La Bible et la fiabilité de ses textes

Cet article fait partie d’un dossier composé de 4 parties successives :

  1. Dieu existe-t-il ?
  2. La Bible et la fiabilité de ses textes
  3. Qui est Jésus ?
  4. Qu’est-ce que Jésus nous révèle ?

Saint Paul apôtre : “Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien.” (2 Tm 3, 16-17)

Une bibliothèque de 73 livres présentée en 2 grandes parties

Le mot bible vient du latin biblia (“livres” au pluriel), issu du grec ancien βιϐλία, biblos ou biblion (“bibliothèque” ou “livres” au pluriel).

La Bible n’est pas un livre, mais un recueil de dizaines de livres : 73 au total.

Elle se présente en deux grandes parties cohérentes :

1. L’Ancien Testament : 46 livres relatant l’histoire de l’humanité en général et du peuple juif en particulier, de la création du monde jusqu’à la venue de Jésus Christ ; ce corpus est commun avec la Tanakh juive :

Le Pentateuque :

    • Genèse (Gn)
    • Exode (Ex)
    • Lévitique (Lv)
    • Nombres (Nb)
    • Deutéronome (Dt)

[Observation : Le Pentateuque correspond à la “Torah” chez les juifs]

Les livres historiques :

    • Josué (Jos)
    • Juges (Jg)
    • Ruth (Rt)
    • 1 Samuel (1 S)
    • 2 Samuel (2 S)
    • 1 Rois (1 R)
    • 2 Rois (2 R)
    • 1 Chroniques (1 Ch)
    • 2 Chroniques (2 Ch)
    • Esdras (Esd)
    • Néhémie (Ne)
    • Tobie (Tb)
    • Judith (Jdt)
    • Esther (Est)
    • 1 Maccabées (1 M)
    • 2 Maccabées (2 M)

Les livres poétiques et sapientiaux :

    • Job (Jb)
    • Proverbes (Pr)
    • Psaumes (Ps)
    • Ecclésiaste (Qo)
    • Cantique des Cantiques (Ct)
    • Sagesse (Sg)
    • Ecclésiastique (Ben Sira) (Si)

Les livres prophétiques :

    • Isaïe (Is)
    • Jérémie (Jr)
    • Lamentations (Lm)
    • Baruch (Ba) + Lettre de Jérémie (Jr)
    • Ezéchiel (Ez)
    • Daniel (Dn)
    • Osée (Os)
    • Joël (Jl)
    • Amos (Am)
    • Abdias (Ab)
    • Jonas (Jon)
    • Michée (Mi)
    • Nahum (Na)
    • Habacuc (Ha)
    • Sophonie (So)
    • Aggée (Ag)
    • Zacharie (Za)
    • Malachie (Ml)

2. Le Nouveau Testament : 27 livres relatant la vie de Jésus Christ et des premiers chrétiens, ainsi que l’Apocalypse :

Les Évangiles (du latin evangelium, issu du grec ancien euangélion, signifiant “Bonne nouvelle”) :

    • Matthieu (Mt)
    • Marc (Mc)
    • Luc (Lc)
    • Jean (Jn)

Les Actes des Apôtres (Ac)

Les 21 Épîtres (lettres) :

Les 13 épîtres pauliennes :

    • L’épître aux Romains (Rm)
    • La première épître aux Corinthiens (1 Co)
    • La deuxième épître aux Corinthiens (2 Co)
    • L’épître aux Galates (Ga)
    • L’épître aux Éphésiens (Ep)
    • L’épître aux Philippiens (Ph)
    • L’épître aux Colossiens (Col)
    • La première épître aux Thessaloniciens (1 Th)
    • La deuxième épître aux Thessaloniciens (2 Th)
    • La première épître à Timothée (1 Tm)
    • La deuxième épître à Timothée (2 Tm)
    • L’épître à Tite (Tt)
    • L’épître à Philémon (Phm)

L’épître aux Hébreux (He)

Les 7 épîtres catholiques :

    • L’épître de Jacques (Jc)
    • La première épître de Pierre (1 P)
    • La deuxième épître de Pierre (2 P)
    • La première épître de Jean (1 Jn)
    • La deuxième épître de Jean (2 Jn)
    • La troisième épître de Jean (3 Jn)
    • L’épître de Jude (Jd)

Les visions prophétiques de l’apôtre Saint Jean :

    • L’Apocalypse (Ap)

Les livres de l’Ancien Testament, les récits des 4 Évangiles et les Épîtres sont disposés dans un ordre qui n’est pas toujours chronologique.

Au XIIIème siècle, l’archevêque anglais Étienne Langton (v.1150-1228) intègre pour la première fois les chapitres.

Au XVIe siècle, le dominicain italien Sante Pagnini (1470-1541) intègre pour la première fois une numérotation des versets (dans le cadre de sa traduction de la Bible depuis l’hébreu, publiée en 1528).

La division en chapitres et en versets se généralise au XVIIe siècle.

Depuis, le découpage classique est le suivant : Bible > Livres > Chapitres > Versets.

Écrire de manière abrégée Gn 2, 8 veut dire : Livre de la Genèse, Chapitre 2, Verset 8.

Plusieurs versets peuvent former une péricope (unité narrative).
Plusieurs péricopes peuvent former un cycle (grande unité narrative).
Plusieurs cycles peuvent former une séquence (très grande unité narrative).

L’Ancien Testament

Contenus de l’Ancien Testament

Les livres de l’Ancien Testament racontent, notamment :

  • la création du monde,
  • le déluge universel,
  • le lien d’amour privilégié entre Dieu et les Hébreux (un petit peuple nomade, le seul à avoir préservé la connaissance, au milieu de méga empires sédentaires et idolâtres),
  • le don aux Hébreux de la Loi (les “dix commandements”) et d’une terre promise,
  • l’annonce par les prophètes d’un Messie par lequel l’humanité sera réconciliée avec Dieu (cf. l’article sur Jésus).

L’Ancien Testament mentionne également plusieurs livres (registres historiques et juridiques, chroniques, commentaires, prophéties) aujourd’hui perdus :

Une transmission fiable de l’Ancien Testament au fil des siècles

En 1947, eut lieu la plus grande découverte de manuscrits des temps modernes. À douze kilomètres au sud de Jéricho, Muhammed edh-Dhib Hassan, un jeune berger de 15 ans de la tribu des Ta’amireh, des bédouins semi-nomades du désert de Judée, partit à la recherche d’une chèvre perdue. Lors de sa recherche, il découvrit, dans une grotte des falaises calcaires du Wadi Qumrân qui dominent le rivage nord-ouest de la mer Morte, de grandes jarres d’argile renfermant des rouleaux de cuir enveloppés dans une toile de lin. Les bédouins vendirent ces rouleaux à Ibrahim ‘Ijha, un antiquaire de Bethléem, avant qu’ils ne se retrouvent sur le marché des antiquités de Jérusalem où Athanase Josué Samuel, métropolite syrien orthodoxe de Saint Marc à Jérusalem, en fit l’acquisition.

Les archéologues vont fouiller la zone, de 1949 à 1956, et trouver dans de nombreuses grottes environ 100.000 fragments de 970 manuscrits, dont 200 manuscrits bibliques. Ils furent rédigés sur parchemins et papyrus, entre le troisième siècle avant J.-C. et 68 après J.-C, en hébreu carré, en araméen, en paléo-hébreu, en grec, en nabatéen, en cryptique A et en cryptique B.

Les manuscrits se composent :

  1. De tous les livres de l’Ancien Testament (sauf celui d’Esther), parfois en de très nombreux exemplaires (les plus représentés étant les textes des Psaumes, d’Isaïe et du Deutéronome). Le plus célèbre d’entre eux est le grand rouleau d’Isaïe, aujourd’hui conservé dans “Le Sanctuaire du Livre“, au sein du musée d’Israël, à l’ouest de Jérusalem ;
  2. Des écrits apocryphes souvent déjà connus :
    • le Pentateuque retravaillé,
    • l’Apocryphe de Josué ;
    • l’Apocryphe de Samuel-Rois ;
    • des hymnes apocryphes
    • des psaumes apocryphes (comme le psaume 151) ;
    • le livre d’Hénoch ;
    • le livre des Jubilés ;
    • une grande apocalypse juive
    • des textes esséniens ;
    • etc.

D’autres manuscrits furent également trouvés, toujours sur la rive occidentale de la mer Morte, à Massada ou à Nahal Hever.

Ces manuscrits permettent de constater que les contenus de l’Ancien Testament (mais des apocryphes retrouvés) n’ont pas été altérés au fil des siècles, les versions actuelles étant fidèles à celles des débuts.

Le Nouveau Testament

Les quatre Évangiles

Il existe plusieurs évangiles, aux contenus parfois contradictoires. Parmi eux, Saint Jérôme retient, à la fin du IVème siècle, quatre Évangiles canoniques comme authentiques. Les autres sont considérés comme “apocryphes” et pas ou peu fiables.

Le Nouveau Testament commence ainsi par les quatre Évangiles canoniques :

L’Évangile selon Saint Matthieu. Matthieu est un publicain (collecteur d’impôt) pour le compte des Romains, à Capharnaüm appelé par Jésus pour être l’un de ses douze apôtres. Matthieu est un témoin direct de la vie de Jésus qu’il accompagne presque tout au long des 3 années de sa vie publique. Il est le premier à rédiger un évangile, quinze ans après l’Ascension de Jésus (Valtorta, 468.1). Celui-ci s’adresse prioritairement aux juifs et contient, notamment, “le code de la route” des chrétiens (les chapitres 5, 6 et 7).

L’Évangile selon Saint Marc. Marc est un témoin indirect de la vie de Jésus en tant que disciple et interprète de l’apôtre Saint Pierre à Rome. Son évangile est le plus court des quatre. Il écrit dans un grec rugueux, qui n’est pas sa langue maternelle.

L’Évangile selon Saint Luc. Luc est un médecin et témoin indirect de la vie de Jésus en tant que disciple de l’apôtre Saint Paul. Cet évangile s’adresse aux païens. Il contient les lectures de la nuit de Noël (la nativité) et du dimanche de Pâques (les compagnons d’Emmaüs). Après son évangile, il écrit le livre des Actes des apôtres racontant la vie des tout premiers chrétiens.

L’Évangile selon Saint Jean. Jean est un jeune pêcheur, fils de Zébédée, frère de Jacques le Majeur et apôtre de Jésus. Jean est un témoin direct de la vie de Jésus qu’il accompagne durant les 3 années de sa vie publique. Il est le dernier à rédiger un évangile (Valtorta, 468.1). Il l’écrit dans un grec simple, mais très beau. Il comporte 7 “signes”. Cet évangile est le plus mystique des quatre.

Ces quatre évangiles synthétisent, en allant à l’essentiel, la vie et les enseignements de Jésus Christ. Ils contiennent cinq grands points :

  1. Les très nombreux miracles de Jésus (qui attestent son union à Dieu)
  2. L’enseignement des comportements propres aux enfants de Dieu (cf. ci-dessous La Vie dans l’Esprit)
  3. L’enseignement de la cosmogonie (la terre, le jugement, la vie après la mort, le Ciel, l’enfer, la fin des temps, la Trinité)
  4. L’institution de l’Eucharistie, la Passion et la Résurrection de Jésus Christ (qui atteste sa nature divine)
  5. Le don de l’Esprit-Saint aux disciples et leur envoi en mission (faites des disciples de toutes les nations et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit)

C’est essentiellement grâce à ces quatre témoignages croisés et concordants que l’humanité a pu découvrir Jésus. Il est généralement conseillé de lire la Bible en commençant par lire les Évangiles en ce qu’ils procurent la grille de lecture pour bien comprendre l’Ancien Testament.

Il est généralement conseillé aux néophytes de lire les évangiles dans cet ordre :

  • Marc
  • Puis, Luc (si le lecteur est païen) ou Matthieu (si le lecteur est juif)
  • Et, enfin, Jean.

→ Lire l’Évangile selon Saint Matthieu (l’équivalent d’une trentaine de pages A4, taille 12).

→ Écouter l’Évangile selon Saint Matthieu.

Attention : Les protestants ont retiré sept livres de la Bible. Il est donc recommandé de se procurer une Bible catholique pour une lecture complète.

→ Reportez-vous à notre sélection de livres pour trouver des conseils sur les éditions bibliques.

Pour les enfants, le site theobule.org est très bien fait.

Saint Jérôme : “Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ.”

L’identité des rédacteurs des Évangiles

Comme souvent à l’époque, les auteurs de ces textes (les “évangélistes”) ne mentionnent pas explicitement leurs propres noms. Il est toutefois certains que leurs textes n’ont pas circulé de manière anonyme, sinon les lecteurs leur auraient donné des noms divers et variés. Leurs identités étaient donc connues. Ainsi, dès le IIème siècle, quatre Pères de l’Église :

confirment unanimement que ces quatre évangiles furent bien composés par Matthieu, Marc, Luc et Jean.

Irénée de Lyon écrit : “Ainsi Matthieu publia-t-il chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d’Évangile, à l’époque où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Église. Après la mort de ces derniers, Marc, le disciple et l’interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre. De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Évangile que prêchait celui-ci. Puis Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui avait reposé sur sa poitrine, publia lui aussi l’Évangile, tandis qu’il séjournait à Éphèse, en Asie.” (Contre les hérésies, Livre III, Préliminaire, La Vérité des écritures)

Ces attestations multiples et concordantes sont une excellente chose en matière d’authenticité. En effet, les auteurs antiques ne sont généralement connus que par une seule source. Par exemple, nous savons que Tacite est l’auteur des Annales grâce à une seule source de Saint Jérôme, postérieure de 300 ans à la publication originale, et personne ne remet en cause cette information.

L’Apocalypse de Jean

L’Apocalypse de Jean est le dernier livre de la Bible. Il s’agit d’une lettre adressée aux sept Églises primitives dans laquelle l’évangéliste décrit ce qu’il a vu et entendu durant une extase. Il s’agit d’une prophétie symbolique sur la fin des temps qu’il convient de traduire en idées. Elle n’a pas été donné dans le but d’être simple à comprendre, mais d’être étudiée et méditée.

En voici le résumé :

De grands châtiments divins frappent la terre impie et annoncent la fin des temps.

La Vierge Marie apparaît enveloppée de soleil, debout sur la lune et couronnée de douze étoiles. Satan (le Dragon rouge-feu, l’antique Serpent) tente, sans succès, de dévorer le nouveau-né de la Vierge Marie, suite à quoi il est chassé du ciel et jeté sur la terre avec ses anges (Ap 12, 8-9).

Puis, il donne pouvoir à une bête venue de la mer possédant sept têtes et dix cornes couronnées de diadèmes (Ap 13, 1), sur laquelle une “Prostituée fameuse” est assise. Les sept têtes de la bête symbolisent les sept collines de la “nouvelle Babylone” : Rome (Ap 17, 9).

Cette bête est soutenue par un faux prophète (ayant deux cornes), ainsi que par tous les rois de la terre et leurs armées (Ap 19, 19). Le faux prophète parvient à animer l’image de la bête afin d’accroître l’adoration des humains pour elle. Il parvient aussi à imposer aux humains d’être marqués sur leur front et leur main droite du nom de la bête ou de son nombre, qui est 666, pour être en mesure de vendre ou d’acheter des choses. Les personnes ainsi marquées seront toutes damnées par Dieu.

En parallèle, l’agneau de Dieu est présent et il a, avec lui, 144.000 hommes purs, dont le front est marqué du nom de Dieu et de leur propre nom.

La Prostituée est tuée (Ap 17, 16). Et, dans toute sa gloire, Dieu anéanti Rome et établi sa royauté céleste. Satan et sa bête sont capturés et jetés dans l’étang de feu (Ap 19, 20). Leurs adorateurs sont exterminés (Ap 19, 21). Satan est neutralisé pour 1000 ans (Ap 20) et Dieu ressuscite les justes (c’est la “première résurrection”).

Au terme de cette période, satan revient semer le malheur, mais pour peu de temps. Puis, tous les humains sont jugés. Les mauvais sont jetés dans l’étang brûlant de feu et de soufre ; c’est là leur “seconde mort” (Ap 21, 8). Les bons vont auprès de Dieu. Le monde disparaît et Dieu fait descendre une cité nouvelle, incorruptible et d’une beauté sans pareille – la Jérusalem céleste – dans laquelle les sauvés habiteront avec Dieu (Ap 21). Cette cité n’a pas de temple, car Dieu y siège. Elle n’a ni lumières naturelles, ni lumières artificielles, car la lumière divine l’illumine. Là, se trouvent aussi le fleuve et les arbres de Vie (Ap 22, 1-2).

Remarque : L’Apocalypse collective (que nous n’expérimenterons peut-être pas ici-bas) ne doit pas nous faire oublier notre apocalypse personnelle, c’est-à-dire notre décès physique (que nous sommes certains d’expérimenter ici-bas), pour laquelle nous devons constamment nous préparer.

“Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.” (Mt 25, 13 ; Lc 12, 46)

Les langues utilisées au temps de Jésus

Dans le contexte de l’époque, l’hébreu, l’araméen et le grec sont un peu ce que sont pour nous, aujourd’hui au XXIème siècle, le latin, le français et l’anglais :

  • une langue liturgique maîtrisée par les seuls docteurs = l’hébreu (aujourd’hui : latin)
  • une langue parlée au quotidien = l’araméen (aujourd’hui : français)
  • une langue d’échange à l’international = le grec (aujourd’hui : anglais)

C’est la langue araméenne qu’utilisaient Jésus et ses disciples, et dans laquelle enseignaient les apôtres à leurs débuts.

Une rédaction peu après les faits

Plusieurs arguments permettent de déduire que les évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc furent rédigés avant l’an 70, soit moins de 40 ans après la crucifixion de Jésus :

  • La première grande persécution des chrétiens eut lieu sous l’empereur romain Néron, en 64. Nombre de chrétiens furent alors crucifiés, brûlés, jetés en pâture à des chiens affamés (cf. Tacite, Annales, 15, 44). Ainsi, les écrits chrétiens antiques postérieurs à Néron expriment une certaine colère face aux persécuteurs romains. Or, les Évangiles et les Actes des apôtres expriment une sympathie envers Rome et ne mentionnent aucunement ces persécutions, laissant imaginer qu’ils furent rédigés avant l’an 64.
  • Jésus prophétisa, au sujet du Temple de Jérusalem, qu’il “ne restera pas ici pierre sur pierre ; tout sera détruit” (Mt 13, 2). Or, aucun évangéliste ne mentionne sa destruction complète par les Romains le 29 août 70, alors que cet événement majeur confirme la prophétie de Jésus et fut vécu comme cataclysmique par les juifs.

Charles Cutler Torrey (historien) : “Il aurait été peut-être concevable qu’un évangéliste écrivant après l’an 70 ait pu omettre de faire allusion à la destruction du Temple par les armées romaines […], mais que trois (ou quatre) évangélistes aient pu oublier d’y faire allusion, cela paraît assez incroyable.” (cf. Charles Cutler Torrey, The Apocalypse of John, New Haven, Yale University Press, 1958, p. 86)

  • Après avoir écrit son évangile, Luc entreprend d’écrire les Actes des apôtres, racontant les faits suivants l’Ascension de Jésus au Ciel (clôturant son évangile). Ces deux livres sont adressés au même Théophile. Or, la dernière page des Actes des apôtres rapporte que Paul évangélise à Rome, en attendant le verdict du procès que lui ont intenté les Juifs (cf. Ac 28). C’est ainsi que s’arrête ce livre, sans donner le verdict du dit procès ni parler des martyrs de Pierre (vers l’an 64) et de Paul (vers l’an 65), sans parler de la grande persécution des chrétiens sous Néron (en l’an 64) ou de la destruction complète du Temple de Jérusalem (en l’an 70). Les événements clés postérieurs à l’an 64 étant absents du récit, les historiens en déduisent qu’il fut rédigé avant cette date, probablement lorsque Paul arrive Rome (en l’an 60).
  • Les biblistes remarquent que l’évangile de Luc reprendrait des éléments présents dans celui de Marc. De plus, Luc débute son évangile en écrivant que “beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous” (Lc 1, 1). Il est donc probable que Marc rédigea son évangile avant celui de Luc, donc avant les années 60.

Une transmission fiable du Nouveau Testament au fil des siècles

Jésus ne nous a laissé aucun écrit de sa main. Toutefois, nombre de ses premiers fidèles nous ont légué ses actes et ses paroles par écrit. Ainsi, nous disposons aujourd’hui de plus de 24.000 manuscrits antiques du Nouveau Testament. Parmi eux, environ 5800 sont en grec et 10.000 sont en latin. Sur ces 24.000 manuscrits, environ 500 sont antérieurs à l’an 500. Et, avant l’invention de l’imprimerie au XVème siècle, nous en avions déjà plus de 5700 versions en différentes langues.

Le Nouveau Testament est de très loin le recueil de textes le mieux attesté de toute l’Antiquité.

À titre de comparaison, le deuxième texte le plus attesté de l’Antiquité dont nous disposons est L’Iliade, le célèbre poème épique d’Homère. Or, nous ne disposons aujourd’hui que d’une cinquantaine d’exemplaires antiques de L’Iliade. De plus, ces exemplaires datent du IIIème siècle avant Jésus Christ environ, soit 500 ans après sa première composition. Il en va de même pour La Guerre des Gaules, un texte rédigé par Jules César au Ier siècle avant Jésus Christ : les manuscrits les plus anciens dont nous disposons aujourd’hui datent du début du Xème siècle, soit plus de 900 ans après leur première composition. Cet important décalage temporel n’empêche pas les historiens de considérer les copies existantes de L’Iliade et de La Guerre des Gaules comme des sources historiques sérieuses.

Ainsi, d’un point de vue historique, les écrits du Nouveau Testament sont de très loin les écrits les plus solidement attestés de toute l’Antiquité.

Une telle profusion permet aux spécialistes de comparer ces manuscrits entre eux. S’ils observent des variantes, celles-ci sont minimes. Ainsi, sur les 5800 manuscrits grecs du Nouveau Testament dont nous disposons, nous observons environ une variante toutes les 6,5 pages. Mais, parmi ces variantes :

  • 75% sont des erreurs d’orthographe ou de frappe qui n’affectent pas le sens ;
  • 15% sont des transpositions par des synonymes ;
  • 9% sont des variations sur des manuscrits tardifs facilement corrigeables ;
  • et seulement 1% concernent des manuscrits anciens et changent le sens du texte.

Or, aucune de ces variantes n’affecte l’une des doctrines centrales du christianisme, elles sont plutôt périphériques et anecdotiques. Rappelons que ces copies furent effectuées par des scribes professionnels, formés et payés pour réaliser minutieusement un travail qu’ils considéraient comme une “mission sacrée”. Ces comparaisons permettent de constater que les copies successives furent très fidèlement transmises jusqu’à aujourd’hui et communiquent de manière fiable le message d’origine.

Ehrman (exégète athée) : “Les croyances chrétiennes essentielles ne sont pas affectées par des variantes textuelles dans la tradition manuscrite du Nouveau Testament.” (cf. Craig Blomberg, Can We Still Believe The Bible? An Evangelical Engagement with Contemporary Questions, Grand Rapids, Brazos Press, 2014, pp.27-28)

Nous savons que les évangiles ont commencé à circuler à la fin du Ier siècle et au début du IIème siècle, car des écrivains de cette période (Clément de Rome né au Ier siècle, Ignace d’Antioche né vers l’an 35, Polycarpe de Smyrne né vers l’an 70) citent certains de leurs versets dans leurs écrits et leurs lettres. Nous retrouvons ainsi des citations issues de vingt-cinq textes du Nouveau Testament (sur vingt-sept), ce qui nous permet d’en déduire que la plupart des livres du Nouveau Testament circulaient avant l’an 100 et qu’ils ont rapidement fait autorité chez les chrétiens. De plus, nous avons dénombré 36.000 citations du Nouveau Testament chez les Pères de l’Église, ce qui permettrait de reconstituer la quasi intégralité du Nouveau Testament.

Certains pensent que les contenus bibliques furent, en bonne partie, enjolivés. C’est par exemple le postulat actuel des départements de paléontologie, d’égyptologie ou de philosophie. Mais, si vous lisez et étudiez les transcriptions de Maria Valtorta, vous serez, au contraire, saisis par leur solidité.

Les sources chrétiennes antiques – en plus des 27 livres du Nouveau Testament – affirmant l’existence de Jésus sont abondantes. Mais son existence est également attestée par neuf sources non chrétiennes, voire anti chrétiennes, datant des premiers siècles du christianisme (vous trouverez tous les détails sur cette page).

→ Lire la Constitution dogmatique sur la Révélation divine, Dei Verbum, le 18 novembre 1965.