Ils sont philosophes ? Moi aussi ! Ils sont dialecticiens ? Moi aussi ! Ils sont enseignants ? Moi aussi ! Ils écrivent des livres ? Moi aussi !
Et je veux continuer à me glorifier : je peux expliquer les Psaumes et les Prophètes ; ils ne le peuvent pas. Je peux traduire ; ils ne le peuvent pas. Je peux lire l’Écriture Sainte ; ils ne le peuvent pas. Je peux prier ; ils ne le peuvent pas. Et que je sois anéanti si je ne connais pas mieux qu’eux tous réunis leur propre dialectique et leur philosophie. […] C’est là ma réponse à votre première question et je vous prie de bien vouloir ne rien répondre de plus aux vaines criailleries de ces ânes au sujet du mot sola, sinon ceci : Luther veut qu’il en soit ainsi et il déclare qu’il est un docteur au-dessus de tous les docteurs dans la papauté tout entière. »
- Dans son sermon du 25 août 1538, Luther affirme : « Vous ne devez pas avoir de pitié pour les sorcières, quant à moi je les brûlerais » (cf. Weimarer Ausgabe 22, 782 ff).
- À la fin de sa vie, Luther connut des phases de dépression. Il s’enfonça aussi dans une violence extrême à l’égard des Juifs (appelant à détruire les synagogues, les maisons et les écrits des Juifs, à confisquer leur argent et à tuer les rabbins qui enseigneraient le judaïsme ; cf. son pamphlet judéophobe Des Juifs et de leurs mensonges et Vom Schem Hamephoras, deux textes composés en 1543), offrant un terreau fertile à l’antisémitisme du Troisième Reich. En savoir plus (en anglais).
Le diable apparaît à Luther et le convainc de changer de position sur la messe
Luther raconte dans son livre Messe privée et Consécration des Prêtres que le diable lui apparut une nuit et rapporte le contenu de leur échange. Il ne s’agit pas d’un songe, puisque Luther assure qu’il était bien éveillé. Ce passage, connu sous le nom de Conférence entre le diable et Luther, fut publié en 1533, soit treize ans avant la mort de Luther. Il s’agit du feuillet 82 du tome 6 de Luther, imprimé à Iéna. Luther écrivit ensuite à Justus Jonas, son ami et intime, pour lui demander de traduire ce livre de l’allemand vers le latin (cf. Justus Jonas, tome 7, fol. 226 verso. Hospin., p. 2 Hist. Sacram, ad an. 1546). Cette traduction fut faite en 1534. Après la mort de Luther, ses disciples et principalement Philippe Mélancthon la placèrent parmi ses œuvres, imprimées en Latin à Wittemberg. Il s’agit du feuillet 228 du tome 7 des Œuvres de Luther (Wittemberg, 1558). Ainsi, tant les luthériens que les calvinistes le reconnaissent comme un témoignage authentique de Luther. En substance, au cours de cet échange nocturne, satan explique à Luther que la « messe privée » (où le prêtre célèbre et communie seul) serait « une horrible idolâtrie ». Convaincu par les arguments de satan, Luther décida alors de renoncer aux messes privées.
Il est saisissant de savoir que la position de Luther vis-à-vis de la messe changea suite aux suggestions du « menteur et père du mensonge » en qui « il n’y a pas de vérité » (Jn 8, 44), avec lequel il est pourtant strictement interdit de dialoguer.
Jésus : « Vous, vous êtes du diable, c’est lui votre père, et vous cherchez à réaliser les convoitises de votre père. Depuis le commencement, il a été un meurtrier. Il ne s’est pas tenu dans la vérité, parce qu’il n’y a pas en lui de vérité. Quand il dit le mensonge, il le tire de lui-même, parce qu’il est menteur et père du mensonge. » (Jn 8, 44)
Refusant de revenir dans l’Église catholique, Martin Luther fut excommunié par le pape Léon X le 3 janvier 1521 au terme d’un long procès (bulle pontificale Decet Romanum Pontificem). Il restera violemment opposé au pape et aux catholiques. Il dira lui-même que « nous sommes séparés éternellement ».
Jean Calvin
Jean Calvin instaure un rigorisme religieux glacial. Il appelle à tuer les hérétiques en les « brûlant cruellement », chose qu’il s’appliqua à faire l’encontre de Michel Servet le 27 octobre 1553.
Comme pour Luther, on est loin du message de paix, de pardon et d’amour de Jésus. Or, quand on se donne un maître humain, mieux vaut s’assurer auparavant de sagesse. Saint Paul liste dans sa lettre aux Galates « le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23). La haine, la violence et l’absence de maîtrise de soi chez Luther ou Calvin ne peuvent donc pas venir de Dieu et devraient nous alerter sur ces fondateurs de religion auto-proclamés et leurs fruits.
Les liens avec d’autres fausses doctrines
L’ordre de la rose-croix et la franc-maçonnerie
L’ordre secret de la Rose-Croix fut lancé au début de XVIIème siècle par de jeunes luthériens, dont le théologien allemand Johann Valentin Andreæ (1586-1654). La Rose-Croix inspira un siècle plus tard la création de la franc-maçonnerie spéculative.
Le protestantisme et la franc-maçonnerie sont deux univers proches et perméables. Ainsi, l’un des textes fondateurs de la franc-maçonnerie spéculative en Angleterre – Les Constitutions d’Anderson – fut rédigé en 1721 par James Anderson (pasteur presbytérien écossais) et Jean Théophile Désaguliers (pasteur anglican et fils de pasteur huguenot français). On pourra lire à ce sujet Luc Nefontaine, Protestantisme et Franc-Maçonnerie, des chemins qui se rencontrent, éditions Labor et Fides, 2000, 122 pages (lire un entretien de l’auteur, probablement lui-même protestant et franc-maçon).
Des figures comme Pierre de Joux (1752-1825), François Guizot (1787-1874), Benjamin Constant, François de Jaucourt, Fichte, Lessing, Antoine Court de Gébelin, Jean-Paul Rabaut-Saint Étienne, Jacques Antoine Rabaut-Pommier, André Jeanbon Saint André, Francois Antoine de Boissy d’Anglas, Jean-Paul Marat, Eugène Goblet d’Alviella, Jules Steeg, Eugène Réveillaud, Henry Pyt… étaient protestants et franc-maçons. Beaucoup occupaient également des postes politiques.
C’est également le cas de Frédéric Desmons (1832-1910 ; initié en 1861) qui était pasteur et grand maître du Grand Orient de France, mais aussi député puis sénateur républicain. Il y fut à l’origine de la suppression de l’obligation de la référence au Grand Architecte de l’Univers dans les rituels, disant : « en tant que croyant libéral, j’estime qu’il n’est pas normal que l’on impose cette figure du Grand Architecte ». Frédéric Desmons présenta en septembre 1877, au Convent du Grand Orient, un rapport dont la discussion déboucha sur un vote modifiant à une très large majorité l’article premier de la constitution du Grand Orient de France en ces termes : « La Franc-Maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale universelle, des sciences et des arts et l’exercice de la bienfaisance. Elle a pour principes la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. Elle n’exclut personne pour ses croyances. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité. »
La libre interprétation de la Bible, le libre examen et la liberté de pensée prônés par le protestantisme s’accordent avec l’esprit relativiste et individualiste qui caractérise la franc-maçonnerie (« à chacun sa vérité »). L’individu prime sur les institutions.
En France, sous la IIIe République, ce sont l’anticléricalisme et l’anticatholicisme qui ont soudé protestantisme et franc-maçonnerie.
Tout en reconnaissant leur incapacité à discerner si la maçonnerie pouvait amoindrir la justification par la foi, les évangélistes allemands déclarèrent, dans les années 1970, que chaque évangéliste était libre d’appartenir aux deux groupes en même temps (cf. Evangelische Zentralstelle für Wentanschauungsfragen, 1974).
Des pasteurs évangéliques, comme Malan ou Ami Bost, étaient franc-maçons.
Le capitalisme moderne, la théologie de la prospérité et le libéralisme
Max Weber explique, dans Protestantisme et Capitalisme, comment les protestants ont favorisé le capitalisme mondialisé et le libéralisme économique (modèle anglo-saxon protestant).
Pour certains protestants, l’enrichissement personnel est théologiquement compatible avec la foi. Dans la « théologie de la prospérité », l’idée est de donner 1000$ pour en recevoir 100.000. Ce discours vise surtout les plus pauvres. Il est pire que les indulgences dénoncées par Luther et Calvin, puisque que l’objectif n’est pas même céleste, mais un enrichissement purement terrestre et personnel. La foi en Dieu est instrumentalisée, la misère et la cupidité sont instrumentalisés par quelques pasteurs pour leur propre profit. Certains télé-évangélistes sont multi-millionnaires et accumulent les jets privés et les domaines somptueux. Or, faute d’autorité supérieure, les protestants ne peuvent se prémunir contre de telles dérives.
Jésus : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. » (Mt 6, 24)
Beaucoup, sur le plan sociétal, accompagnent également l’agenda libéral : ils acceptent l’extension du mariage aux couples de même sexe et bénissent les couples homosexuels ; ils ne s’opposent pas à l’extension de la PMA aux femmes célibataires et lesbiennes ; etc.
Le malthusianisme
Le pasteur anglican britannique Thomas Malthus (1766-1834) fut un inspirateur central des politiques dénatalistes. Craignant que la démographie humaine progresse plus rapidement que les ressources disponibles, il propose d’instaurer un impôt sur la taille et le poids des enfants ou d’offrir des cadeaux aux couples sans enfants, en vue de réduire le nombre de naissances. Cette approche anti-vie et anti-chrétienne fut reprise par le Parti communiste chinois (intrinsèquement athée) et influence, aujourd’hui, une grande partie de l’écologie politique matérialiste.
Le sionisme politico-militaro-messianique
Faisant une lecture littérales des récits apocalyptiques et eschatologiques, notamment contenus dans l’Apocalypse de Jean, le Livre d’Ézéchiel, le Livre de Daniel et le Livre de Jérémie, des églises évangéliques ont développé un « sionisme chrétien » à visée messianique. Elles aident les juifs à reprendre possession de la Terre Sainte et à s’y maintenir. Un processus migratoire nommé « aliyah » (voir ici et ici).
Ainsi, par exemple, « entre 1994 et 2002, l’un des plus puissants mouvements sionistes chrétiens américains, la Fraternité internationale des Chrétiens et des Juifs (International Fellowship of Christians and Jews, fondée en 1983), a récolté presque 65 millions de dollars au profit de l’immigration juive en Israël, tandis qu’une autre organisation très active baptisée Christians for Israel a financé depuis 1991 l’émigration vers Israël (aliyah) de 65 000 juifs d’ex-Union soviétique. » (Frédéric Encel, Le Sionisme chrétien : paroles de romantiques, épées de combattants, influence d’évangélistes, Corpus évangélique, in Hérodote, 2005/4, n°119, pp.41-47)
Pour ces églises évangéliques, le Christ reviendrait lorsque le peuple juif sera rétabli en Israël, et aura écrasé ses ennemis et rebâtit le Temple de Jérusalem. À cette fin, elles organisent de grandes collectes pour soutenir le gouvernement israélien, notamment dans son effort de guerre.
En 2019, les dons annuels en provenance des évangéliques vers Israël auraient été estimés à 175 millions de dollars (157 millions d’euros).
De nombreuses églises évangéliques inondent les territoires qu’elles investissent (ex : Amérique latine) de goodies à l’effigie d’Israël : drapeaux, t-shirts, stickers, casquettes, pendentifs, boucles d’oreilles… l’étoile de David a remplacé la Croix du Christ.
Cf. à ce sujet l’ouvrage de Célia Belin, Jésus est juif en Amérique : Droite évangéliste et lobbies chrétiens pro-Israël (éd. Fayard, février 2011).
Ce néo-sionisme protestant est d’autant plus acrobatique au regard de l’antisémitisme assumé de Luther à la fin de ses jours.
Conclusion
Dans une période de décadence réelle (commerce des indulgences), certains ont cédé à la tentation de faire mieux que l’Église millénaire, en se séparant d’elle et en créant leur propre branche, au lieu de la sanctifier de l’intérieur. Ce fut un calcul humain, court-termiste et orgueilleux qui les égara dans les hérésies.
Ainsi, les protestants rejettent-ils :
- Des sacrements essentiels tels que la transsubstantiation (présente depuis les origines et prouvée à maintes reprises par miracles eucharistiques) et la réconciliation.
- La nature de Marie :
- La virginité perpétuelle de Marie (Valtorta, 35.10). Ils pensent qu’après Jésus, elle a enfanté Jacques, Joseph, Jude et Simon, qui sont en réalité ses cousins germains et les fils d’Alphée, le frère de Saint Joseph l’époux de la Vierge.
- L’Immaculée Conception de Marie (absence totale de péché).
- Les apparitions mariales.
- L’exemplarité et l’intercession des Saints.
- La continuité de l’Église instituée par Jésus Christ depuis Saint Pierre et l’unité par la papauté.
- Le « sacerdoce ministériel ».
- L’existence du purgatoire.
Ne parvenant pas à s’unifier, les églises évangélistes représentent aujourd’hui plus de 40.000 dénominations différentes.
L’Église catholique a certainement sa part de responsabilité, en raison de ses dérives du XVIème siècle et aujourd’hui en raison de son manque d’évangélisation à l’égard, aussi, des protestants.
Constater des dérives, même graves, dans l’Église impose de redoubler dans notre sanctification individuelle et collective, pas de la quitter. Comme le dit Alphonse de Lamartine, « L’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints. »
Les fondateurs du protestantisme n’ont quant à eux aucune légitimité instituée par Jésus.
Il est indéniable que nous trouvons chez les protestants et dans leurs assemblées d’authentiques amoureux du Christ et de sa parole, de réelles expériences divines (effusion de l’Esprit Saint, guérisons), un vrai sens du partage, de la fraternité et de la mission. Nous ne voulons rien nier de tout cela, mais simplement rappeler la vérité toute entière (celle qui rend libre) sur la base d’une connaissance solide.
Beaucoup de protestants ont un amour authentique et une foi sincère en Jésus et Jésus les aime.
« Jean, l’un des Douze, dit à Jésus : “Maître, nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il ne marche pas à ta suite avec nous.”
Jésus lui répondit : “Ne l’en empêchez pas : qui n’est pas contre vous est pour vous.” » (Lc 9, 49-50)
Jésus : « Tous ceux qui m’aiment sont mes amis. » (Valtorta, 524.6)
Mais Jésus veut s’offrir pleinement à eux, leur offrir sa Mère (« voici ta mère », Jn 19, 27), leur offrir ses sacrements, pour qu’ils entrent, dès cette vie-ci, dans la plénitude de la vérité et de son amour. Pour qu’ils puissent élever leur âme au faîte de la sainteté. Quelle douleur pour le Sauveur de voir ceux qui l’aiment authentiquement, se priver de ces dernières marches par une obstination trompée !
Au risque de chuter et d’y perdre leur salut.
Un jour, Dieu permis à Sainte Thérèse d’Avila de vivre en elle ce que pouvait ressentir une âme damnée. Cette expérience de l’enfer la marqua pour le restant de sa vie. Or, elle note dans son récit qu’elle vit des protestants en enfer :
« Cette vision a fait naître en moi une indicible douleur à la vue de tant d’âmes qui se perdent, et en particulier de ces luthériens que le baptême avait rendus membres de l’Église. Elle m’a donné en outre les plus ardents désirs de travailler à leur salut : pour arracher une âme à de si horribles supplices, je le sens, je serais prête à immoler mille fois ma vie. » (cf. La vie de Sainte Thérèse d’Avila, chapitre 32)
Toutefois, nous devons garder l’espérance que leur amour de Jésus leur est aussi salvateur.
Jésus :
« Mon disciple dit : « Dieu est amour et qui a l’amour, a Dieu. Comment quelqu’un peut-il prétendre aimer Dieu s’il n’aime pas ses frères ? »
Le mot « frères » ne désigne pas ici les enfants d’un même sang, pas même les fils d’une seule nation, ni les fidèles d’une même religion. Vous êtes tous frères, puisque unique est le cep : Adam, et unique l’origine : Dieu.
Latins, Aryens, Asiatiques, Africains, civilisés ou non, vous ne provenez pas de plusieurs créateurs, mais d’un unique Créateur : votre Dieu qui est le Seigneur des cieux et le Père de tous les vivants.
Les enfants les plus chers à son cœur sont ceux qui ont été régénérés dans le baptême du Christ. Ceux qui vivent l’enseignement du Christ sont ses enfants les plus aimés, qui sont aussi cohéritiers, avec le Christ, de la Cité céleste. Mais, si les degrés de paternité et de filiation sont divers, unique est toujours votre origine surnaturelle et naturelle : Dieu, votre Père divin; Adam, votre père terrestre.
Par conséquent, vous qui désirez être « parfaits » — non par orgueil pervers de l’esprit mais par obéissance à mon doux commandement : « Soyez parfaits comme mon Père est parfait » —, vous ne devez pas nourrir de sentiments de mépris ou de répugnance à l’égard de ceux qui ne sont pas, comme vous, « chrétiens » de fait ou catholiques de nom. Vous n’avez pas à dire : « Parce que cet individu est incroyant, schismatique ou païen, je le considère comme un reptile ou une bête immonde, il me fait horreur, il me scandalise.
« Une seule chose doit vous faire horreur et vous scandaliser, car elle est impureté et corruption : c’est votre commerce avec Satan qui porte atteinte à votre âme et vous rend répugnants aux yeux de Dieu. Cela, vous devez le fuir, l’éviter, même des yeux de l’esprit. Cela seulement.
Mais si vous êtes ou voulez être des « enfants de Dieu », de vrais enfants, il vous faut faire preuve d’amour envers vos frères misérables spirituellement, envers les indigents de l’âme, les malades de l’âme, les impurs de l’âme. Les idolâtres sont des pauvres, les schismatiques sont des indigents, les pécheurs sont des malades ; de même, sont impurs ceux qui sont dévoyés par des doctrines encore plus néfastes que celles de religions chrétiennes mineures, qui croient au Christ sans être pour autant une branche de l’arbre véritable, mais un rameau non greffé dans le Christ et par conséquent sauvage, producteur de fruits amers et indigne de la table céleste. Car, si la bienveillance de Dieu juge les actes de chacun selon la justice et récompense les « bons » — comme cela est juste —, cette récompense ne sera jamais aussi éclatante et abondante que celle que recevront les vrais fils de l’Église véritable.
Il est beaucoup pardonné à ceux qui aiment et croient en une autre religion, en pensant être dans le vrai. Mais puisque l’Évangile est aussi annoncé dans ces pays séparés de Rome, il sera aussi beaucoup demandé à ces sourds qui n’ont pas voulu entendre la Voix et voir la Lumière de Jésus Christ, vivant dans son Église apostolique romaine.
Mais ce n’est pas à vous, les catholiques, qu’il revient de juger.
J’ai dit : « Ne jugez pas. »
J’ai dit : « Ôte d’abord la poutre de ton œil, alors tu verras clair pour ôter la paille qui est dans l’œil de ton frère. »
Vous avez beaucoup de poutres dans les yeux, vous, les chrétiens catholiques à la foi lézardée, à la charité trop tiède et aux quatre vertus cardinales éteintes. Beaucoup. Trop. Veillez à ce qu’il ne vous arrive pas que les idolâtres et les païens vous surpassent dans l’amour du Christ et méritent de s’entendre félicités avant vous pour leur foi solide en la religion de leurs pères, pour leur amour du Dieu qu’ils connaissent, et pour les vertus qu’ils pratiquent courageusement.
L’amour purifie même ce qui est impur et profané. C’est l’amour qui a purifié Marie de Magdala et Lévi. L’on peut comparer les religions non-catholiques à ces deux personnages de l’Évangile que leur amour a sauvés. L’on peut considérer, mes enfants, que leurs fidèles qui vivent dans l’amour de Dieu comme cela leur a été enseigné (Dieu demandera aux responsables de leur séparation d’avec Rome la raison de leur erreur) soient rendus purs à mes yeux par l’amour qui existe en eux. Je le répète : il leur sera demandé la raison pour laquelle ils n’ont pas voulu accepter l’Évangile prêché par Rome ; mais le regard de Dieu ne leur sera pas refusé, car leur autel impur, l’autel de leur âme, aura été purifié par l’amour.
Gardez à l’esprit ces paroles de Pierre : « Je me rends compte en vérité que Dieu n’est pas partial et que, en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve bon accueil auprès de lui. » C’est pourquoi ne faites preuve ni d’orgueil de l’esprit ni de manque de charité au cœur, mais portez sur vos frères séparés de Rome un regard spirituellement surnaturel, et œuvrez avec tout votre amour à les réunir à la Rome du Christ, quelle que soit leur erreur.
Si vous vous élevez constamment au-dessus de la chair et du sang, au-dessus de la pensée humaine, des contacts au niveau de la chair et de l’esprit ne pourront vous être nocifs, car vous vivrez à des sphères où nulle contagion ne parvient. Demeurez en moi. Je suis la défense de ceux qui vivent en moi. Et répandez sur tous cette charité que vous trouvez dans mon cœur vivante pour tous et maîtresse de tous.
La communion des saints ne se limite pas à vos frères dans la foi. Elle touche tous les vivants, car le premier à l’établir et à l’exercer, c’est moi, qui ai répandu mon Sang pour tous.
Prier pour ceux qui sont séparés de moi — que ce soit dû à des schismes, à des doctrines, aux sectes ou à l’incroyance —, cela n’est rien d’autre que faire preuve de zèle pour ma Cause. Ce n’est rien d’autre qu’imiter votre Maître, qui ne s’est épargné aucune souffrance pour porter ses fils séparés à Dieu, le Père saint.
Qui plus est, la souffrance — et je m’adresse à vous, les perles de mon troupeau, mes âmes victimes, mes copies parfaites, mon réconfort et ma gloire —, la souffrance, cet or pur de votre amour, ce sang du cœur de la communion mystique des saints, est ce qui, tout comme l’ordre du Christ, tire les morts de la mort. Vous verrez au ciel ce qu’est cette résurrection de l’esprit, infiniment plus élevée et plus précieuse que celle de la chair, lorsque vous entendrez ma parole : « Bienheureux ! », adressée à vous tous qui, en évangélisateurs cachés mais plus puissants que nombre de prêtres tièdes, aurez conquis à la Vérité les incirconcis actuels ». » (Maria Valtorta, Les Cahiers, 12 janvier 1944)
Ressources
Livres
Livres permettant d’avancer vers le catholicisme :
- Justin de Naplouse, Première Apologie et Seconde Apologie
- Mgr Fulton John Sheen (1895-1979), The World’s First Love: Mary, Mother of God, 1952
Conférences
En français :
Playlist de 12 vidéos :
En anglais :
De nombreux pasteurs protestants se convertissent aujourd’hui au catholicisme, notamment aux États-Unis. Voici leurs témoignages (en anglais) :
Quelques auteurs de référence dans ce domaine :
- Dr. Scott Hahn (auteur de Rome Sweet Home) : site | facebook (+600K)
- Tim Staples (apologète) : site
- Keith Nester : site | youtube
- Patrick Madrid (apologète) : site
- Frank Joseph Sheed (apologète, théologien, auteur de Theology for Beginners)