Feedbacks du père Gabriele Amorth, le prêtre aux 70.000 exorcismes

Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat, soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon.
Que Dieu exerce sur lui son empire, nous le demandons en suppliant.
Et vous, prince de la milice céleste, repoussez en enfer, par la force divine, satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde en vue de perdre les âmes.
Amen.

(D’après l’exorcisme du pape Léon XIII)

Introduction

La présente synthèse est principalement issue du livre Confessions (2010) signé par le journaliste italien de La Stampa, Marco Tosatti. Ce livre restitue une série d’entretiens lors desquels le père Amorth, 85 ans, expose son parcours, ses pratiques et ses retours d’expérience en tant qu’exorciste, en les illustrant d’une multitude de cas concrets. Il s’agit d’un partage bien plus empirique que théorique. Revenant sur cet ouvrage, le père Amorth dira qu’il s’est borné à « relater les faits » pour ne pas « faire du sensationnel, mais simplement dire la vérité sur la pratique de l’exorcisme » (Famille Chrétienne, 30/11/2010).

Ici, les numéros de page donnés [entre crochets] renvoient à l’édition suivante : Père Gabriele Amorth, Entretiens avec Marco Tosatti, Confessions, Mémoires de l’exorciste officiel du Vatican, éd. Michel Lafon, 2010. Vous pouvez lire quelques extraits du livre ici.

Des sources complémentaires proviennent du livre journalistique de Tracy Wilkinson, Anne Mascret et Yvon Bertorello, Les Exorcistes du Vatican, Chasseur de diable au 21ème siècle, éd. Litté, 2007 (ou les éditions Québec Amérique pour l’Amérique du Nord).

Sauf mention contraire, les citations entre « … » sont toutes celles du père Amorth.

En italien, le nom Amorth se prononce A-MOR-TE.

Si vous n’êtes pas familier de la compréhension catholique du monde, vous pouvez, au préalable, lire cette synthèse pour acquérir les fondamentaux en quelques minutes.

À la suite de Jésus

Au cours de sa vie publique, Jésus a exorcisé les possédés et demandé à ses disciples d’en faire autant : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » (Mt 10, 8). Ainsi, « pendant les quatre premiers siècles de l’histoire chrétienne, tous les prêtres étaient habilités à effectuer des exorcismes » [pp241-242]. « Jusqu’au XIIème siècle, tout se passait bien, car tous les diocèses comptaient un grand nombre d’exorcistes. Puis est arrivé ce que [le père Amorth] appelle une ‘époque de folie’ » [p245] : certains membres de l’Église ont abandonné les exorcismes, et préféré torturer les hérétiques et brûler vifs les possédés. Surtout du XIVème au XVIIème siècle. En réaction à ces atrocités, à partir du XVIIIème siècle et de l’époque moderne, la hiérarchie catholique a tout arrêté, cessant de parler des possessions et des exorcismes dans les séminaires. Conjointement, le développement de la médecine et de la psychologie détournèrent l’attention de ces sujets. Le bienheureux père Francisco Palau y Quer, un carmélite déchaux et exorciste espagnol très dévoué, échoua en 1879 à alerter le Vatican sur cette réalité surnaturelle. « Voilà pourquoi on rencontre aujourd’hui quantité de prêtres qui n’y croient pas, et même des évêques » [pp246, 275].

Cependant, la glace commença à se briser grâce au pape Saint Paul VI et à son célèbre discours du 15 novembre 1972 sur le démon [p250].

« Le mal ne présente pas seulement un manque de quelque chose, mais il est un agent actif, un être spirituel vivant, pervers et qui pervertit. Il constitue une terrible réalité. » (Pape Paul VI, 1972)

Le pape Saint Jean-Paul II avait beaucoup parlé du diable comme d’une force tangible, dangereuse et constamment présente dans le monde, et de l’exorcisme. Il aurait pratiqué lui-même trois exorcismes, en 1978, 1982 et 2000 (Wilkinson et al., pp68-67). Le pape Benoît XVI y croyait et s’était exprimé publiquement à plusieurs reprises sur le sujet [p258]. La pratique de l’exorcisme reprend peu à peu depuis la fin du XXème siècle.

Par ailleurs, le Renouveau spirituel a « relancé la lecture de la Bible, la dévotion à l’Esprit Saint et les prières de guérison et de libération » [p275].

Aujourd’hui, chaque diocèse de par le monde est supposé avoir au moins un prêtre exorciste. Toutefois, cette obligation est loin d’être appliquée partout. De nombreux pays n’ont même aucun prêtre exorciste ! Les fidèles doivent alors chercher des personnes avec qui faire un travail de libération et de guérison, comme le proposent des groupes du Renouveau spirituel/charismatique recourant à des prières de délivrances, voire se déplacer à l’étranger [p275].

Le père italien Gabriele Amorth (1er mai 1925-16 septembre 2016) était un prêtre exorciste de l’archidiocèse de Rome de 1986 à 2016, et le prêtre exorciste contemporain le plus connu au monde. Pas le plus « fort » (les plus « forts » chasseurs de démons sont les grands saints : Sainte Catherine de Sienne, etc.), mais le plus connu.

Avant d’être ordonné prêtre dans la Société San Paolo, le 24 janvier 1954, soit le jour du centenaire du dogme de l’Immaculée Conception [p18], il fut résistant (« partisan ») durant la seconde guerre mondiale, étudiant en droit et cadre national du parti politique italien Démocratie chrétienne [pp16-17]. Il était spécialiste de la mariologie (étude sur la place de la Vierge Marie dans le plan divin) [p21] et était très attaché à Medjugorje, lieu d’apparitions mariales contemporain au sujet duquel il a rédigé des livres et de nombreux articles. « C’est le lieu au monde où l’on se confesse le plus, et où les conversions sont les plus nombreuses » [pp117, 276]. Il fut le directeur du mensuel marial Madre di Dio des éditions San Paolo [pp21, 276].

C’est en 1986 que le cardinal Poletti lui donne la charge d’assistant du père passioniste Candido Amantini qui fut exorciste à la Scala Santa pendant une quarantaine d’années [pp250-251]. Le père Amorth se forma alors auprès de ce père très expérimenté qui avait notamment le charisme singulier de savoir si une personne était sujette à des troubles démoniaques en regardant ses yeux, y compris d’après une photo suffisamment nette [p43]. Il arrivait au père Amantini de recevoir jusqu’à 80 personnes en une matinée [p43].

Le père Gabriele Amorth fonda l’Association italienne, puis internationale, des exorcistes (AIE). Cette association organise des rencontres (notamment un congrès secret tous les deux ans en Italie, cf. Wilkinson et al., pp25, 239) et édite un bulletin permettant aux exorcistes de partager leurs expériences entre eux.

Il était complètement dédié à son ministère. Il n’avait ni téléphone portable, ni ordinateur. Il ne consultait jamais Internet, la télévision ou la presse [p9]. Il travaillait « du matin au soir, sept jours par semaine, y compris à Noël et à Pâques » [p21]. En 2010, il estimait avoir effectué plus de 70.000 exorcismes, sachant que nombre de patients ont reçu de multiple exorcismes [p75].

Un petit Lexique pour définir les termes

Satan/diable/le démon

Le terme « satan » veut dire en « l’adversaire » et « l’accusateur » en hébreu ancien.

Le terme « diable » vient du latin diabolus et du grec diabolos (« diviser »).

Le diable existe. Il est explicitement mentionné dans la Bible. Il est un archange déchu en raison de sa rébellion contre Dieu.

Comme tous les anges, il est pur esprit. En revanche, il peut se rendre visible en prenant une forme quelconque. [p129]

Parce qu’il hait Dieu, il s’en prend inlassablement à sa créature préférée : l’homme.

Le père exorciste italien Gabriele Nanni explique : « Le but du diable est d’attaquer tous les hommes. Son objectif n’est pas seulement de causer du tort à l’homme sur terre, mais également de le réduire au désespoir par la souffrance et de l’inciter à commettre les péchés les plus graves contre Dieu. Le diable utilise tous les moyens ordinaires ou extraordinaires pour s’en prendre à l’humanité. » (Wilkinson et al., p85)

« Saint Augustin affirme que si Dieu ne l’en empêchait, le diable nous assassinerait tous. » [p61] Quel Amour de Dieu pour nous !

Ainsi, le but premier du diable est-il indirect : nous faire céder à la tentation du péché pour nous séparer de Dieu [pp125, 269]. « Le diable fait son travail sérieusement. Et Dieu n’est pas tenu de l’en empêcher, il nous a créés libres. » [p268]

Jésus : « En effet, l’homme a cette magnifique liberté qu’est la volonté : il peut vouloir librement le bien ou le mal. Il possède en outre cet autre magnifique don qu’est l’intelligence, capable de discerner le bien et le mal. » (Valtorta, 569.3)

Le but premier de satan n’est donc pas de « squatter » les personnes. La possession est une manière de manifester sa « puissance » [pp125-126]. Ici, soulignons que le diable n’est qu’une simple créature ; son pouvoir est puissant, mais limité. À l’inverse, Dieu est Le Créateur Tout-Puissant et sans limite. Le diable a déjà perdu. Dieu est vainqueur de toute éternité.

« Le démon a la faculté de tuer, mais si et seulement si – c’est déjà beaucoup ! – Dieu lui en donne la permission. » [p120]

Démons

Le terme « démon » vient du grec classique daimon ou daimonion (« esprit », génie »).

Les démons au pluriel qualifient des anges déchus en raison de leur apostasie inférieurs à satan, leur chef.

Âmes errantes

Après la mort, toutes les âmes vont immédiatement au paradis, au purgatoire ou en enfer. Toutefois, il semblerait que certaines restent piégées à cause de leur attachement aux biens matériels, à leur rancune, à leur haine, ou parce qu’elles se sont données au démon [p67].

Le père Amorth reconnaît que cette observation « pose un vrai problème théologique » [p221].

Ces âmes tourmentées, qui n’auraient « pas encore reçu de destination définitive » [p219] et se trouveraient « dans l’obscurité » [p220], peuvent harceler les personnes sur terre. Les prières d’exorcisme peuvent être inopérantes sur ces âmes. Dans ce cas, il faut recourir, en les adaptant, aux prières récitées pour les morts, et aussi « leur faire comprendre que la famille qu’elles persécutent n’éprouve aucune rancune à leur égard. Qu’elle leur pardonne. » Et essayer « d’amener ces âmes dans la lumière du Christ, là où Dieu pourra agir selon sa volonté. » [p67] Le père Amorth dit avoir donné l’absolution sous condition à l’une de ces âmes errantes, lui permettant ainsi d’aller expier [p220].

Le père Amorth pose une hypothèse : est-il possible que des âmes tourmentées harcèlent des personnes afin d’attirer l’attention sur leur cas, « dans l’espoir d’obtenir des suffrages (prières d’intercession) et d’être délivrées ? » [p169]

En revanche les fantômes sont « une pure invention » ou bien « ce sont des combines du démon pour se manifester sous cette forme » [p129].

Âmes damnées

Des âmes damnées peuvent également être présentes [pp145, 219]. Elles opposent « une force très inférieure » à celle des démons [p219].

Certains patients sont possédés par des « guides spirituels qui se disent être des âmes de défunts » (exemple : des artistes célèbres) [p71]. Ici, il peut s’agir d’esprits qui habitaient l’artiste en question.

Épreuve

Selon le catéchisme de l’Église catholique (CEC 2847), l’épreuve est nécessaire à la croissance de l’homme intérieur (Lc 8, 13-15 ; Ac 14, 22 ; 2 Tm 3, 12) en vue d’une « vertu éprouvée » (Rm 5, 3-5).

Tentation

Le diable tente les hommes pour les pousser au péché et les éloigner de Dieu. Les tentations sont des situations à risque dans lesquelles nous devons faire un choix déterminant entre le bien et le mal, car y succomber conduirait au péché et vers la mort (Jc 1, 14-15). Tous les êtres humains sont constamment confrontés à ces situations. Elles relèvent des tactiques ordinaires du démon. Jésus lui-même a été tenté par satan à la fin de sa retraite au désert. Si tous peuvent être tentés, ne sont pécheurs que ceux qui veulent l’être (Valtorta, 567.23).

Jésus : « Il n’y a pas de péché là où l’on ne consent pas à la tentation, Judas. En revanche, faire bon accueil à la tentation et s’y arrêter, même sans consommer l’acte, est déjà un péché. Ce sera un péché véniel, mais c’est déjà se diriger vers le péché mortel qu’il prépare en vous, car accueillir la tentation et vous y arrêter par la pensée, suivre mentalement les phases d’un péché, c’est vous affaiblir vous-mêmes. Satan le sait, et c’est pour cela qu’il réitère ses tentatives, dans l’espoir constant que l’une d’elles réussisse à pénétrer en vous et vous travaille intérieurement… Après… il sera facile de changer l’homme tenté en coupable. » (Valtorta, 567.23)

Jésus : « En vérité, je vous dis que celui qui fera bon usage de son intelligence et de son libre arbitre et qui invoquera le Seigneur pour discerner ce qui est juste et vrai, ne cèdera pas à la tentation, car le Père des Cieux l’aidera à faire le bien en dépit de toutes les embûches du monde et de satan. » (Valtorta, 569.4)

Lorsque nous débutons notre chemin de conversion, le démon nous attaque principalement sur nos points faibles (pour nous décourager face à l’ampleur de nos péchés/faiblesses que nous commençons à percevoir de plus en plus clairement). Puis, au fur et à mesure que nous progressons dans la vie spirituelle, il va nous attaquer sur nos points forts, afin de nous perdre en gonflant notre orgueil.

L’important, ce n’est pas les attaques démoniaques, mais la manière dont nous les traversons.

Face aux tentations, la fuite est une bonne chose. Ainsi, « en cas de tentation, Paul ne dit jamais ‘tenez bon’ mais toujours ‘fuyez’ (1 Co 6, 18 ; 1 Tm 6, 11 ; 2 Tm 2, 22) » (cf. Damian Stayne, Renouvelle tes merveilles, Des dons spirituels pour aujourd’hui, Éditions Emmanuel/EdB, 2019, p.297).

« Considérez comme une joie extrême, mes frères, de buter sur toute sorte d’épreuves. Vous le savez, une telle vérification de votre foi produit l’endurance, et l’endurance doit s’accompagner d’une action parfaite, pour que vous soyez parfaits et intègres, sans que rien ne vous manque. » (Jc 1, 2-4)

Jésus : Les tentations ne séparent pas de Dieu. « Au contraire, elles unissent davantage à lui, car toute tentation vaincue vous fait monter d’un degré vers le Ciel […]. » (Valtorta, 467.10)

Péché

Les péchés sont les fruits de notre consentement à la tentation (cf. CEC 2846). Seul Jésus peut nous en délivrer, sans quoi ils nous conduisent sur la pente de la mort.

Combat spirituel

Le combat spirituel est, jusqu’à la mort, le lot de tout homme qui résiste à la tentation et au mal. Ceux qui mènent cette lutte avec succès vont, lors de leur mort, au Ciel. Les plus exemplaires sont les Saints.

Influences maléfiques

Les influences maléfiques peuvent se transmettre par la proximité avec une personne ayant une énergie négative, y compris avec un anonyme dans une foule [p79].

Maléfices

Les maléfices sont des « sorts véritables jetés par de véritables envoûteurs », en pratiquant un culte ; « des maux provoqués par l’action du démon » [p209].

Envoûteurs/sorciers

« 98 %, voire 99 % [des envoûteurs ou des sorciers] sont des clowns, des charlatans » [pp104, 259].

Les autres, les vrais envoûteurs sont soit possédés, soit liés au démon.

Pour être liés au démon :

Il ont conclu un pacte avec lui [p209], ils ont passé un accord avec lui (Wilkinson et al., p87). Ils ont assisté à des rituels au cours desquels ils vénèrent le démon et renoncent à la foi chrétienne (Wilkinson et al., p87) ;

« Quand ils sont liés au démon, il n’y a pas besoin de possession. Ils lui appartiennent déjà. » [p265] ;

Ils « vivent de la haine, de la perfidie, exactement comme le démon lui-même » [p209]. Ils peuvent utiliser des objets de maléfices [p87] donnés au démon [p176]. Exemples : vêtements [p223], bijoux, articles de literie (Wilkinson et al., p145), encens (Wilkinson et al., p228), etc.

Cartomanciens

Ce sont des personnes qui tirent les cartes pour savoir l’avenir ou des choses occultes. Cette pratique – la cartomancie – est une divination et une superstition. Ceux qui la pratiquent ne sont pas des possédés, mais des associés de satan, liés à lui par un pacte d’amitié. En retour, satan leur permet de deviner certaines choses et les fait travailler. Puisqu’ils obtiennent des résultats, les personnes s’y accoutument (phénomène de « dépendance psychologique ») et s’éloignent de Dieu, de la foi, de la prière. La cartomancie est moralement condamnable en ce qu’elle consiste à vouloir connaître ce que seul Dieu connaît (au moyen de cartes qui n’ont absolument pas ce pouvoir en soi). [p269-271]

New Age

Le new age est un concept spiritualiste aux contours flous qui fut élaboré, au XIXème et XXème sicèles, par, notamment, le spiritualiste arménien Georges Gurdjieff, l'occultiste français Papus, Helena Blavatsky, le socialiste britannique Alfred Richard Orage (et son hebdomadaire New Age), l'occultiste britannique Alice Bailey, l'astrologue français Paul Le Cour et l’imposteur Cyril Henry Hoskin – un technicien anglais au chômage se faisant passer un lama tibétain. Il évoquerait l'avènement d'une ère nouvelle marquée par une élévation spirituelle collective.

Il désigne aujourd'hui la démarche selon laquelle l’individu pourrait composer son propre parcours spirituel, sur mesure. Le new age ne propose pas La Vérité, mais une vérité personnalisable et malléable. Dès lors, chacun compose la sienne, à la carte, en piochant dans l’ensemble des offres spirituelles disponibles et en faisant ses choix sur la base de ses seuls ressentis positifs personnels ("le cœur plutôt que l’intellect").

Exemples : shakras, aura, mantras, méditations transcendentales, sophrologie, hypnose, pendule, magnétisme, radiestésie, gnosticisme, ésotérisme, spiritisme, rebirth, lithothérapie, divination, astrologie, numérologie (le fait de croire que les nombres ont des propriétés), cartomancie, nécromancie, magies blanches et noires, chi gong, tai chi chuan, channeling/canalisation, écriture automatique, reïki, ouija, chamanisme, kundalini yoga (une puissante énergie logée dans l’os sacrum qui peut s’éveiller et monter le long de la colonne vertébrale, passant de chakra en chakra, jusqu'au chakra corronaire situé au sommet du crâne), etc.

Le narratif new age prétend que l’individu pourrait se faire l’étalon de mesure de la vérité, qu’il peut enseigner les autres, qu’il peut les guérir. Les adeptes du new age n’ayant généralement ni les connaissances ni la solidité nécessaires pour évaluer ce qu’ils font, se laissent aisément prendre par des croyances et des pratiques exotiques séduisantes, mais fausses et potentiellement dangereuses.

Le new age laisse croire que l'on se suffirait à soi-même : nul besoin de révélation ni de rédemption (par exemple, l'individu réparerait seul ses erreurs au cours de nouvelles existences, selon son karma).

Cette spiritualité liquide a le vent en poupe en ce qu'elle s’accorde idéalement avec le consumérisme et l’égocentrisme ambiants.

Perturbations démoniaques

Il s’agit de perturbations pouvant déranger le quotidien : les portes et les fenêtres s’ouvrent et se ferment toutes seules ; les appareils électriques s’allument et s’éteignent tout seuls ; etc.

Emprises extraordinaires

Vexations/oppressions démoniaques

Ce sont des attaques/persécutions externes causées par le(s) démon(s). Elles touchent la sensibilité superficielle. Leur but est de semer la peur, la terreur, la paralysie, psychologique et spirituelle. Il y a plusieurs degrés de vexation/oppression (plus ou moins graves) : empêcher de prier, de se lever, de se redresser, etc. Exemple de cas grave de vexation : le Padre Pio était fouetté jusqu’au sang par le démon [p31].

Infestations démoniaques

L’infestation démoniaque est la présence d’un démon dans un objet matériel, un lieu ou un animal.

Obsessions démoniaques

Ce sont des attaques/persécutions internes causées par le(s) démon(s). Elles infestent le psychisme par des pensées obsédantes, souvent absurdes, et entraînent des symptômes proches de la psychopathologie (dédoublement de la personnalité). La volonté de la victime est libre, mais opprimée par des pensées obsessionnelles. La victime vit dans un état de prostration et peut avoir des pensées suicidaires.

Possessions démoniaques [p31]

Cela reste un cas rare (Wilkinson et al., p107).

Cas dans lequel, une personne est possédée par satan [pp94, 101] (et, parfois, également par d’autres démons, voire des âmes damnées). Ces entités vivent en hiérarchies, fondées sur la haine [p94]. La gravité de la possession varie selon les cas.

La personne qui est possédée (« énergumène ») ne commet pas de péché, car elle n’est pas en mesure d’utiliser son libre arbitre. (Wilkinson et al., p69)

Prêtre exorciste

C’est un prêtre catholique romain « doté d’un mandat précis en matière sacerdotale », délivré par son évêque, lui permettant d’effectuer des exorcismes [p242].

Exorcisme

Ce mot vient du grec exorkizein signifiant « prêter serment ». L’exorcisme est un sacramental, exercé en vertu de la prière de l’Église, et non un sacrement, opéré par la vertu du Christ et donc infaillible (Wilkinson et al., p241). Il vise à chasser le ou les démons prenant possession d’une personne. Il peut se limiter à une simple prière et à une bénédiction, ou prendre la forme d’un rituel codifié. Seuls les prêtres exorcistes catholiques sont habilités (par leurs évêques) à le pratiquer. Ils exercent leur ministère gratuitement et ne demandent aucun argent, conformément à la demande de Jésus : « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. » (Mt 10, 8). Les fidèles peuvent librement faire une offrande s’ils le veulent.

Un grand exorcisme est un rituel extrêmement précis : litanie des Saints > Crédo > Notre Père > lecture de l’Évangile… le tout accompagné de gestes précis. Puis : prière déprécative (le prêtre demande à Dieu de libérer la personne) > prière imprécative (le prêtre ordonne au démon de partir, au nom de Jésus-Christ) > et, enfin, action de grâce.

Plusieurs séances régulières sont généralement nécessaires pour obtenir la délivrance complète du patient.

La prière de libération/délivrance

Cette prière diffère notamment de l’exorcisme en ce qu’elle ne comporte pas de prière imprécative.

Peuvent être effectuées par des prêtres et/ou des laïcs. On en trouve notamment au sein des groupes du Renouveau spirituel/charismatique. Faites avec foi, ces prières peuvent avoir la même efficacité que les véritables exorcismes. [pp242-243]

La prière de consolation

Lorsque la personne porte une blessure profonde ayant besoin d’être consolée.

Bénédiction

Le terme bénir veut dire « dire du bien ». Tous les prêtres peuvent bénir les personnes, les lieux (écoles, maisons, entreprises, etc.), les objets, les animaux ; les prêtres exorcistes peuvent même les exorciser (Wilkinson et al., pp215-216).

Baptême

Le baptême est le premier des sacrements ; celui par lequel on devient enfant adoptif de Dieu. Le Rituel de l’Initiation chrétienne des Adultes (RICA) désigne les étapes qui conduit les catéchumènes jusqu’à leur baptême. Il contient 13 prières d’exorcisme.

La cérémonie du baptême comporte une prière d’exorcisme. Saint Thomas d’Aquin l’explique en citant le prophète Jérémie : « ne semez pas dans les ronces » (Jr 4, 3). Malheureusement, cette exorcisme a été fortement amoindri par Vatican II, ce que le pape Paul VI déplora dans son audience du 15 novembre 1972.

C’est souvent au moment où la personne exprime son désir de se convertir, d’être baptisée ou de se confesser que les tortures du démon commencent (Wilkinson et al., p221).

Le parcours exorcistique

Les symptômes

Le schéma classique est le suivant :

  1. La personne éprouve les symptômes suivants (Wilkinson et al., pp145, 214) :
    • troubles physiques :
      • maux de tête et de ventre (mais aussi des douleurs à l’utérus, aux parties génitales, aux os, aux jambes ; problème d’érection) [p45],
      • douleurs,
      • sensations d’étouffement,
      • augmentation de poids en quelques minutes,
    • troubles spirituels :
      • répulsion à prier,
      • répulsion à fréquenter les sacrements,
      • répulsion à user des sacramentaux,
    • troubles psychiques :
      • schizophrénie apparente,
      • pensées de mort et de suicide, obsessions à caractère sexuel, poussées de haine,
      • visions,
      • perturbations auditives (bruits effrayants, voix, cris d’animaux, grincements…),
    • troubles médiumniques (voyance),
    • phénomènes inexpliqués (claquements de portes, de fenêtres, déplacements ou disparition d’objets…),
  2. Elle consulte les médecins compétents qui ne trouvent aucune explication (les examens médicaux s’avérant souvent normaux),
  3. Elle est redirigée vers des psychiatres qui n’arrivent ni à établir un diagnostic médical précis, ni à traiter le problème,
  4. Elle est redirigée vers un prêtre exorciste par un membre de sa famille, un ami, un ecclésiastique, ou en raison d’une manifestation suspecte au contact d’un événement religieux (dans un groupe de guérison/délivrance, dans une église).

Certains démons cherchent simplement à faire souffrir les personnes, sans gêner leur travail [p116].

Le père Amorth insiste sur le fait qu’ »une personne qui souffre doit toujours commencer par aller voir un médecin » [p34]. Le droit canonique de 1917 (canon 1151) l’exigeait. On a souvent à faire à des problèmes d’ordre psychique. Or, une personne souffrant d’une psychose grave et qui a recours à un exorciste risquerait de profonds traumatismes mentaux et pourrait être confortée dans sa « démonopathie » (Wilkinson et al., pp152, 211).

Certaines personnes peuvent simuler – même inconsciemment – la possession pour attirer l’attention de leurs proches (Wilkinson et al., pp94, 235-236). À l’inverse, les médecins peuvent n’avoir qu’une lecture matérialiste ne voyant chez de véritables possédés que des problèmes liés à leur mentalité, leurs traumatismes (Wilkinson et al., pp134-135).

Le diagnostic

La réaction au sacré fait partie des signes les plus pratiques et objectifs (Wilkinson et al., p235). Ainsi, lorsqu’une nouvelle personne vient voir le prêtre exorciste, ce dernier pratique généralement un exorcisme simple sur elle pour tester sa réaction. Si elle réagit positivement, les séances commencent.

Les phénomènes anormaux ne se produisent que pendant les exorcismes. Après, les personnes redeviennent normales. (Wilkinson et al., p226)

« Les premiers exorcismes, en un sens, ce sont des diagnostics. Et je crois que seul l’exorcisme permet de savoir avec certitude s’il y a ou non présence du démon. » [pp34, 45]

Mgr Andrea Gemma, seul prêtre italien à la fois évêque et exorciste, confirmait en 2007 que l’exorcisme en lui-même est le meilleur moyen d’établir un diagnostic (Wilkinson et al., pp95, 105). Ce point de vue est également partagé par le père Jean-Pascal Duloisy, exorciste du diocèse de Paris. Ce fait est même explicitement affirmé dans l’ancien rituel (cf. Rituale sacramentorum Romanum, 1584, Cap. III ; cité in Wilkinson et al., p236).

« On peut aussi pratiquer des provocations silencieuses – avoir sur soi l’eucharistie, par exemple, à l’insu de tout le monde –, en utilisant l’eau bénite, le sel bénit, ou l’eau servant aux liturgies pascales. On observe ce que les gens acceptent et refusent de boire. Ils reconnaissent toujours l’eau bénite et le sel bénit. » [p69] Les réactions provoquées chez le patient par la présence de ces éléments saints aident à déterminer l’origine de ses troubles.

L’exorciste peut réaliser des tests : réciter un texte profane en latin en y glissant quelques prières du rituel, utiliser de l’eau non bénite au lieu de l’eau bénite, utiliser des vêtements bénis et d’autres non bénis, prier pour la personne à distance à une heure précise à son insu puis s’informer ultérieurement de ses réactions à cet instant, etc.

« Quand le sujet ne produit pas de réaction, cela signifie que les maux ont une autre origine. » [p260] Dans de rares cas, une personne possédée peut ne pas réagir lors de la première séance d’exorcisme, mais seulement lors de la deuxième ou de la troisième (Wilkinson et al., p235).

Il faut aussi vérifier les oreillers [p82], dans lesquels peuvent être introduits de façon magique et à distance des objets maléfiques dans le but de nuire [p211].

Les manifestations lors de l’exorcisme

Au XVIème siècle, Le père Menghi semble avoir été le premier érudit à avoir codifié les symptômes de la possession (Wilkinson et al., p60). Les observations du père Amorth confirment ces signes. Les voici :

  • Profonde mélancolie,
  • Transe : Les possédés entrent souvent en transe. Ils perdent alors, partiellement ou totalement, leur conscience de ce qui se passe et leur sensibilité physique [p150],
  • Violente aversion envers les consacrés, les sacrements, les objets bénis, les églises, etc.,
  • Hurlements,
  • Blasphèmes,
  • Soutenir un dialogue couramment dans une ou plusieurs langues que la personne possédée ne parle pas,
  • Révéler des faits véridiques que la personne possédée ne connaît pas (notamment des péchés commis par les prêtres présents),
  • Réclamer l’aide du diable,
  • Baves,
  • Crachats,
  • Vomissements,
  • Saignements (Wilkinson et al., p145),
  • Expulsion de diarrhée en des quantités inexplicables (« des litres et des litres ») et « de toutes les couleurs. Comme si le corps était un récipient trop petit pour contenir tant de liquide. » [p82],
  • Expulsion d’objets divers (couteaux, aiguilles, clous en fer pouvant mesurer 10 cm de long, morceaux de verre, boucles en métal, des petits objets pareil à des animaux, petits morceaux de papier formant un puzzle, gazes, excréments, fleurs ou boutons de fleurs, plumes, « médaillons », etc. [pp82, 83, 84]) par la bouche, voire l’anus ; ces objets se matérialisent au moment de sortir du corps du patient, si bien qu’un scanner ne verrait rien d’anormal,
  • Force surhumaine (obligeant parfois à attacher les patients),
  • Lévitation.

Les rituels antérieurs à 1614 mentionnent encore : dessiner, peindre, chanter, jouer d’un instrument, faire des acrobaties, parler philosophie, théologie, science, alors même que la personne, dans son état normal, ne maîtrise pas ces disciplines (Wilkinson et al., p227).

La conjonction de ces signes est révélatrice.

Le processus de délivrance

Les conditions primordiales

Les préalables indispensables à la libération :

  • Le patient doit vouloir être libéré. « Il est impossible d’exorciser contre la volonté du patient. » [pp94, 191]
  • Le patient doit mettre son « âme en règle » :
    • par une bonne confession [pp165, 216],
    • par une communion [p216],
    • par « le pardon du cœur », car on ne peut pas délivrer une personne qui nourrit de la haine, de la rancune ou des ressentiments (c’est pourquoi le démon alimente ces sentiments) [pp135, 191, 216],
    • par l’engagement sur un chemin de foi [pp165, 216],
    • par la rupture avec les activités néfastes (exemples : new age, cartomancie, etc.) [p216].
  • Le patient doit vouloir pratiquer la religion catholique ; il n’y a pas de délivrance sans conversion (Wilkinson et al., p220).

Les prières

L’exorcisme est ce que le démon redoute le plus parmi les sacramentaux (Wilkinson et al., p236).

Le prêtre exorciste récite des prières codifiées visant à chasser, au nom de l’autorité de Jésus-Christ, le ou les démons. « Le texte fondamental du rituel de l’exorcisme fut écrit en 1614 ; il est demeuré presque inchangé pendant 385 ans » (Wilkinson et al., pp67-68).

En 1999, le Vatican instaure une modification importante de ce rituel en publiant un nouveau document intitulé De Exorcismus et Supplicationibus Quibusdam (« Des exorcismes et de certaines supplications », 90 pages en version latine), au terme de « dix années de consultations, d’études et de débats » selon le cardinal Jorge Arturo Medina Estevez (Wilkinson et al., p68).

Le père Gabriele Amorth se sert de l’ancien rituel de 1614, car il est très critique envers le nouveau (sauf pour sa première partie qu’il estime « très belle et fort bien composée » [p35]). Ce nouveau rituel aurait été rédigé par des liturgistes, inexpérimentés en exorcisme (Wilkinson et al., pp240-241). Il utilise aussi la prière d’exorcisme du pape Léon XIII [pp154, 180]. Il privilégie le latin, langue qu’il considère plus efficace dans cette pratique (Wilkinson et al., p25). Mgr Gemma confirme : pour lui, le nouveau rituel imposé par l’Église n’est pas réaliste et trop tiède et « le diable est content de la quasi-disparition du latin » (Wilkinson et al., p105). Il est permis aux exorcistes dont l’évêque en fait la demande à la Congrégation du Culte divin d’utiliser l’ancien rituel (Wilkinson et al., p229).

Le démon ne supporte pas les noms de Dieu, de Jésus, de la Très Sainte Marie immaculée, etc. [p193]

Le prêtre exorciste peut invoquer l’aide de Saints : Saint Padre Pio, Saint Jean-Paul II, Saints avec lesquels il a une affinité particulière, etc. [p106]

La prière en langue (ou la « prière en jubilé » comme disait Saint Augustin) peut également être efficace. L’exorciste le plus connu de Sicile, le père Matteo La Grua la pratiquait [pp111-112].

La prière est plus efficace :

  • si elle est associée au jeûne, il « favorise la délivrance » [pp47, 195],
  • si elle est formulée à plusieurs [p195].
  • si elle est formulée en latin, la langue sacrée (Wilkinson et al., p222).

Mgr Gemma observe que « la prière est le seul remède qui puisse guérir toutes les maladies » (Wilkinson et al., p105).

Les gestes

Signes de croix, impositions du crucifix et des mains, souffles (exsufflation).

Les sacramentaux

En complément des prières d’exorcisme, le prêtre exorciste peut utiliser d’autres sacramentaux : eucharistie, eau bénite, sel bénit, huile sainte, étole (dont un pan peut être passé autour du cou du possédé ; Wilkinson et al., p229), croix, reliques de Saints, médailles (Saint Benoît) [pp116, 141, 196].

Le prêtre exorciste peut faire boire de l’eau exorcisée au patient [p85].

L’eau de Lourdes et l’huile de Lorette sont également les bienvenues (Wilkinson et al., p230).

À distance

L’exorcisme peut aussi se conduire à distance, au téléphone [pp89, 180, 199, 208, 217].

La délivrance

Le principe

Les démons « ont la terreur des exorcismes » et disent souffrir « plus qu’en enfer ! » [pp110, 126].

Ce processus consiste à faire entrer la vraie Lumière dans le lieu de ténèbres investi par le ou les démons, à un tel point qu’ils ne puissent plus y demeurer et doivent l’abandonner définitivement [p155]. Il s’agit de tellement sanctifier le corps de la personne possédée, par des formules qui torturent le démon (exorcismes, prières, psaumes), qu’il préfère la fuite (Wilkinson et al., pp228-229).

Le père exorciste italien Gabriele Nanni décrit : « Il faut se représenter une personne possédée comme une ville assiégée. Lors d’un exorcisme, grâce à la bénédiction qui est donnée, le mauvais esprit s’affaiblit et il relâche son emprise. C’est comme une pieuvre qui serre un objet très fort entre ses tentacules. Lorsqu’elle s’affaiblit, elle relâche l’objet. Mais elle tente de le reprendre jusqu’à ce qu’elle soit définitivement vaincue et qu’elle finisse par le lâcher. C’est à ce moment seulement que le patient éprouve un soulagement total. » (Wilkinson et al., p84)

Le patient peut perdre conscience lors du processus, ainsi que la mémoire de la séance (Wilkinson et al., p219).

Plus le démon reculera, plus le patient pourra participer conjointement à la prière du prêtre exorciste [p196].

La durée

Le laps de temps pour obtenir la délivrance dépend des facteurs suivants :

  • La durée de contamination du patient. Plus elle est longue, plus les racines sont profondes, plus les extirper prend du temps [p35]. Dans certains cas, la contamination peut être présente dès le stade fœtus (par un sortilège par exemple), c’est pourquoi le père Gabriele Amorth encourage à faire baptiser les enfants le plus tôt possible pour que ce sacrement arrive avant le démon, même si « l’exorcisme du baptême ne supprime pas le maléfice » [pp123-124]. Certains enfants possédés sont empêchés de parler, « comme s’ils avaient une ‘ligature’ à la langue, dans la bouche » [p229].
  • La foi de la personne qui se fait exorciser et de ses parents [p47].
  • La foi du prêtre exorciste [p47] (plusieurs ne croient même pas au démon), et sa sainteté [p110].

L’exorcisme est une lutte où les prières de l’Église s’opposent à la force du ou des démons (Wilkinson et al., p241).

Les disciples interrogent Jésus sur la raison pour laquelle ils ne parvinrent pas à guérir un enfant épileptique. Jésus leur répond : « En raison de votre peu de foi. » (Mt 17, 14-20).

Ainsi, une simple prière ou une bénédiction suffit aux Saints pour obtenir la libération définitive des possédés, sans qu’ils aient besoin d’être officiellement exorciste. Sœur Erminia, Sainte Catherine de Sienne, le moine Saint Benoît… libéraient les possédés en un rien de temps [pp111, 244].

Il est rare que la libération complète advienne rapidement. Le père Amorth dit n’avoir eu qu’un seul cas de libération complète après 10 minutes d’exorcisme : une fillette de 14 ans ayant assisté la veille, par curiosité, à un rite satanique [p48]. Ici, les parents ont réagi très vite, ce qui a empêché la possession de s’enraciner profondément.

Généralement, en repartant, les patients « ont l’impression d’être guéris. Sauf que ce n’est pas vrai. Une heure ou une journée plus tard, ils retombent dans leur état précédent. » [p51]

« On parvient souvent à la délivrance complète » [p25]. « Mais il faut des années ! […] En général, ça dure 4 ou 5 ans. » [p275] Le nombre et la fréquence des séances dépendent essentiellement des critères énumérés plus haut. Les cas les plus graves nécessiteraient une séance quotidienne de 45 à 60 minutes pendant des années ! Après délivrance complète, la personne retrouve alors une vie normale et la paix. Elle peut à nouveau communier [p89] et avoir une vie de prière.

Selon Mgr Gemma, la délivrance totale « se produit rarement en présence de l’exorciste, mais a lieu généralement dans un intime moment de grâce » (Wilkinson et al., p103).

Le père exorciste italien François-Marie Dermine (ville d’Ancône, Italie) observe : « La libération du démon demande désormais beaucoup plus de temps et il y a de plus en plus de cas. Nous ne comprenons pas pourquoi. Est-ce dû à un manque de confiance en nous-mêmes ? Dans l’Église ? Dans les prêtres ? Nous avons baissé notre garde. » (Wilkinson et al., p91)

Les cas qui ne parviennent jamais à une libération complète sont « assez nombreux » [p275].

« Il est aussi possible que les exorcismes ne puissent pas libérer une maison » où se sont tenus des séances de spiritisme, des cérémonies sataniques, des messes noires ou habitée par de vrais envoûteurs ou sorciers [pp103-104].

« On n’arrive pas toujours à la libération totale, mais on arrive toujours à faire du bien. » (Saint Alphonse de Liguori, cité p26 et p76)

Pour que ce processus de délivrance soit pérenne, le patient doit :

  • adopter une vie saine,
  • accomplir des actes de réparation [p198],
  • se remplir de Lumière par la pratique assidue des sacrements et une sainte dévotion (prière, rosaire, forme abrégée de l’exorcisme de Léon XIII en langue vernaculaire, adoration, pèlerinages…) [p216].

Le père exorciste Taraborelli confirme qu’une personne « qui se rétablit d’une possession démoniaque doit être soutenue spirituellement par la prière et la grâce de Dieu. Sinon elle n’est pas protégée contre ceux qui lui veulent du mal. » (Wilkinson et al., p129)

De manière générale, se défendre du démon exige d’appliquer les 3 P : Prier, Pardonner, Pratiquer.

Le processus vécu est tellement fort qu’il entraîne souvent de grandes conversions, tant chez les patients que dans leur entourage. Dieu tire du mal un plus grand bien.

L’exorcisme rétablit aussi la santé physique, surtout lorsqu’on associe prières de guérison et prières de libération, comme Jésus qui invite ses disciples : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons » (Mt 10, 8). Ainsi, le père Candido a-t-il guéri un nombre incalculable de tumeurs cancéreuses (exemples : kystes ovariens) [pp43-44].

L’exorcisme empêche le suicide

Le père Amorth observe également qu’ »il est presque impossible qu’une personne qui commence à recevoir des exorcismes se suicide » [p59]. Elle sera tentée par le suicide, mais celui-ci échouera miraculeusement et constamment, car « le Seigneur, quand on fait appel à lui, ne manque pas d’élargir les grâces nécessaires à la libération » [pp60, 227]. Seuls les pères Candido et Amorth, dans toute la durée de leurs ministères, n’ont déploré qu’un seul suicide parmi leurs milliers de patients [p60].

Les risques de dépendance psychique et de déresponsabilisation

Notons encore qu’il y a les risques :

  • de dépendance psychique pouvant conduire un patient à s’accrocher irraisonnablement au père qui l’a exorcisé (Wilkinson et al., p88) ;
  • de perte du sens de la responsabilité personnelle, en blâmant le diable trop facilement pour les difficultés rencontrées (Wilkinson et al., p94).

Les deux grandes catégories de possédés

« Il existe deux catégories de possédés […]. Il y a les personnes possédées du fait de leurs erreurs, et celles qui le sont du fait de leur amour pour Dieu. » [p42]

Les pécheurs

De manière générale

Les actes impurs (contraires à la chasteté) sont notre faiblesse. Le péché d’impureté transgresse le sixième commandement du Décalogue (Tu ne commettras ni impuretés, ni adultère) [p179] et est le plus fréquent de tous [p132]. Le Saint Curé d’Ars dit que « de tous les péchés, c’est celui de l’impureté qui est le plus difficile à déraciner » (cf. B. Nodet, Ed. Xavier Mappus, 1956, pp.155-156). Lire ici un sermon du Saint Curé d’Ars sur le péché d’impureté.

La fierté et l’orgueil sont les péchés les plus graves, « ils sont à l’origine de tous les autres » [pp56, 132]. Jésus, dans une révélation privée faite le 6 février 2006 à Esultanza, parle de l’orgueil comme du « péché majeur » (cf. Le Chemin des fiancés, éd. du Parvis, 2015, p28).

Beaucoup se font piéger « par curiosité » [pp 48, 201], en fréquentant « des amis qui se droguent » ou en consultant des envoûteurs ou des cartomanciens [p267-268].

Ou encore en s’essayant aux pratiques occultes, telle que la nécromancie.

Jésus : « En vérité, je vous dis que les esprits peuvent venir à vous. Mais comment ? De deux façons : sur l’ordre de Dieu ou par la violence de l’homme. Sur l’ordre de Dieu viennent les anges, et les bienheureux, et les âmes qui sont déjà dans la lumière de Dieu. Par la violence de l’homme peuvent venir des esprits sur lesquels un homme même a autorité, parce qu’ils sont plongés dans des régions plus basses que les régions humaines où il y a encore un souvenir de la grâce, même s’il n’y a plus une grâce active. Les premiers viennent spontanément, obéissant à un seul commandement : le mien. Et ils vous apportent la vérité que je veux que vous connaissiez. Les autres viennent par un ensemble de forces conjointes : les forces d’un homme idolâtre unies aux forces de Satan pris comme idole. Peuvent-elles vous donner la vérité ? Non. Jamais. Absolument jamais. Une formule, même si elle est enseignée par Satan, peut-elle soumettre Dieu aux volontés de l’homme ? Non. Dieu vient toujours de lui-même. Une prière peut vous unir à Dieu, pas une formule magique. » (Valtorta, 503.11)

Jésus : « vous ne devez pas vouloir les susciter » (Valtorta, 503.11)

Jésus : « Chassez Satan, si vous voulez avoir le Christ. Je suis le Bon, mais je ne viens pas vivre avec l’esprit du Mal. C’est lui ou moi : choisissez. » (Valtorta, 503.11)

En Italie (fin XXème-début XXIème siècles)

« À en croire certaines statistiques, 14 millions d’Italiens consultent les cartomanciens » [p268] et « la page la plus lue des journaux est celle des horoscopes » [p273].

« Dans 90 % des cas, ce sont des maléfices » [p52]. Les maléfices viennent souvent de la famille proche [p116]. Parfois ces malédictions peuvent avoir été jetées sur la famille il y a longtemps [p68].

Le père Amorth constate qu’il y aurait trois fois plus de femmes qui consulteraient les exorcistes que d’hommes. Cela peut s’expliquer par leur sur-représentation chez les pratiquants et leur facilité à s’ouvrir de leurs problèmes à un prêtre. Elles seraient aussi plus nombreuses à avoir recours aux sorciers, cartomanciens et à l’occultisme ; les hommes restent majoritaires dans les sectes sataniques (Wilkinson et al., pp20, 123-126).

En France

Ce serait plus dû au développement fulgurant des pratiques formant le corpus du new age (voir le Lexique plus haut).

On compterait un millier de sectes sataniques en France en 2007, notamment à Toulon, Carpentras, Besançon (Wilkinson et al., pp198, 238).

« Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : ’Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi.’ Alors, Jésus lui dit : ’Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.’ » (Mt 4, 8-10)

À titre d’exemple, un magazine pour enfants, propriété d’une communauté catholique, pousse les enfants à appeler les esprits à l’occasion Halloween 2021.

En Afrique

  • Les pratiques du vaudou.
  • L’islam (comme négation de la Rédemption). Vous pouvez écouter cette conférence du père Jean-Baptiste Golfier à propos du combat spirituel particulier auquel sont souvent confrontés les musulmans désireux de se convertir au catholicisme.

Au Brésil

La macumba regroupe les cultes afro-brésiliens. Elle est constituée deux branches principales : la magie blanche (l’umbanda) et la magie noire (la quimbanda) ; sachant que les deux sont étrangères à Dieu. D’après certains prêtres exorcistes, la macumba ferait partie des plus puissants liens de possession démoniaque.

Les amoureux de Dieu

De nombreux Saints ont été continuellement tourmentés par le démon (vexations) :

  • Job (Ancien Testament).
  • Saint Curé d’Ars.
  • Saint Padre Pio « a été fouetté par le démon tous les jours de sa vie, même quand il était enfant. Il ne l’a pas été durant quelques jours seulement, après l’apparition des stigmates. » [p127]

Ces tourments peuvent être permis par Dieu. Ces personnes sont rarement définitivement délivrées par les exorcismes (Wilkinson et al., pp221-222).

D’autres ont été possédés par le démon (possession) :

  • Sainte Marie-Madeleine (Jésus lui a exorcisé sept démons).
  • Saint Marie des Vallées (1590-1656), qui offre ses souffrances pour le Salut de l’humanité et la destruction du péché.
  • Sainte Marie de Jésus Crucifié (1846-1878), « La Petite Arabe » du Carmel de Pau, possédée durant 40 jours [p126].

Il convient donc d’être vigilants, car l’exorcisme peut sauver les vocations de nombreux séminaristes, prêtres, religieux, religieuses [p42]. Les prêtres, les évêques, le pape « sont très attaqués. Malheureusement, face à des agressions d’une telle portée, nous avons un clergé et un épiscopat parfaitement incapables, non seulement de réagir aux appels au secours, mais tout bonnement d’écouter. Dès qu’ils entendent parler de ces problèmes, ils s’écrient : ‘Des histoires tout ça !’ » [p106]

Se protéger et mener le combat spirituel

Depuis l’entrée du péché originel dans le monde, la Terre est devenue une terre d’épreuve et de combat spirituel permanent.

« Devant le mal, l’être humain se révolte. Il cherche par tous les moyens à le faire disparaître. En face du mal, il n’y a qu’une seule attitude : le combat et la résistance. Voici la recommandation de Saint Pierre : ‘Soyez sobres, vigilants : votre adversaire, le Démon, comme un lion qui rugit, va et vient, cherchant qui dévorer. Résistez-lui dans la foi’ (1 Pr 5, 8-9). » (Cardinal Robert Sarah, La Force du silence, éd. Fayard, 2016, §280)

Voici quelques conseils pour se protéger et l’emporter :

C’est le Christ qui a vaincu pour nous

Le combat spirituel n’est pas « moi VS le démon ». Mais : le Christ a vaincu le démon qui veut ma perte, et moi je peux m’associer à la victoire du Christ en choisissant l’Amour.

Invoquer la paix de l’Esprit Saint

Le diable nous fait trembler d’agitations, de peurs et d’angoisses, afin de produire des brèches dans notre armure humaine et spirituelle, et de pouvoir ainsi atteindre notre vie intérieure, nous faire craquer et nous manipuler.

Le 18 juillet 2006, Jésus dit à sœur Esultanza (mystique catholique italienne) que le premier assaut de l’Ennemi est l’agitation (puis, la tentation). Si on se trouve agité, il faut tout arrêter, ne prendre aucune décision, invoquer Jésus avec foi, fermeté et sans peur, rester calme jusqu’à ce que le calme revienne dans son cœur. Jésus précise : « Ne réfléchis pas trop sur les batailles que l’Ennemi te livre, mais aie confiance en Moi et tu verras quelle force invincible t’offrira l’Esprit Saint. Invoque-Le souvent car il suffit qu’un seul de ses rayons t’atteigne et tout est transformé. » (cf. Le Chemin des fiancés, éd. du Parvis, 2015)

Se mettre sous la protection du Ciel

« Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut et repose à l’ombre du Puissant, je dis au Seigneur : “Mon refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr !” C’est lui qui te sauve des filets du chasseur et de la peste maléfique ; il te couvre et te protège. Tu trouves sous son aile un refuge : sa fidélité est une armure, un bouclier. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole au grand jour, ni la peste qui rôde dans le noir, ni le fléau qui frappe à midi. Qu’il en tombe mille à tes côtés, qu’il en tombe dix mille à ta droite, toi, tu restes hors d’atteinte. Il suffit que tu ouvres les yeux, tu verras le salaire du méchant. Oui, le Seigneur est ton refuge ; tu as fait du Très-Haut ta forteresse. Le malheur ne pourra te toucher, ni le danger, approcher de ta demeure : il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins. Ils te porteront sur leurs mains pour que ton pied ne heurte les pierres ; tu marcheras sur la vipère et le scorpion, tu écraseras le lion et le Dragon. « Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre ; je le défends, car il connaît mon nom. Il m’appelle, et moi, je lui réponds ; je suis avec lui dans son épreuve. “Je veux le libérer, le glorifier ; de longs jours, je veux le rassasier, et je ferai qu’il voie mon salut.” » (Ps 90)

Se mettre sous la protection de Jésus, de la Vierge Marie, de Saint Michel Archange, de son ange gardien et de son Saint patron. Nous pouvons également invoquer Saint Benoît de Nursie, le patron des exorcistes.

N’oublions pas que c’est Marie qui réalise Gn 3, 15 en écrasant la tête du serpent. Ainsi, en 1531, dans l’apparition de Guadalupe au Mexique, la Vierge se présenta à Juan Diego sous le nom de Coatlaxopeuh, ce qui signifie en nahuatl « Celle qui écrase la tête du serpent ». En 1830, en plein Paris, rue du Bac, la Vierge apparaît à Catherine Labouré debout sur un globe, un serpent sous ses pieds.

Jésus : « Satan ne supporte pas la lumière virginale de la Rose de Dieu. » (Valtorta, 589.9)

Lorsque le journaliste Stefano Maria Paci demande au père Gabriele Amorth s’il lui est arrivé d’avoir « peur du démon », il répond : « Moi, peur de cette bête ? C’est lui qui doit avoir peur de moi : moi j’agis au nom du Seigneur du monde. Lui, il n’est que le singe de Dieu » (cf. 30 Giorni, « Il fumo di Satana nella casa del Signore »,‎ juin 2001).

Se taire

« Le silence est un glaive dans le combat spirituel, une âme bavarde n’arrivera jamais à la sainteté. Le glaive du silence coupera tout ce qui voudrait s’accrocher à l’âme. » (Sainte Faustine, Petit Journal, Ed. du Dialogue, p477)

Offrir nos victoires pour la conversion des pécheurs

Le Saint Curé d’Ars, familier des combats spirituels les plus intenses, donnait cette technique : « Offrez aussi la tentation pour demander la conversion des pécheurs : ça dépite le démon et le fait fuir, parce que la tentation se tourne contre lui… Allez, après cela, il vous laissera bien tranquille. » (cf. B. Nodet, Ed. Xavier Mappus, 1956, pp.171-175)

Être accompagné spirituellement

Il est recommandé à tous les catholiques souhaitant progresser dans leur vie spirituelle de trouver un accompagnateur spirituel. Ce dernier peut être un religieux ou une religieuse, mais également un laïc ou une laïque formé(e). Ils le consultent généralement tous les mois et demi ou deux mois.

Tous les religieux doivent obligatoirement avoir un accompagnateur. Il permet d’obtenir, non pas des réponses ou des solutions à nos problématiques, mais un regard neutre, extérieur, bienveillant et expérimenté sur notre parcours et ce que nous vivons. Verbaliser le problème c’est déjà le résoudre de moitié. Si tout se passe bien, l’accompagné garde le même accompagnateur pendant des années.

L’accompagnement spirituel est notamment l’un des charismes des Jésuites, en raison de leur formation (exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola), ou des Carmes, en raison de leur vie de prière (2 heures quotidiennes d’oraison silence).

Savoir discerner la provenance des phénomènes surnaturels

En cas de phénomènes surnaturels inexplicables par les sciences concernées (charismes, apparitions, miracles, etc.), l'Église se doit d'effectuer un discernement rigoureux pour écarter :

  • les hallucinations,
  • les phénomènes naturels,
  • les supercheries,
  • les escroqueries,
  • les manifestations diaboliques visant à tromper les fidèles,

et ne retenir que ce qui vient réellement de Dieu.

En effet, dans le domaine surnaturel, l’une des erreurs communes consiste à croire que puisqu’une chose fonctionne (channeling, reiki, leveur de feu, etc.), elle est bonne (d’origine divine). Cependant, Dieu et le diable agissent sur les plans naturels et surnaturels et peuvent procurer des capacités hors-norme à des humains. En effet, si les artifices du diable étaient sans effets – bien que superficiels et temporaires – personne ne s’y laisserait prendre.

Il convient donc de connaître les critères de discernement utilisés par l’Église catholique pour déterminer la provenance de chaque phénomène surnaturel. Et n’omettons pas de prier l’Esprit Saint afin qu’il nous éclaire en toutes choses.

Discerner un charisme :

Voici les grands critères de discernement – devant impérativement être cumulés – pour s’assurer de l’origine divine d’un charisme :

  1. Les communications reçues doivent être conformes à la foi catholique et exemptes d’erreurs doctrinales et morales ;
  2. Le charisme doit produire des fruits spirituels abondants et constants (ex : conversions ; miracles confirmatifs durables), et une saine dévotion ;
  3. Les qualités morales de la personne qui reçoit le charisme sont avérées ("Si nous disons que nous sommes en communion avec [Dieu], alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous ne faisons pas la vérité", 1 Jn 1, 6), dans le cas contraire l'événement provoque sa conversion ;
  4. "Les dons extraordinaires ne doivent pas être témérairement recherchés" (cf. Lumen Gentium, 1964) par la personne qui en dispose, par exemple en vue d’être adulée. Le charisme reçu peut disparaître à tout moment ;
  5. Le charisme ne doit pas servir les intérêts personnels de la personne qui le reçoit (gloire, enrichissement), mais l’unité et l’édification de l’Église. "C’est toujours pour le bien commun que le don de l’Esprit se manifeste dans un homme" (1 Co 12, 7).

En effet, Satan offre volontiers des pouvoirs à ceux qui les recherchent, afin de les égarer en les aveuglant par l'orgueil (via le sentiment de supériorité par rapports à ceux qui n'ont pas ces pouvoirs/expériences) et de les éloigner de Dieu.

Le cardinal Prospero Lambertini, futur pape Benoît XIV, écrit dans De Servorum Dei Beatificatione et Beatorum Canonizatione, , Livre 3, chapitre 51 (1734) :

"Les visions et apparitions divines se reconnaissent :
- d’après la personne à laquelle elles arrivent,
- d’après le mode selon lequel elles ont eu lieu,
- et d’après les effets qu’elles produisent.
Si la personne qui les a éprouvées est remplie de vertus, s’il n’y a rien dans la vision ou apparition qui détourne de Dieu ; bien plus, si tout s’y rapporte au culte divin ; si, après les visions et apparitions, l’humilité, l’obéissance et les autres vertus chrétiennes, non-seulement persévèrent dans la personne qui les a éprouvées, mais s’élèvent à un degré plus sublime encore, il n’y a dès lors aucun moyen de douter de leur qualité surnaturelle et divine : De leur qualité surnaturelle et divine, il n'y aura aucun doute en aucune façon."

Si la personne détentrice du charisme doute de son origine, il lui est conseillé de se mettre à genoux devant le Saint Sacrement (éventuellement avec un accompagnateur spirituel) et de prier ainsi : "Seigneur, si ce pouvoir ne vient pas de vous, faites-le disparaître pour toujours."

Discerner un phénomène miraculeux :

Pour être authentifié, le phénomène doit réunir les critères suivants :

  1. la conformité du message avec la foi catholique ;
  2. les fruits spirituels durables de conversion ;
  3. la communion avec l'Église ;
  4. la cohérence entre messager(s) et message(s).

Discerner une guérison miraculeuse :

Pour être authentifiée, une guérison miraculeuse doit réunir les 7 critères fixés par le cardinal Prosper Lambertini (futur pape Benoît XIV) au XVIIIème siècle :

  1. Que la maladie soit grave, incurable ou de traitement aléatoire ;
  2. Que la maladie soit reconnue et répertoriée par la médecine ;
  3. Qu’aucun traitement n’ait été donné ou, si tel est le cas, que le traitement n’ait pu avoir d’action utile ;
  4. Que la guérison soit soudaine, obtenue en un instant ;
  5. Que la guérison soit parfaite (et non pas incomplète ou partielle) ;
  6. Que la guérison soit totale (et non pas une régression des symptômes) ;
  7. Que la guérison soit durable et que la maladie ne se reproduise pas.

Couper les liens

Des liens peuvent se former par le biais de vices graves ou d’une hérédité chargée. Il est important de les couper par des prières de délivrance, de consolation, de guérison et de coupures de liens. Celles-ci peuvent être conduites par des prêtres, des diacres et des fidèles baptisés formés et autorisés par l’autorité ecclésiale.

Couper les liens avec les pratiques néfastes (spiritisme, occultisme, ésotérisme, voyance, pornographie, etc.).

« Si un individu se tourne vers les nécromanciens et vers les voyants pour se prostituer à leur suite, je tournerai mon visage contre lui et je le retrancherai du milieu de son peuple. Sanctifiez-vous et soyez saints, car je suis le Seigneur votre Dieu. » (Lv 20, 6-7)

« On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui scrute les présages, ou pratique astrologie, incantation, enchantement, personne qui use de magie, interroge les spectres et les esprits, ou consulte les morts. Car quiconque fait cela est en abomination pour le Seigneur, et c’est à cause de telles abominations que le Seigneur ton Dieu dépossède les nations devant toi. Toi, tu seras parfait à l’égard du Seigneur ton Dieu. » (Dt 18, 10-13)

« On vous dira peut-être : ’Consultez les devins et les nécromanciens, qui chuchotent et marmonnent ! Un peuple ne doit-il pas consulter ses dieux au sujet des vivants, et consulter aussi ses morts ?’ Non ! » (Is 8, 19-20)

« Ainsi mourut Saül parce qu’il s’était montré infidèle envers le Seigneur : il n’avait pas gardé la parole du Seigneur, il avait même interrogé la nécromancienne et l’avait consultée. Il n’avait pas consulté le Seigneur, qui le fit mourir et qui transféra la royauté à David, fils de Jessé. » (1 Ch 10, 13-14)

« Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort « dévoiler » l’avenir. La consultation des horoscopes, l’astrologie, la chiromancie, l’interprétation des présages et des sorts, les phénomènes de voyance, le recours aux médiums recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l’histoire et finalement sur les hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées. Elles sont en contradiction avec l’honneur et le respect, mêlé de crainte aimante, que nous devons à Dieu seul. » (CEC § 2116)

Jésus : « L’avenir n’est “présent” que dans la Pensée divine. C’est une sottise chez ceux qui ne sont pas élevés par notre Volonté, de prétendre faire des prophéties et des révélations. Et Dieu les dément et les frappe parce qu’Un seul peut dire : “Je suis”, “Je vois” et “Je sais”. » (Valtorta, 593.4)

Couper les liens avec les relations néfastes. Coupant toutes relations avec les personnes qui se sont données à satan et sont devenues négatives, y compris avec ses parents, ses enfants, ses beaux-parents s’il le faut. Refuser leur nourriture, leurs visites, etc. [p92]

« Il suffit qu’une personne liée à satan assiste à un exorcisme pour que l’effet en soit annulé, ou pour que les autres participants soient contaminés. » [p78]

Avoir une vie sacramentelle et priante

En ayant une vie sacramentelle constante et soutenue par la prière quotidienne.

Ainsi, le père Gabriele Amorth, en dépit de son ministère et de son exposition médiatique, n’a jamais pu être attaqué directement. Il est trop protégé. « Quand quelqu’un vit dans la grâce de Dieu, s’il a une vie de prière, un maléfice aura beaucoup de mal à l’atteindre. Beaucoup de mal. » [p266]

Vivre en homme juste

Jésus : « Mais que peut le Mal si Dieu est avec l’homme qui veut être juste ? L’homme souffrira, sera blessé, mais sauvera sa liberté et sa vie, et il connaîtra la victoire après la bataille favorable. Mais celle-ci n’a pas lieu une fois seulement : elle est sans cesse à livrer, tant que dure la vie, ou tant que l’homme ne se dépouille pas suffisamment de son humanité et ne devient pas esprit plus que chair, esprit uni à Dieu. Alors les flèches, les morsures, les feux de guerre ne peuvent plus le blesser profondément et tombent après l’avoir frappé superficiellement comme peut le faire une goutte d’eau qui glisse sur un jaspe dur et brillant. » (Valtorta, 405.8)

Les prêtres exorcistes

Avant le concile œcuménique Vatican II, « tous les prêtres pouvaient accomplir des exorcismes après avoir été ordonnés ». Depuis, seuls les évêques peuvent nommer (ou destituer) des exorcistes, délier chez eux ce pouvoir et les autoriser à pratiquer ce rituel [p242] (Wilkinson et al., p65). L’une des raisons est d’empêcher que les livres du rituel soient disséminés et mal utilisés. Ainsi, le Vatican distribue ces livres aux évêques qui à leur tour les remettent en main propre aux exorcistes nommés (Wilkinson et al., pp200, 240). En retour, les exorcistes doivent rendre compte de leurs actions à leur évêque (Wilkinson et al., p19) et obtenir leur permission avant de pratiquer un « rituel d’exorcisme complet » ou « grand exorcisme », car « il vaut mieux être protégé » (Wilkinson et al., p82).

Les prêtres exorcistes sont peu nombreux et « sont mal vus par une bonne partie du clergé » [p112]. Le père Amorth parle « d’un ministère difficile et incompris », lui-même en est à sa vingt-troisième affectation à Rome, car il a été chassé de partout [p295].

Pourtant, les exorcistes doivent cumuler de nombreuses qualités. Les Praenotanda (conseils préliminaires) du rituel de 1614 les liste : exorciser par charité, être d’âge mûr, de mœurs graves et sévères, avoir étudié les auteurs sérieux et expérimentés qui traitent de démonologie (Wilkinson et al., p240). Selon le droit canon (Can. 1172, § 2), seul « un prêtre pieux, éclairé, prudent et de vie intègre » peut recevoir la « permission particulière et expresse » de l’Ordinaire du lieu de « prononcer des exorcismes sur les possédés ». L’évêque se doit de « choisir un prêtre de prière et de culture, un homme équilibré et de bonne réputation », selon le père Amorth, « les exorcistes devraient être recrutés dans la fine fleur du clergé » [p250].

Le démon peut s’amuser à révéler à tous les péchés du prêtre exorciste [p27]. Cela force à mener une vie droite, ancrée dans la foi, la prière et la charité [p28]. Le père Efrem Cirlini du diocèse de Bologne reconnaît qu’il ne peut pas combattre le diable s’il n’est pas complètement pur. Pour cela, il se lève tous les jours à 3h45 du matin et prie pendant 4h. (Wilkinson et al., p138.) Ce ministère exige une vie de prière intense (Wilkinson et al., p243).

« Ils se doivent de vivre seulement comme les instruments de la présence salvatrice de Dieu. » [p69]

Ils doivent aussi faire preuve d’une très grande humilité : ce ne sont pas eux qui chassent les démons, mais Jésus à travers eux. Ils sont simplement serviteurs du Christ qui, lui, a le pouvoir d’amour et de miséricorde (Wilkinson et al., p242). « L’orgueil est la plus grande tentation du démon. » [p131] Au cours de la séance, le père Amorth concentre toutes ses pensées sur l’Esprit Saint et ne cesse de le supplier pour ne pas céder à la tentation [p131].

La situation actuelle

Comme l’écrivait Baudelaire, « la plus belle ruse du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas », ou, à défaut, de vous persuader que l’enfer est vide.

Le démon a plus de portes d’entrée qu’avant

Les portes classiques sont les blessures de vie : rejet, violences sexuelles subies pendant l’enfance, pratiques occultes au sein de la famille ou dans le voisinage, etc. (Wilkinson et al., pp233-234).

Le démon a une puissance toujours égale. Mais avant les personnes priaient et allaient à la messe. Le nombre de portes qui se sont ouvertes ces dernières décennies a « énormément augmenté », lui permettant d’agir bien plus librement :

  • L’instabilité matrimoniale.
  • L’avortement (les Saints Innocents, premier génocide au monde ; Wilkinson et al., pp223-224).
  • La pratique de l’occultisme : magie, tarot, radiesthésie (pendule, baguette), nécromancie, etc.
  • Les sectes sataniques.
  • Le new age.
  • L’athéisme militant étaient nettement moindres.
  • Le rock satanique.
  • Le concubinage, le mariage et l’adoption d’enfants par les gays sont des phénomènes récents, impensables il y a un siècle. [pp253-254].
  • Etc.

Les jeunes de milieux populaires qui seraient davantage touchés (Wilkinson et al., p224).

Selon un ancien prêtre exorciste de Paris, nombre de personnes qui s’adonnent au pendule finiraient « par sombrer dans la dépression nerveuse ou la folie » (cf. Paulette Boudet, Ce combat n’est pas le tien…, Fayard, 1988, pp74-75).

Aussi, Mgr Gemma note « que le diable profite de la haine et de la division ». Ainsi l’unité et la communion des fidèles l’empêchait de se manifester (Wilkinson et al., pp106-107).

Le manque d’information et de formation

Comme nous l’avons dit, l’Église a cessé de parler du démon et d’exorcisme à l’époque moderne, entraînant la négation de ces réalités par nombre de religieux [pp246, 275].

Bien des prêtres sont nommés exorcistes sans être formés à ce ministère et doivent apprendre sur le tas. Ils auraient notamment des lacunes en termes de discernement et de diagnostic (Wilkinson et al., pp237-238).

La réticence des évêques

Les évêques sont les principaux freins au développement des exorcismes [p97]. « Même ceux qui nomment des exorcistes, le font de mauvaise grâce, en général » [p296].

Certains pays n’ont aucun prêtre exorciste : l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, l’Espagne, le Portugal [p243].

Les prêtres ont souvent une attitude très intellectuelle (l’ordination requière de très longues études académiques), coupée des fidèles, et sont peu disponibles (Wilkinson et al., p92). Or, si les gens souffrant de possession ne peuvent trouver de l’aide ni de la part des médecins, ni de la part de l’Église, ils finiront pas se tourner vers des envoûteurs, des sorciers, des praticiens du new age [p249] (Wilkinson et al., p93).

La réticence des prêtres

Les prêtres ne veulent généralement pas faire ce travail. C’est épuisant. Le téléphone sonne constamment. Ils n’ont plus un seul moment de répit. (Wilkinson et al., p89)

Il n’est pas rare que des patients doivent essuyer le refus de nombreux prêtres (soit par déni, soit par peur, soit par incompétence), parfois pendant des années, avant d’en trouver un qui soit disposé à les aider. (Wilkinson et al., p144)

La situation française

La France moderne est profondément imprégnée de cartésianisme, de rationalisme et de positivisme.

Depuis 1977, la Conférence épiscopale de France réunit tous les exorcistes du territoire chaque année pour un congrès d’ajournement. Mais ce congrès est très largement dominé par une tendance psychologisante, dans le droit fil du modernisme et s’étant imposée dans la première moitié du XXème siècle (Wilkinson et al., pp201-202, 204). Cette tendance considère l’exorcisme comme un simple ministère d’écoute, d’accompagnement spirituel, et oriente les patients sur le plan psychologique, psychiatrique, sociologique. Elle envoie les cas les plus graves vers des psychiatres et renvoie les autres chez eux. Du coup, les gens reviennent rarement et se tournent vers des praticiens douteux, voire des sectes dangereuses (Wilkinson et al., pp209, 212). À partir des années 1980, cette tendance eut comme figure de proue le père Isidore Froc (1921-2019) – secrétaire des exorcistes français et exorciste du diocèse de Rennes pendant 27 ans – qui « se vantait, y compris à la télévision, de n’avoir jamais pratiqué d’exorcismes ! » [pp106-107] et jouissait d’une confiance totale auprès des évêques (Wilkinson et al., p202). Cette tendance usurpe le terme « exorcisme » pour le neutraliser. Nombre de ses partisans ne croient même pas au diable.

À Paris, le centre Saint Irénée situé dans le Quartier latin regroupait tous les exorcistes des huits diocèses d’Île-de-France, ainsi que des religieuses et des laïcs. Pour s’y rendre, il fallait prendre rendez-vous par téléphone. Mais ce centre était avant tout un lieu d’écoute, on n’y prononçait presque jamais d’exorcisme. Son responsable, le père Maurice Bellot disait dans Le Monde, en 1996 : « Je ne sais pas si je crois au diable […] le diable est un fait sociologique ». (Wilkinson et al., pp209-211). Ainsi, certains possédés authentiques ne sont pas détectés. Certains prêtres parlent « de non-assistance à personne en danger » (Wilkinson et al., p212).

Désormais, c’est l’accueil Saint-Michel qui remplit la fonction du centre Saint Irénée.

Sur le sujet cf. le deuxième chapitre du livre du père Amorth, Exorcisme et Psychiatrie.

Ainsi, en France, il est aisé d’obtenir un rendez-vous, mais très difficile de recevoir un véritable exorcisme.

De l’autre côté, la « tendance ritualiste », regroupe les exorcistes croyant au diable et pratiquant l’exorcisme. Selon père Georges Morand, elle regrouperait 5 à 6 % des exorcistes français, à l’instar du père Jean, moine cistercien à l’abbaye de Timadeuc (Wilkinson et al., pp201, 206). Ils appartiendraient principalement aux générations d’avant et d’après la période soixante-huitarde ayant ravagé l’Église et la société (Wilkinson et al., pp201-202).

Cette pénurie forçait de nombreux patients français à se déplacer, parfois jusqu’en Italie, pour trouver de l’aide (Wilkinson et al., pp201, 221).

Il y avait officiellement, en 2007, 113 prêtres exorcistes en France, selon la Conférence des évêques de France (CEF). Mais les exorcistes sont bien plus nombreux dans les faits, puisque de nombreux moines exercent ce ministère sans être comptabilisés. (Wilkinson et al., p200)

En France, les exorcistes ont normalement d’autres charges (ex : paroissiales), le ministère d’exorcisme devant rester pour eux un ministère secondaire (Wilkinson et al., p242).

L’infiltration de l’Église

Autre drame : le père Amorth affirme avoir des sources de première main concernant des prêtres, des évêques et des cardinaux appartenant à des sectes sataniques. Le démon lui-même l’a confirmé au père alors qu’il y était forcé lors d’exorcismes. Le pape en est informé, mais il fait ce qu’il peut. [p257]

Les choses commencent à bouger

Toutefois, les « contributions [du père Amorth] sont immenses. Il a supervisé le travail de toute une nouvelle génération d’exorcistes italiens et a facilité la renaissance mondiale de ces pratiques. » (Wilkinson et al., pp26, 81) Lorsque le père Amorth commença à exercer, ils n’étaient que vingt exorcistes dans toute l’Italie, contre trois cent cinquante aujourd’hui (Wilkinson et al., p75). La seule ville de Bologne (Italie) comptait dix exorcistes en 2007 (Wilkinson et al., p82). La même année, la ville d’Ismeria (Italie du sud) comptait cinq exorcistes pour 60.000 habitants (Wilkinson et al., p95). Depuis 2005, l’Athénée pontifical Regina Apostolorum, l’université de Rome affiliée au Vatican, a établi « le premier cours au monde qui propose une recherche académique et interdisciplinaire minutieuse au service de ceux qui exercent le ministère de l’exorcisme et la prière de libération » (Wilkinson et al., p79). Lors des rencontres internationales d’exorcistes, les Italiens sont aussi nombreux que toutes les autres nationalités réunies (Wilkinson et al., p203).

Les préconisations du père Amorth

En écoutant le père Gabriele Amorth, on peut relever ses préconisations :

  • Mieux former les prêtres sur ce sujet,
  • Mieux informer le grand public sur ce sujet (en Italie, le père Gabriele Amorth passe à la télévision et sur Radio Maria). « Jésus exorcisait publiquement. Maintenant, on est obligés de le faire en cachette. » [p274],
  • Accorder à tous les prêtres la permission d’exorciser (en général, aujourd’hui, un seul prêtre par diocèse en a le droit), car « c’est une des œuvres comprises dans la mission du Christ » [p114].
  • Revenir à l’ancienne formule du baptême qui contenait un solide exorcisme, malheureusement « réduit à une prière unique dans le nouveau rite » [p124],
  • Revenir au Rituel Ancien d’exorcisme,
  • Revenir aux trois traités fondamentaux (autrefois enseignés dans les séminaires) [pp273-274] :
    1. Le premier (De Deo Creante) traite de la création des anges, de la chute de certains d’entre eux, des démons, etc.
    2. Le deuxième traite de la morale et interdit la fréquentation des sorciers, des envoûteurs, des cartomanciens, des adeptes des sciences occultes, etc.
    3. Le troisième traite de la spiritualité, des attaques du démon, des exorcismes.
  • Mener une vie saine et demeurer sous la protection de l’Église instituée par Jésus-Christ, de la Vierge Marie, de Saint Michel Archange et de son ange gardien.

Certains proposent de réintégrer les bénédictions pour les malades, présentes dans l’ancien rituel (Wilkinson et al., p224).

« Dieu est grand ! » [p194]

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