Des clés pour discerner
Maria Valtorta était une laïque italienne membre d’une communauté catholique : le tiers-ordre des Servites de Marie. Elle est connue pour avoir rédigé plus de 13.000 pages manuscrites entre 1943 à 1954, alors qu’elle était alitée, paralysée (à l’exception de sa tête et de ses bras) et sujette à de très grandes souffrances. Elle dit avoir rédigé ces pages seule, sur la base de centaines de visions et de dictées surnaturelles. Dans le cas de Maria Valtorta, il ne s’agit pas d’ »écriture automatique », puisque, pleinement consciente, elle décrit avec ses mots ce qu’elle voit.
652 visions s’étendent de l’enfance de la Vierge Marie et à l’enfance de son Fils, puis de la vie publique de Jésus à la Pentecôte. Compilées sous le titre L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, elles composent la plus volumineuse biographie de Jésus écrite à ce jour. Quant aux dictées, elles concernent principalement des enseignements (sur la foi, sur des textes religieux, sur la vie de l’Église).
Le but de cet article n’est pas tant de vous dire ce que vous devez penser, que de vous partager des clés pour discerner.
Intriguées, beaucoup de personnes entendant parler de Maria Valtorta pour la première fois se rendent sur sa page Wikipédia pour en savoir davantage. Là, elles tombent sur une brève biographie et une condamnation catégorique : le Saint-Office a interdit et mis à l’Index son œuvre principale. En somme, Maria Valtorta serait une fausse mystique ; circulez, il n’y a rien à voir.
Après avoir lu cette page, la plupart des laïcs, prêtres, évêques et non catholiques classent l’affaire et ne souhaiteront jamais lire ne serait-ce qu’une seule de ces visions pour s’épargner perte de temps et mauvaise influence. Chose parfaitement légitime dans un contexte où foisonnent les fausses théories.
Sauf que… vous venez de vous faire avoir comme un bleu !
Maintenant, levons le rideau.
Ce que vous devriez faire
Wikipédia est une encyclopédie contributive. Cela veut dire qu’a priori tout à chacun peut y écrire. Cette approche présente des avantages non négligeables : beaucoup plus d’informations peuvent être agrégées et vérifiées qu’au sein d’une encyclopédie ne reposant que sur une équipe salariale restreinte et, en théorie, ses pages s’améliorent avec le temps. Mais certains inconvénients ne doivent pas être occultés. Les pages Wikipédia (surtout les pages de moindre importance, dites « secondaires ») sont fréquemment incomplètes et partiales. Pire, des « guerres d’édition » peuvent être constatées entre des rédacteurs campant sur des positions opposées.
Pour ces raisons, la lecture d’une page Wikipédia ne saurait suffire à une recherche sérieuse, a fortiori lorsqu’on occupe des responsabilités pastorales.
Il y a quatre grandes précautions à prendre :
Précaution 1 : Consulter les sources mentionnées sur l’article Wikipédia
Elles peuvent être sélectives, mal traduites ou utilisées de manière à leur faire « dire » ce que l’on veut.
Précaution 2 : Consulter l’article Wikipédia aussi en versions étrangères
Vous trouverez la liste des langues disponibles pour l’article sur lequel vous vous trouvez dans le menu de gauche :
Il est possible de se faire aider par un traducteur automatique comme Google Traduction si votre niveau de langue est insuffisant. Pour cela, il suffit de copier-coller le lien de la page étrangère dans le traducteur et de sélectionner les langues de départ et d’arrivée. Comme ceci :
Précaution 3 : Consulter l’historique de la page Wikipédia
Il suffit pour cela de cliquer sur les liens « Voir l’historique » et « Discussion« , en haut à gauche et à droite de la page. C’est l’envers du décor : les 500 dernières modifications et les échanges entre contributeurs y sont sauvegardés. Une véritable mine d’informations qui nous en apprend souvent plus que la page publique elle-même !
Précaution 4 : Ne pas vous contenter de Wikipédia !
Il existe bien d’autres sources d’informations, souvent plus fiables. Prenez le temps de les comparer.
Par exemple, François-Michel Debroise (l’auteur de maria-valtorta.org) a rédigé une page complète sur le modèle de Wikipédia pour présenter la vie et l’œuvre de Maria Valtorta, la voici.
Qu’apprenons-nous lorsque nous prenons ces quatre précautions au sujet de Maria Valtorta ?
- Que les pages anglaise, italienne, espagnole… à son sujet, n’ont rien à voir avec la page française. Leur ton est neutre, leur mise en forme plus soignée, leur contenu plus diversifié et leurs sources plus vastes.
- Que l’historique de la page française révèle une « guerre d’édition » permanente, se traduisant par une censure méthodique.
- Que les sources mentionnées sont souvent inaccessibles, voir traduites de manière biaisée afin de nuire.
- Qu’il existe de très nombreux contenus textuels, vidéos et audios – y compris produits ou approuvés par de très hauts prélats et théologiens catholiques – analysant les écrits de Maria Valtorta et s’enthousiasmant pour leurs profondeurs théologiques et factuelles. Et qu’aucun de ces contenus n’est présent sur la page Wikipédia, en langue française, de Maria Valtorta.
Pour comprendre ces faits, il faut savoir :
- Que la page WikipédiaFR de Maria Valtorta est contrôlée depuis ses débuts par une toute petite poignée de personnes.
- Que leur objectif est simple : faire croire aux lecteurs de la page que Maria Valtorta est une fausse mystique (thèse du Saint-Office : elle a tout inventé), que l’histoire de ses écrits se résume à leur mise à l’Index et qu’il ne faut surtout pas perdre son temps à les lire. Il est d’ailleurs probable qu’eux-mêmes n’ont jamais lu un seul de ses 16 livres (en comptant les 10 tomes du Poème).
- Que, pour y parvenir, leur méthode repose sur 3 points :
- Compiler tous les contenus disponibles sur Internet, neutres ou hostiles à Maria Valtorta, afin de servir leur but. Cela n’est pas évident, car ce type de contenus est rare. Il leur faut donc scroller le web sur des kilomètres.
- Exclure d’emblée les centaines de contenus favorables à Maria Valtorta au motif qu’ils seraient « publicitaires », quand bien même leurs auteurs n’empocheraient pas un centime. Même les fac-similés et les textes favorables à Maria Valtorta rédigés par des figures notoires du catholicisme (comme Gabriel Allegra, Gabriel Maria Roschini, bienheureuse Marie-Thérèse de Saint Joseph, Mgr Laurentin…) sont rejetés ; à l’inverse, nul doute que si les propos de ces personnalités avaient été hostiles, ils seraient cités en bonne place sur la page Wikipédia de Maria Valtorta.
- Supprimer systématiquement, dans les heures ou les jours qui suivent, tous les ajouts, même dûment sourcés, favorables à Maria Valtorta (cf. l’historique de la page).
Cette volonté de nuire est si féroce, que ses acteurs n’hésitent pas à déformer les textes originaux lorsqu’ils les traduisent. Ainsi, les mots du cardinal Ratzinger ordinary faithful ont-ils été traduits, dans l’article WikipédiaFR, par « fidèles les plus naïfs » (voir captures d’écran ci-dessous).
[Cette traduction volontairement biaisée a été retiré en avril 2021 de la page Wikipédia suite à signalement. Toutefois, ce méfait ayant duré des années, cette phrase a été copiée-collée par plusieurs rédacteurs de sites Internet peu vigilants sur les sources.]
En résultat, après 13 ans d’activité, cette page est déficiente en sources et caricaturale. La moitié de son contenu ne traite que de la condamnation du Saint-Office (qui à, cette époque, attaquait nombre de mystiques : sœur Faustine, père Michel Sopoćko, sœur de Malestroit, Padre Pio, Luigina Sinapi). Même la mise en page est lamentable et témoigne de la volonté de nuire de ses contributeurs.
Face à ce constat, des administrateurs proposent, début 2021, de supprimer purement et simplement l’article de Maria Valtorta de WikipédiaFR en raison sa médiocrité et du manque de « sources secondaires ou tertiaires », comme l’indiquent les deux bandeaux apposés en haut de la page :
Ce que vous devriez savoir
Maintenant, voici ce que vous devriez savoir et que vous n’apprendrez pas sur WikipédiaFR :
- Si nous savons que les visions de Marie d’Agréda (XVIIème siècle) et d’Anne-Catherine Emmerich (XIXème siècle) ont pu être altérées par le temps ou par la rédaction d’un tiers, Maria Valtorta (XXème siècle) a retranscrit ses visions de sa main et en direct.
- Maria Valtorta écrivait parfois jusqu’à 18 heures d’affilée, rédigeant les quelque 9000 pages de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, en 4 ans.
- Les chercheurs qui étudièrent ses textes confirmèrent l’exactitude de quelque 18 000 détails biologiques, géologiques, météorologiques, astronomiques, topographiques, culturels… et sur les 500 sites décrits, une centaine furent retrouvés ou confirmés après sa mort (en 1961), lors de fouilles archéologiques. Carte (dé)zoomable des sites mentionnés ci-dessous :
- Pour la première fois, depuis 2000 ans, nous pouvons retracer la trame historique et géographique de la vie publique de Jésus Christ, semaine après semaine, village après village, en parfaite cohérence avec les quatre Évangiles canoniques.
- Hans J. Hopfen a pu, sur la base des indications présentes dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, repositionner au kilomètre près les centaines de localités et de routes figurant au fil de l’œuvre. [Cliquez-ici pour voir la carte zoomable.]
- 3133 références à la Septante en usage au temps de Jésus ont été comptabilisées dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé ; pourtant Maria Valtorta n’avait pas fait d’études supérieures et ne reçut sa première Bible qu’à l’âge de 45 ans.
- Le 26 février 1948, dix mois après avoir consulté les écrits de Maria Valtorta, le pape Pie XII reçut les pères Migliorini, Berti et Cecchin, en charge du dossier, et leur dit : « Publiez l’œuvre telle quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront comprendront ».
- Peu après, toujours en 1948, un prêtre de la Secrétairerie du Vatican fit demander à Maria Valtorta, par l’intermédiaire du père Berti, si ses visions lui avaient permis d’identifier l’emplacement du tombeau de Saint Pierre que les spécialistes ne parvenaient pas à localiser. Maria Valtorta indiqua que l’hypogée se trouvait à proximité du début de la Via Nomentana, à Rome (cette information donna lieu à une étude universitaire publiée en 2020).
- Les quelques personnes du Saint-Office (le cardinal Alfredo Ottaviani, Mariano Cordovani, Mgr Giovanni Pepe, le père Girolamo Berutti) hostiles à L’Évangile tel qu’il m’a été révélé firent pression sur plusieurs évêques (Mgr Michele Fontevecchia, Mgr Biagio Musto et le cardinal Giuseppe Siri) pour les empêcher d’accorder l’imprimatur aux textes de Maria Valtorta. Cette pratique n’est pas prévue par le droit canonique.
- C’est à cette même époque que le Saint-Office mit à l’Index Le Petit journal de sœur Faustine, réprimanda le père Michel Sopoćko, censura tous les ouvrages traitant de sœur Yvonne-Aimée de Malestroit et empêcha son procès en béatification, et réprimanda le Padre Pio, etc. Or, des décennies plus tard, sœur Faustine et le Padre Pio seront canonisés et considérés parmi les Saints les plus influents de ces derniers siècles, le père Michel Sopoćko sera béatifié, et Mgr Raymond Centène demandera au Vatican de réouvrir le procès en béatification de Yvonne-Aimée de Malestroit.
- Face au blocage, l’éditeur de Maria Valtorta choisit de publier ses textes sans imprimatur. Le Saint-Office met alors L’Évangile tel qu’il m’a été révélé à l’Index avec pour seul motif : publication sans imprimatur. Il s’agit d’une sanction disciplinaire. Aucune erreur dogmatique ou morale n’est reprochée à l’ouvrage.
- La cardinal Joseph Ratzinger revint sur ses premiers a priori négatifs dans une lettre adressée, au début des années 1990, à Marcel Clément, le directeur du journal catholique L’Homme Nouveau. Dans cette lettre, le cardinal reconnaît la catholicité de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé et ré-autorise le journal à publier des articles favorables à Maria Valtorta et à vendre ses livres.
- Le père Gabriel Maria Roschini – fondateur de la faculté de théologie mariale, à Rome, consulteur auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi et éminent mariologue (plus de 900 publications à son actif) écrivit un livre intitulé La Vierge Marie dans les écrits de Maria Valtorta (éd. CEV, 2009). Il y déclare notamment qu’ »aucun autre écrit marial, pas même la somme de tous ceux que j’ai lus et étudiés, n’avait été en mesure de me donner sur Marie, chef-d’œuvre de Dieu, une idée aussi claire, aussi vive, aussi complète, aussi lumineuse et aussi fascinante, à la fois simple et sublime, que les écrits de Maria Valtorta ».
- Le père jésuite Gabriel Maria Allegra, premier traducteur de l’ensemble de la Bible en chinois et béatifié en 2012, a passé les dernières années de sa vie à donner des conférences pour faire connaître Maria Valtorta et ses écrits. [Cliquez-ici pour consulter ses observations au sujet de l’œuvre.]
- Mgr Giovanni Battista Montini (le futur pape Saint Paul VI) a offert L’Évangile tel qu’il m’a été révélé au grand séminaire de Milan lorsqu’il était l’archevêque de cette ville.
- Le 27 avril 2007, les évêques chinois chargés de préparer le synode sur La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église demandèrent à ce que les œuvres de Maria Valtorta continuent à être traduites « pour aider le peuple de Dieu à apprécier le message évangélique » (cf. le site officiel du Vatican ; traduction en français).
- Le site catholique JesusAujourdhui.com propose – en partenariat avec les Carmes – l’Évangile du jour (AELF) avec le passage correspondant dans les visions de Maria Valtorta, ainsi qu’une méditation. Ce service est suivi par 20.000 personnes au quotidien, dont de nombreux prêtres.
- On trouve, aujourd’hui, ses livres dans la plupart des libraires catholiques.
- Etc.
[Vous trouverez les sources de tous ces éléments ici.]
Aucun de ces éléments, pourtant connus et documentés, ne figure sur la page WikipédiaFR de Maria Valtorta. Impartial ?
Toutefois, un indice présent sur la page WikipédiaFR aurait pu vous mettre sur la piste. L’avez-vous repéré ? Le voici : le corps de Maria Valtorta fut transféré en 1973 dans la basilique de la Santissima Annunziata (Florence, Italie). Depuis quand l’Église enterre-t-elle de faux mystiques dans ses basiliques ?
D’où proviennent ces milliers de données factuelles ?
On peut légitimement s’interroger sur la source de ces écrits. De manière pragmatique on peut identifier cinq grandes hypothèses :
- L’imagination et/ou les connaissances propres de Maria Valtorta
- Un collège de rédacteurs extérieurs (des dizaines de grands spécialistes internationaux – de mèche avec Maria Valtorta, ses médecins et les Servites de Marie – travaillant d’arrache-pied pour réaliser l’un des plus grands canulars religieux de l’histoire)
- Le hasard
- Le diable (pour y glisser des erreurs théologiques en vue d’égarer le lecteur)
- Dieu
Je traite ces cinq points et y réponds, un à un, sur cette page.
« Cherchez et vous trouverez. » (Mt 7, 7)
Une longue page de synthèse
Cliquez-ici pour connaître en détails l’histoire de Maria Valtorta et de son œuvre.