Quelques dates (lues ici) :
- 330 : L’empereur romain Constantin interdit le tatouage facial aux chrétiens.
- 745 : Le Concile d’Écosse interdit les tatouages pour contrer leur utilisation occulte dans cette région.
- 787 : Le pape Adrien interdit formellement le tatouage aux catholiques.
La pratique du tatouage s’est propagée de manière fulgurante ces dernières décennies. En France, 18% des adultes étaient tatoués en 2018 (contre 10% en 2010). Aux États-Unis, plus d’un tiers des adultes le sont. Les personnes tatouées sont majoritairement des femmes et des jeunes.
Dans la même période, l’institution ecclésiale ne s’est pas prononcée sur ce phénomène de société.
À défaut de parole officielle, quelques voix catholiques ont commenté le sujet, à l’instar d’un jeune prêtre amateur de musique metal du diocèse de Verdun qui donne son point de vue personnel sur Aleteia et Catholique.fr (site édité par la Conférence des évêques de France) en dédramatisant le sujet et en présentant le tatouage comme acceptable.
En effet, la pratique du tatouage ne figure pas dans la liste des péchés.
Mais la vocation commune de tous les baptisés à la sainteté nous impose de discerner avec soin nos choix. Voici quelques éléments pouvant y aider.
Le tatouage n’est pas une pratique catholique
La pratique du tatouage trouve ses origines dans le monde païen et ses nombreux rites et systèmes symboliques. Ce n’est que récemment qu’elle a perdu ses codes « sacrés » et a été récupérée par le marché.
Les inspirateurs de ce phénomène ne sont pas catholiques
Les inspirateurs de cette mode ne sont pas des saints, mais des « stars » médiatiques (phénomène de néo-idolâtrie). Les fans suivent ensuite ces influenceurs par mimétisme et les masses par capillarité.
Le corps est le temple de l’Esprit
Notre corps ne nous appartient pas. Il appartient à Dieu seul.
« Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. » (1 Co 6, 19-20)
C’est pourquoi il ne nous est pas permis de nous suicider ou d’avorter.
Dieu nous a voulu, dès l’origine, corps et âme. Sinon, il nous aurait créé anges (c’est-à-dire des âmes, sans corps). Ainsi, Jésus s’est-il incarné dans une chair humaine pour nous rejoindre entièrement et sauver l’ensemble de notre être, corps et âme.
Au jugement dernier, nous ressusciterons et vivrons éternellement corps et âme. Les tatouages seront-ils encore présents à ce moment-là ? Certainement pas, car nos corps seront radicalement purifiés et magnifiés.
La dotation du corps implique d’en prendre soin dans un rapport chaste. (Précisons ici que la chasteté n’est pas synonyme d’abstinence sexuelle, mais caractérise une relation digne et vertueuse.)
Nous sommes faits à l’image de Dieu
« Quel esprit suggère à l’homme qu’il n’est pas bien, tel que Dieu l’a fait ? D’où lui vient cette impérieuse manie de déformer, dans sa personne, l’ouvrage du Créateur ? Si l’on veut ne pas se payer de mots et avoir le secret de l’énigme, il faut se rappeler deux choses également certaines : la première, que l’homme a été fait, dans son corps et dans son âme, à l’image du Verbe incarné ; la seconde, que le but de tous les efforts de Satan, est de faire disparaître de l’homme l’image du Verbe incarné, afin de le former à la sienne. Ces deux vérités incontestables conduisent logiquement à la conclusion suivante : La tendance générale de l’homme à se défigurer, est l’effet d’une manœuvre satanique. » (Mgr Jean-Joseph Gaume, Traité du Saint Esprit, 1865 ; lu ici)
Prendre le temps de s’examiner en conscience
Quel est l’objectif du tatouage ?
Est-il de plaire davantage ? Dans ce cas, la séduction et l’orgueil sont-ils dans les parages ?
Est-il de nous améliorer ? Dans ce cas, ne constitue-t-il pas un premier pas sur le chemin du transhumanisme ?
La vertu de prudence ne nous convie-t-elle pas à nous abstenir de succomber à un acte non nécessaire, mais indélébile, que nous pourrions regretter ? Notre liberté ne s’en trouvera-t-elle pas enfermée ?
Le désir du tatouage vise-t-il à nous aider à nous sentir plus intégré dans nos cercles sociaux ? Dans ce cas, à qui nous presse-t-il d’appartenir, au Christ ou au monde ?
Quel est l’enjeu pour notre santé ?
Le Christ ou le monde
Ni le Christ, ni ses proches, ni ses disciples ne se sont fait tatouer. Et aucun saint ne semble avoir porté de tatouage sur son corps à la suite d’un choix délibéré, après sa conversion.
En effet, notre conversion au Christ est supposée nous entraîner dans son sillage et non pas nous rapprocher du paganisme.
Jésus : « Vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous. » (Jn 15, 19)
De fait, les catholiques pratiquants sont proportionnellement bien moins tatoués que leurs concitoyens (quelle que soit la génération).
Méditer la Parole de Dieu
La Bible n’évoque qu’une seule fois le sujet pour l’interdire :
« Vous ne vous ferez pas faire de tatouage. Je suis le Seigneur. » (Lv 19, 28)
Certains argueront que la Bible comporte bien des interdits qui ne sont plus en vigueur aujourd’hui. Toutefois, il n’est pas futile de se demander pourquoi l’Esprit Saint a soufflé celui-là.
Enfin, le dernier livre de la Bible – l’Apocalypse – nous apprend que viendront des temps où le marquage corporel sera utilisé par les forces du mal. (Nous l’avons vu sous le nazisme.) En effet, selon les visions prophétiques de Saint Jean, une seconde bête fera « mettre une marque sur la main droite ou sur le front [de tous], afin que personne ne puisse acheter ou vendre, s’il ne porte cette marque-là : le nom de la Bête ou le chiffre de son nom [666]. » (Ap 13, 16-17)